Politique of Friday, 19 October 2018

Source: dw.com

Contentieux électoral: Maurice Kamto veut aller plus loin

Pour défendre sa présumée victoire, il envisage de saisir des juridictions internationales Pour défendre sa présumée victoire, il envisage de saisir des juridictions internationales

Dix-huit recours en contentieux post-électoral étaient adressés au Conseil constitutionnel camerounais au lendemain de la présidentielle du 7 octobre. Certains demandaient l’annulation partielle, et d’autres, l’annulation totale du scrutin, décriant des irrégularités, et surtout l’impossibilité pour les populations de voter en régions anglophones. "La raison pour laquelle ils n’ont pas voté, c’est parce qu’ils sont anglophones. Cela, monsieur le président, ça s’appelle l’apartheid. Et je pèse mes mots. Et nous ne sommes plus dans les considérations de droits de l’Homme, nous sommes déjà au-delà, ça devient criminel", explique au conseil le candidat Josuah Osih motivant sa demande d’annulation de la présidentielle, le jeudi 18 octobre.

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Rejet des contentieux

Le Conseil constitutionnel a rejeté la requête d’annulation totale de l’élection formulée par le candidat du SDF, comme avant, celle du candidat Cabral Libii dont le dépôt a été jugé tardif. Le candidat Maurice Kamto qui demandait une annulation partielle du scrutin a vu ses neuf points de recours rejetés notamment pour non compétence du Conseil constitutionnel, pour allégations non fondées et défaut de preuves. Clément Atangana, le président du Conseil constitutionnel explique. "Sur le neuvième moyen, pris de la violation de l’article 54 alinéa 1, relatifs aux expulsions des représentants du parti, pas de preuve non plus, aucune réserve portée sur les procès-verbaux des bureaux de vote. Le moyen n’est pas fondé. Par ces motifs, rejet de la requête de monsieur Kamto Maurice comme non justifié."

Un conseil constitutionnel à la solde de Biya?

Pour Maître Fidèle Djoumbissie, avocat et conseiller municipal du parti du candidat Maurice Kamto, le système électoral est fait pour le maintien de Paul Biya au pouvoir. "La première réaction, c’est la déception pour sentiment d’insatisfaction pour ce Conseil constitutionnel qui a raté l’occasion de rentrer dans l’histoire. Parce que pour une décision pareille qui conclut au rejet du recours en disant que les moyens ne sont pas fondés, c’est une décision qui ne rassure pas pour l’avancée de la démocratie dans notre pays", se désole l'avocat.

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Maurice Kamto pourrait alors saisir des juridictions internationales, annonce l’avocat Djoumbissie. "Si nous allons aux instances internationales, ce sera pour indiquer qu’il y a quelque chose qui ne se passe pas bien au Cameroun, et que la volonté populaire soit respectée."

Le ministre Grégoire Owona représentant le candidat Paul Biya a indiqué que les plaignants connaissaient la situation en zone anglophone avant le scrutin auquel ils ont pris part, et doivent en conséquence accepter la réalité du vote.

Pour le représentant d’Elecam, son institution a travaillé dans les règles de l’art. L’élection s’est tenue sur l’ensemble du territoire camerounais, et la loi électorale ne mentionne pas le taux de participation comme condition pour valider une élection au Cameroun, a t-il précisé.

Tout porte à croire que Paul Biya sera reconfirmé par le Conseil constitutionnel à la magistrature suprême, au plus tard lundi prochain.