Ils toucheront une partie de leur prime de reconversion dès lundi prochain au Trésor à Yaoundé.
Ce devrait constituer une véritable libération, pour ces dizaines de mères et pères de famille guettés par la désespérance, depuis des années.
Fini donc apparemment, ce triste spectacle récurrent d’une poignée de vieillards massés devant les services abritant le ministère des Finances (Minfi), prenant les passants à témoin ou entonnant, au rythme des tam-tam, l’«Essani», une danse rituelle en pays beti, synonyme de malheur.
Dès ce 8 juin, 15.500 ex-employés retardataires des 48 sociétés d’État restructurées ou liquidées, vont commencer à passer à la caisse pour le paiement de leur prime de reconversion, selon un communiqué publié mercredi par le ministre des Finances (Minfi), Alamine Ousmane Mey.
Ils peuvent d’ailleurs, dès ce jeudi, consulter les listes y relatives à la Trésorerie de Yaoundé, où aura lieu ledit paiement. Au total, apprend-on, c’est une masse de près de 7milliards de francs qui aura été mobilisée par les pouvoirs publics.
C’est l’aboutissement d’un long et chaotique processus, pendant lequel les parties se sont parfois retrouvées au bord de la rupture définitive. Face à la grogne continue en effet, le Minfi, apprend-on, a eu l’intelligence de confier la conduite des pourparlers à son secrétaire général, Urbain Noël Ebang Mvé. Et ce dernier avait invité les représentants des protestataires à un conclave visant à harmoniser les données. Mais les manifestants, méfiants, avaient exigé d’être reçus ensemble. Ce qui a été fait.
Lors des échanges, d’énormes divergences ont encore apparu, les ex-employés jugeant «insuffisante» la proposition financière du gouvernement, à savoir le paiement d’une prime correspondant à 3 mois de salaire.
Dans un souci d’apaisement, leur interlocuteur a réussi à les convaincre que, face aux multiples autres engagements financiers des pouvoirs publics, et pour rester dans une logique de sincérité, il était dans leur propre intérêt d’accepter l’enveloppe à eux proposée.
C’est donc en toute confiance probablement, aujourd’hui, que le Minfi peut se targuer d’avoir désamorcé une situation qu’aucun de ses prédécesseurs n’avait cru devoir prendre à bras le corps.
C’est donc un chapitre douloureux qui semble se fermer dans la récente histoire du Cameroun, grâce à la clairvoyance d’Alamine Ousmane Mey. Un malaise né de la grave crise économique qu’a connu le Cameroun de 1987 à 2006, obligeant, sous les conseils des institutions financières internationales, le gouvernement à se séparer de centaines employés de sociétés d’État, mises en liquidation ou en restructuration.
Devant la détresse de ces âmes, le président Paul Biya a décidé, en 1988, d’octroyer en leur faveur une prime de reconversion alors évaluée à plusieurs milliards de francs. Dans la foulée, une commission d’audit y dédiée a été mise sur pied, dont l’installation des membres a eu lieu le 13 décembre 2007. Essimi Menye était alors aux commandes des Finances, mais l’initiative a fait long feu.
D’où les mouvements d’humeur qui se sont multipliés dès 2011, offrant au public le spectacle d’un pays qui ne respecte pas les services rendus par ses filles et fils. Entre temps, les services du Minfi ont procédé à un méticuleux toilettage des listes des bénéficiaires, afin de prévenir toute intrusion de personnes n’y ayant pas droit.