Actualités of Monday, 23 January 2017

Source: camer.be

Contestation anglophone: Mancho Bbc, un libérateur est né

Mancho Bbc Mancho Bbc

L’ancien animateur d’Abakwa Fm se définit comme un défenseur de la cause anglophone.

Le lundi 21 novembre 2016, les fonctionnaires et commerçants de Bamenda sont obligés de fermer. Effrayés, ils regagnent leurs domiciles, laissant la ville renouer avec les villes mortes. Sortis d’une discussion chez le gouverneur, les syndicalistes enseignants vont crier leur ras-le-bol à City Chemist. Et les jeunes dont de nombreux conducteurs de moto-taxis s’en sont mêlés. Alors que plus de 1000 jeunes sont rassemblés au « Liberty square », Mancho Bbc y conduit une troupe, portant un  cercueil.

Perché sur son véhicule, il déclare : « J’ai acheté mon cercueil pour être tué et enterré dedans. Mes 3m de linceul y sont, donc vous n’allez pas souffrir. Ma voiture va convoyer mes restes au village. Laissez les soldats venir me tuer. Ce non-sens doit s’arrêter. Trop c’est trop ». Pendant près de 6h, Bamenda est paralysé. Défenseur de la « cause anglophone », il bloque la circulation avec son véhicule, pendant que les jeunes balancent des slogans derrière lui. Ils se rendent à la Communauté urbaine, pour exiger le départ du Délégué du Gouvernement, Vincent Ndumu. On rappelle qu’en septembre 2016, des jeunes emmenés par le même Mancho avaient chassé de Commercial Avenue des employés municipaux travaillant avec des machettes, en lieu et place des équipements modernes.

Malgré les appels au calme, la ville est en otage. Casses et pillages. L’ordre est rétabli mais le passif est lourd. Mancho Bbc est recherché. Son frère, Che Benji, sera arrêté et conduit à la Pj. On menace de brûler le poste de police quand John Fru Ndi obtient sa libération, « pour sauvegarder la paix ». De son nom Bibixy Tse Mancho, il est connu à Bamenda comme comédien et animateur en pidgin sur les ondes d’Abakwa Fm, une radio libre. Pas grandchose ne filtre sur son parcours académique. Mais c’est un héros.

Ce lundi encore, les yeux étaient rivés vers son quartier, Nitop III Quarter, où les jeunes se définissent désormais comme des « libérateurs ». Au cours de sa première apparition, il était fâché contre les incuries du gouvernement. Il avait dissocié son action des revendications liées à l’indépendance du Southern Cameroons. Depuis lors, il a pris du galon et parle de plus en plus de libération. « Le temps de la libération des Anglophones c’est maintenant », soutient celui qui pense qu’« aucune armée n’a jamais gagné de guerre contre son peuple ».

Quand Paul Atanji Nji lui demandait de se rendre à la police, Mancho Bbc a informé ses supporters de son évasion vers le Sud Ouest, après que son refuge a été attaqué par des forces armées. Dans un document sonore de près de 5mn, une voix en anglais académique donne des directives sur la paralysie du Cameroun anglophone. Les  bienpensants parlent de manipulation.