Actualités of Tuesday, 29 March 2022

Source: Le Jour n°3636

Convoquée par la police judiciaire, Me Alice Nkom répond à la place de Maximilienne Ngo Mbe ; voici ce dont on l’accuse réellement

De sources bien introduites, elle serait au Ghana actuellement De sources bien introduites, elle serait au Ghana actuellement

Maximilienne Ngo Mbe a été convoqué par la police judiciaire. Elle ne s’est pas présentée pour l’audition. A sa place, Me Alice Nkom, co-présidente du Conseil d’administration du Réseau des défenseurs des droits de l’homme en Afrique centrale (Redhac) s’était rendue avec une délégation. Elle a été auditionnée la semaine écoulée à la Direction de la police judiciaire.

Maximilienne Ngo Mbe accusée de blanchiment d’argent. Elle est soupçonnée d'avoir reçu 600 millions de francs CFA pour financer le terrorisme.

Me Alice Nkom avocat au barreau du Cameroun a rejoint la salle N°107 située au premier étage à la Direction de la police judiciaire ce 24 mars à 10h 55 mn. La coprésidente du conseil d’administration du Réseau des défenseurs des droits de l’homme en Afrique centrale est ressortie de cette salle à 14h45 avec ces collègues avocats. Elle est venue représenter Maximilienne Ngo Mbe, la directrice nationale exécutive du Redhac convoquée à la police judiciaire pour clarifier la situation juridique du Redhac, une association de défense des droits de l’homme qui exerce au Cameroun depuis 12 ans.

En dehors de Me Alice Nkom, cette délégation du Redhac était composée de cinq autres avocats, à l’instar de Me Emmanuel Simh, Me Nicodemus Tanyi Amungwa, Me Dorcas Ikome et deux autres jeunes avocats. L’audition était conduite par une commissaire divisionnaire, en service à la direction de la police judiciaire : « Au début de notre audition, l’enquêteur nous a fait comprendre qu’elle était gênée de ne pas avoir en face d’elle Maximilienne Ngo Mbe. Nous lui avons dit que cette dernière est hors du pays. De ce fait, nous avons estimé qu’on ne pouvait pas écrire pour justifier que l’audition ne peut pas avoir lieu, au risque de retourner la situation contre elle. Ensuite, nous avons fait comprendre à l’enquêteur que pour connaitre le statut juridique d’une association, on n’a pas besoin de la directrice nationale exécutive forcément », explique Me Alice Nkom.

Mais les questions posées ne portaient pas uniquement sur le statut juridique du Redhac. Selon l’avocat, certaines accusations ont été formulées à l’encontre de la directrice exécutive nationale du Redhac.

Parmi ces accusations, figure le détournement des deniers publics, le blanchiment d’argent : « ils évoquent le motif du blanchiment d’argent parce qu’ils affirment que le Redhac dispose de deux comptes bancaires dans une institution financière de la place. Ils disent avoir constaté que dans ces deux comptes bancaires, une somme de près de 400 millions a été débloquée en moins de quatre mois et que cette situation violait les dispositions de la Cemac », précise Me Alice Nkom.

Pour ce qui concerne la situation juridique du Redhac, Me Alice Nkom dit avoir déclaré devant l’enquêteur que cette association exerce au Cameroun sur les dispositions de la loi de 1990 sur la liberté d’association : « Notre association a été déclarée à la préfecture lorsqu’elle commençait ses activités au Cameroun. La loi de 1990 sur les libertés d’association est basée sur le régime de la déclaration et de l’autorisation ».

C’est-à-dire lorsqu’une association est déclarée à la préfecture, cela obéit au régime de la déclaration et celui de l’autorisation préalable. En 2020, le ministre de l’Administration territoriale accordait un délai de six mois à certaines associations de défense des droits de l’homme de clarifier leur situation juridique au risque d’être empêchée d’exercer au Cameroun.

Ces associations concernées, sont jugées hostiles par les autorités gouvernementales. Le Redhac et plusieurs autres associations font régulièrement les rapports sur la situation des droits de l’homme au Cameroun. Dans ces rapports, les forces de maintien de l’ordre sont constamment indexées, raison pour laquelle certaines autorités estiment que lesdites associations travaillent pour déstabiliser le pays.