Depuis deux semaines, des agents du ministère des Finances sont déployés entre autres dans les universités d’Etat, les établissements publics, les communautés urbaines et les mairies rapporte le quotidien Mutations.
Un fait aussi rare qu’une étoile filante qui transperce la nuit. L’information –malgré son importance– est passée sans grand bruit. Une constance se dégage pourtant jusqu’ici, depuis l’arrivée de Louis Paul Motaze à la tête du ministère des Finances (Minfi) : les actions de l’homme sont observées à la loupe et font l’objet de traitements réguliers dans les médias, de commentaires dans la rue…
Le dernier os à ronger en date est bel et bien l’opération de comptage physique des personnels de l’Etat, lancée le 25 avril dernier. Mais à côté de ce projet grâce auquel le Cameroun espère également faire des économies, il existe un autre processus dont nul n’avait parlé jusqu’ici.
Dans une correspondance datée du 29 mars 2018, le ministre des Finances écrit aux recteurs des université d’Etat, directeurs généraux et assimilés des établissements publics, délégués du gouvernement auprès des communautés urbaines et aux maires des communes. Objet : « Mission de contrôle de l’exécution du budget et d’évaluation de la qualité de la dépense publique au titre de l’exercice budgétaire 2016 ». Concrètement, afin d’accomplir leur tâche, ces agents du Minfi vont s’intéresser à plusieurs aspects.
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Parmi ceux-ci, l’on retrouve la gestion du parc automobile, un point parfois à l’origine de multiples dérives. Les contrôleurs auront donc besoin de la situation courant 2016 et de l’état des lieux actuel, des procès verbaux de réforme des véhicules depuis 2016, des notes d’affectation des véhicules, des cartes grises et des fiches de détenteurs effectifs. Les équipes s’intéresseront aussi à la formation des commissions et des comités, ainsi qu’aux documents détaillant la gestion budgétaire et la gestion matières.
Au ministère des Finances, une source renseigne que les agents affectés à cette tâche sont déployées sur le terrain depuis deux semaines. Par ailleurs, il s’agit d’un acte de contrôle administratif routinier dont le calendrier est établi en début d’année budgétaire. Et en plus de ces descentes programmées, des contrôles ponctuels peuvent avoir lieu.
Contexte
Ceci dit, le timing de l’opération en cours est particulier. D’abord, ce sera la première fois que ce contrôle se déroule sous l’ère Motaze, le nouveau Minfi. Un pari à ne pas perdre, au moment où le Cameroun cherche à en finir avec les mauvaises habitudes en matière de dépense publique. Les chantiers sont en effet énormes –barrages hydroélectriques, Coupe d’Afrique des nations 2019, construction de routes, relève de la croissance, etc. –, mais les ressources font défaut. Afin d’atteindre ses objectifs, le pays, en collaboration avec ses partenaires financiers (Fonds monétaire international et Banque mondiale), s’est donc engagé dans un processus d’amélioration de la qualité de la dépense publique.
Par ailleurs, les gestionnaires de la fortune publique sont en alerte depuis que l’opération Epervier a été relancée de plus belle il y a quelques temps. Plusieurs personnalités qui occupaient des postes de responsabilité il y a peu, sont désormais écrouées à la prison centrale de Kondengui. Une soixantaine d’autres sont interdites de sortie du territoire national. Un cadre du ministère des Finances explique que les missions présentées supra ont fait bouger les lignes en termes d’exécution du budget.
Toutefois, des brebis galeuses subsistent. « Ce n’est pas parce qu’il y a des gendarmes en route que des infractions ne sont plus commises. Le problème surviendrait plus de contrôle », philosophe-t-il.