Le courant ne passe plus entre les autorités administratives et les fonctionnaires des corps de l’Éducation nationale relevant du Ministère des Enseignements secondaires du Cameroun. La pomme de discorde demeure la non-application des textes régissant les Fonctionnaires des corps du MINESEC, apurement des arriérés de soldes et amélioration des conditions de travail. Regroupés au sein du nouveau collectif des enseignants indignés du Cameroun (NCEIC), lesdits enseignants ont adressé un courrier au chef de l’État camerounais Paul Biya pour exiger le respect de ces textes.
En effet, dix ans après la signature de ces textes par le chef de l’exécutif, plusieurs articles attendent toujours leur application. Ceci participe à la dégradation des conditions de vie et de travail des concernés. « Il s’agit notamment du Ministère des Enseignements secondaires, du Ministère de la Fonction publique, du Premier Ministère et du Ministère des Finances, par les mains desquels le traitement de nos dossiers de carrière et de nos conditions salariales est bafoué dans un irrespect à outrance des décrets par vous signés, » précise le courrier.
Voici l’intégralité de la lettre du nouveau collectif des enseignants indignés du Cameroun (NCEIC)
NOUVEAU COLLECTIF DES ENSEIGNANTS Yaoundé le 05 Février 2018
INDIGNÉS DU CAMEROUN (N.C.E.I.C)
TEL: 670 433 073 / 674 283 970/ 696 728 534
À SON EXCELLENCE
LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE DU CAMEROUN
OBJET: Mise en application et respect in extenso des textes régissant les Fonctionnaires des corps du MINESEC, apurement des arriérés de soldes et amélioration des conditions de travail.
Excellence,
C’est avec le cœur meurtri par le désespoir et la perte de patience que nous, les fonctionnaires des corps de l’Éducation Nationale relevant du Ministère des Enseignements Secondaires du Cameroun, par la voix du Nouveau Collectif des Enseignants Indignés du Cameroun (NCEIC), venons auprès de votre haute bienveillance, porter à votre endroit nos cris d’indignation et de désarroi extrêmes, face au non-respect des textes qui régissent notre profession, et solliciter de votre part une note qui intime le respect et l’application immédiate desdits textes.
En réalité, monsieur le Président de la République, nous sommes conscients et reconnaissants pour les prérogatives que vous nous avez allouées dans la signature des décrets régissant la Fonction Publique du Cameroun en général et ceux relatifs aux fonctionnaires des corps de l’Education Nationale en particulier. Mais cela fait plus de dix-huit ans aujourd’hui que plusieurs articles de ces textes ne trouvent pas de terrain fertile, en termes d’application effective, auprès de certains ministres, membres du Gouvernement, en charge du traitement des dossiers de carrière et des conditions salariales des Enseignants. Il s’agit notamment du Ministère des Enseignements Secondaires, du Ministère de la Fonction Publique, du Premier Ministère et du Ministère des Finances, par les mains desquels le traitement de nos dossiers de carrière et de nos conditions salariales est bafoué dans un irrespect à outrance des décrets par vous signés. Nous sommes las de cette éternelle attente à la Pénélope tissant sa toile dans l’attente d’Ulysse.
C’est face à cette injustice qu’est née notre indignation qui a éclaté en Mars dernier et s’est matérialisée par des manifestations publiques pacifiques du 27 au 29 Mars 2017. Etant donné le contexte de crise d’insécurité sociale que traverse notre pays, nous avions décidé de faire le sitting exclusivement dans la ville de Yaoundé, qui selon nous est bien sécurisée, afin d’éviter une quelconque récupération par les apprentis sorciers tapis dans l’ombre et orchestrant le terrorisme dans le Grand Nord ou dans la zone anglophone avec des appellations que nous n’osons prononcer ici.
Après ces manifestations, Excellence, ces ministères ont feint de prêter une oreille attentive à notre cri de détresse en prenant des résolutions pour pallier à ces préoccupations qui sont nôtres. Ils avaient promis de résoudre l’ensemble de ces problèmes posés dans un délai de six (6) mois, lequel délai expirait normalement en Septembre 2017. Nous disons bien que ces ministères en cause « ont feint de prêter une oreille attentive » à nos problèmes parce que nous avons vu brûler un feu de paille dans les premiers mois qui ont suivi ces manifestations, et, peu après, (soit après 4 mois de feu de paille dans le traitement accéléré de ces dossiers de carrière) ils sont rentrés dans cette dormance habituelle dans le traitement de nos dossiers de carrière. Ces six mois sont passés sans changement véritable. Nous avons même attendu jusqu’en Décembre mais jusque-là c’était le statut quo : la célérité du traitement de nos dossiers de carrière n’a pas changé même d’un iota. C’était déjà le retour à l’habituelle hibernation comateuse au rythme du koala. C’est d’ailleurs ce qui justifie notre nouvelle indignation qui nous a conduits à adresser, le jeudi 11 Janvier 2017, à notre employeur, Le Ministre des Enseignements Secondaires, une correspondance avec ampliations dont l’objet était « appel au respect des textes relatifs au traitement des dossiers et des conditions salariales des fonctionnaires des corps du MINESEC ».
