Contre Boko Haram, l'armée montre les muscles à l'occasion de la fête nationale.
En guerre depuis trois ans contre Boko Haram, le Cameroun s'est doté d'un important stock d'équipements militaires, un arsenal utile pour repousser les multiples assauts du groupe djihadiste et stopper sa progression dans le pays que l'armée a exhibé au public lors des festivités de la fête nationale célébrée samedi.
Dans le classement des pays les mieux équipés en Afrique, le Cameroun n'est pas cité parmi les poids lourds. Pourtant, ses besoins militaires ont commencé à se révéler croissants depuis le conflit frontalier l'ayant opposé au Nigeria entre 1993 et 2008, notamment sur la souveraineté de la presqu'île de Bakassi (sud-ouest).
Au cours de la même période, la nécessité d'accroître les capacités opérationnelles de l'armée avait aussi été constatée suite à l'émergence des "coupeurs de route", ces bandes armées spécialisées dans les enlèvements, la traite d'êtres humains, les trafics d'armes et de drogue dans la région de l'Extrême-Nord.
C'est dans cette partie du pays que ces forces, dont le professionnalisme s'est forgé dans de grands centres de formation nationaux et étrangers, sans parler du rajeunissement permanent de leurs effectifs, combattent avec efficacité Boko Haram depuis 2014, sans qu'un morceau du territoire national ait pu être occupé.
Surtout, la qualité des équipements mis à leur disposition concourt à stimuler la bravoure de ces troupes. Ces équipements portent le nom de théâtres d'opérations comme Amchidé, zone de ligne de front contre la secte islamiste nigériane dans l'Extrême-Nord, ou encore d'opérations telles que "Alpha" en matière de lutte antiterroriste.
Ces équipements d'origines diverses comprennent notamment des matériels de transmission, des véhicules de transport de troupes et de combat (camions, jeeps, pick-up 4x4), des blindés, des canons à longue spectre d'action, des hélicoptères, des aéronefs au rang desquels un avion de transport MA60 offert par la Chine.
UN PARTENARIAT STRATEGIQUE AVEC LA CHINE
Symbole de la coopération entre les deux pays dans le domaine de l'aviation, ce turbopropulseur totalise plus de 2.000 heures de vol depuis sa réception en novembre 2012.
C'est aujourd'hui l'une des principales attractions de l'armée de l'Air, comme en témoigne son utilisation pour la quatrième année consécutive lors d'un show aérien organisé vendredi sur la base aérienne 101 de Yaoundé, en présence du ministre de la Défense, Joseph Beti Assomo, en marge des festivités de la 45e édition de la fête nationale.
Un autre vol de cet appareil a été programmé dans le cadre d'une grande parade aérienne prévue lors du traditionnel défilé civil et militaire sur le boulevard du 20-Mai en centre-ville, présidé par le chef de l'Etat, Paul Biya.
Outre Boko Haram, le pays d'Afrique centrale est confronté aux incursions de mouvements rebelles centrafricains dans les régions de l'Est et de l'Adamaoua, se voyant par conséquent obligé de puiser dans ses ressources pour équiper ses forces armées.
Les actes de braconnage d'éléphants et d'autres espèces animales protégées et les attaques de pirates au large des côtes nationales, certes rares aujourd'hui, imposent la même contrainte.
Dans le cadre de sa stratégie visant à endiguer ces phénomènes, le Cameroun s'appuie aussi sur de nombreux accords bilatéraux avec la France, les Etats-Unis, Israël, l'Allemagne, la Russie, le Maroc ou encore l'Afrique du Sud pour équiper et former ses forces de défense et de sécurité.
PRESSIONS SUR BOKO HARAM
Ce dispositif qui n'arrête pas de s'élargir exerce aujourd'hui une énorme pression sur Boko Haram, traqué jusque dans ses derniers retranchements des forêts du lac Tchad où, par exemple, Abu Nazir, l'un des chefs du groupe djihadiste, a été tué lors d'une opération menée la semaine dernière à Banki au Nigeria.
En particulier, les canons de 155 mm sont cités comme "des armes qui ont permis d'anéantir l'ennemi", a assuré à Xinhua le lieutenant Félix Amalina, rencontré lors des journées portes sur la base 101. "Nous couvrons tout l'Extrême-Nord : Maroua, Kolofata, Amchidé, Fotokol, Waza. Nous sommes susceptibles de nous déployer partout dans la zone", a-t-il précisé.
L'armée cite à son actif la reprise de la ville de Kumshe (Nigeria) aux mains de Boko Haram en mars 2016, après une offensive sur le poste de commandement d'Abubakar Shekau, le leader de la secte islamiste, dans la forêt de Sambisa, au cours des trois mois précédents. Elle évoque aussi la destruction en décembre 2015 d'une importante base de ce groupe armé dans le village de Wallachie, toujours au Nigeria, après de violents combats.
En avril 2014, les forces camerounaises ont par ailleurs participé à la stabilisation et à la sécurisation de Bangui dans le cadre des missions de paix africaine et onusienne en République centrafricaine (RCA), pays en crise où leur action a aussi permis, selon elles, l'évacuation de "plus de 550 musulmans pris en tenaille" de Bossangoa (nord-ouest) à Kaba au Tchad.