Excellence, nous ne saurions évoluer dans l’expression de notre exaspération sans toutefois rappeler ces textes dont nous demandons incessamment le respect et la mise en application totale. Il s’agit entre autre :
-Du décret n°91/324 du 9 Juillet 1991 qui souligne le droit aux allocations et indemnités de non logement ;
-Du décret n°94/199 du 7 Octobre 1994 Portant Statut Général de la Fonction Publique de l’Etat, modifié et complété par le décret N°2000/287 du 12 Octobre 2000, notamment dans ses articles 24 à 27 qui protègent le droit à la rémunération du fonctionnaire intégré ;
-Du décret n°2000/359 du 5 Décembre 2000 portant Statut Particulier des fonctionnaires des Corps de l’Education Nationale, principalement en son article 61 qui présente les éléments complémentaires de notre rémunération ;
-Du décret N°2002/040 du 04 Février 2002 fixant les montants et les modalités de paiement des primes allouées aux personnels des Corps de l’Education Nationale.
En guise de rappel et d’éclairage, voici listés l’ensemble des problèmes dont nous demandons résolution. Nous réclamons, conformément au respect des textes en vigueur, le paiement immédiat :
1)Des rappels des 2/3 ;
2)Des rappels des 1/3 ;
3)Des rappels des indemnités de non logement ;
4)Des rappels des primes d’évaluation et d’enseignements ;
5)Des rappels des avancements, véritables serpents de mer ;
6)La fin de l’accumulation des arrêtés d’avancements où certains enseignants font 17 ans de service sans aucun arrêté d’avancement ;
7)Le payement intégral de la prime relative à l’encadrement psychopédagogique des conseillers principaux d’orientation (CPO) prévue par le décret N°2002/040 du 04/02/2002 ;
8)La réintégration et le paiement de la prime des animateurs et correspondants pédagogiques ;
9)L’automatisation des primes de sujétion, des frais de carburant des responsables nommés par le MINESEC ;
10)L’automatisation des effets financiers des avancements après signature des arrêtés d’avancements ;
11)La mise sur pied d’une procédure rapide et sans délai de traitement des dossiers d’intégrations et de prise en charge des enseignants en cours d’intégration ;
12)La décentralisation et la gratuité du système de production des bulletins de solde ;
13)Le déblocage et le traitement de tous les dossiers et actes d’intégrations en souffrance dans les ministères dans les plus brefs délais ;
14)La prise en charge immédiate de tous les nouveaux lauréats des écoles normales par ordre de sortie ;
15)Le respect du kilométrage et des textes dans le calcul et le payement des frais de relève ;
16)Le paiement immédiat des vacations, des frais de déplacement, de correction et délibération aux examens officiels dès la fin de chaque phase ;
17)Traitement rapide et paiement immédiat des allocations familiales ;
18)La suppression pure et simple du système des 2/3 et 1/3 après avoir libéré les cas en attente ;
19)La résolution immédiate du problème de défaut de « mise en stage » qui occasionne, depuis des années, le rejet des dossiers de Reclassement au niveau du MINFOPRA.
Une copie de ladite correspondance est attachée en annexe à cette lettre afin de vous permettre d’en connaitre la teneur. Suite à cette missive, le Premier Ministre, chef du Gouvernement, a adressé, le mercredi 17Janvier 2017, une lettre au Ministre des Finances lui demandant l’apurement automatique des rappels de 1/3. Ce qui n’a pas été fait. Précisons ici que ceci ne constituait en réalité que l’un des 19 points de réclamations contenus dans notre lettre. Or, ces points de réclamations ne se limitent qu’à l’application des textes mentionnés un peu plus bas. Si une telle lettre a vu le jour, cela signifie que l’ensemble de nos problèmes peut rapidement trouver des solutions ; mais malheureusement il n’en est rien. Cela témoigne d’un manque de volonté, de la désinvolture de la part de ces membres du gouvernement. Nous nous demandons si cela n’est pas commis dans l’intention mesquine de clochardiser davantage les éducateurs que nous sommes et de créer par ricochet une certaine instabilité.
Aussi convient-il de dénoncer ici les magouilles et corruptions que cette attitude entretient au niveau de ces ministères, principalement au Ministère des Finances où cela est devenu pratiquement une norme. En vérité, monsieur le Président de la République, on a comme le sentiment que cette lenteur dans le traitement de nos dossiers de carrière et même l’inapplication des textes statutaires régissant notre corps de métier sont faites de manière consciente et volontaire pour rendre l’enseignant misérable et l’induire à l’acte de corruption que cette désinvolture entretient au niveau des Finances. Cela signifie-t-il que ces membres du gouvernement veulent alimenter ce réseau de corruption ? Ou alors veulent-ils tout bonnement pousser les enseignants à la révolte par ce ras-le-bol qui ne cesse de prendre de l’ampleur ? Telles sont les questions qui nous surgissent à l’esprit face à cette discrimination dont nous sommes victimes. Selon toute vraisemblance, certains des agents de ces ministères font de la misère de l’enseignant leur Eldorado en prenant des taxes qui vont de 15 à 30 pour cent. Nous savons pourtant combien la lutte contre ce fléau de corruption vous tient à cœur. C’est d’ailleurs dans la ferme volonté de combattre ce vice que vous créâtes la Commission Nationale d’Anticorruption (CONAC) le 11 Mars 2006 par le décret n° 2006/088.
A cet égard, Excellence, n’allez pas croire que nous voudrions augmenter du travail à la CONAC ou que nous voudrions que certains vaillants fonctionnaires soient éjectés de leurs sièges. Ce serait une erreur d’agir de la sorte, un peu comme nettoyer sur une pomme, la partie rongée par le ver. Non, ce qu’il faut pour faire disparaitre par exemple ce circuit de corruption qui s’y crée, c’est retirer le ver de la pomme ; oui il faut payer tous les arriérés de salaires des Enseignants, mettre de la diligence et de l’automatisme dans le traitement de nos dossiers de carrière et les effets financiers qu’ils impliquent. Cela mettra fin à l’opportunité de corruption qui s’impose aux enseignants à ce niveau.
Le développement économique et social durable d’un pays passe par la qualité des formations scolaires, académiques et professionnelles mises en place. Pour optimiser le rendement, en ce qui concerne la formation des citoyens et futurs dirigeants de notre patrie, il faut que l’enseignement soit de bonne qualité. Chose qui n’est possible que si le statut de l’enseignant lui permet d’avoir une certaine valeur et de bénéficier dignement d’un traitement qui sied au rang qu’il est supposé occuper : celui de summum de la fonction publique camerounaise notamment avec son classement dans les catégories A1 et A2. Monsieur le Président de la République du Cameroun, nous pensons que c’est sans doute conscient de cela et dans le souci de réaliser vos grandes ambitions pour un Cameroun émergeant que vous avez décrété ces textes suscités qui réglementent notre corps de métier en en définissant clairement les attributions et prérogatives intrinsèques. C’est dans cette logique que nous pouvons situer et apprécier à sa juste valeur l’Article 3 du décret 2000/359 du 5 décembre portant Statut particulier des fonctionnaires des corps de l’Education Nationale, lequel article définit clairement le rôle de l’enseignant qui est celui « d’assurer la formation intellectuelle et morale du futur citoyen ; de préparer son insertion dans la vie active ; de l’imprégner des valeurs socio-culturelles du Cameroun ; de l’ouvrir au monde extérieur. ». La jeunesse camerounaise est ce « futur citoyen » dont parle cet article. Par ailleurs, dans vos différents discours adressés à la jeunesse Camerounaise, vous n’avez cessé d’asserter avec martellement qu’elle est « le fer de lance de la Nation » ; ce qui est d’ailleurs indubitablement avéré. Si donc, la jeunesse est ce « fer de lance de la Nation », l’enseignant, qui le forme et le modèle en « futur citoyen » doté de « valeurs socioculturelles du Cameroun », en est le forgeron. L’enseignant est donc le forgeron qui a la précieuse et lourde responsabilité de FORGER notre « fer de lance de la Nation ». Excellence, comment concevoir que les droits d’un tel « forgeron » d’importance capitale soient bafoués ? Il s’avère donc impérieux d’agir et de faire changer cet état des choses qui clochardisent l’enseignant camerounais. Pour que ce « forgeron du fer de lance de la Nation » fasse son travail avec efficacité, il faut donc qu’au moins les conditions de vie et de travail soient humains, que le traitement du dossier de carrière et des conditions salariales, tels que définis par les textes, soient respectés in extenso.
En effet, monsieur le président, un enseignant ne peut être véritablement motivé que si au moins ces décrets sont respectés et appliqués à la lettre. Oui, un enseignant qui voit qui son acte d’intégration signé en quelques mois, qui son avancement signé chaque deux ans avec effet financier direct, qui son reclassement prendre effet en temps et lieu prévu, entre autres, sera bien galvanisé dans l’accomplissement de sa noble tâche. Bref, un enseignant motivé dans de telles circonstances est un forgeron qui, bien plus que Héphaïstos, fera de notre jeunesse un « fer de lance de la Nation » en ACIER, prête à affronter avec brio toutes les différentes croisades du monde de l’emploi, voire de la mondialisation. Nous en appelons à votre bon sens habituel et à votre magnanimité de Père de la Nation, afin que vous agissiez pour le respect de ces droits que vous nous reconnaissez et qui demeurent bafoués depuis belle lurette.
Dans l’attente d’une suite favorable à notre quête, veuillez agréer, monsieur le Président de la République, l’assurance de notre franc respect.
Ampliations:
- MINESEC
- MINFOPRA
- MINFI
- SPM
- SENAT
- ASSEMBLEE NATIONALE
- MINDEF
- DGSN
- DRES
- DDES
- Préfectures
- Sous-préfectures
ANNEXE
Monsieur le Ministre des Enseignements Secondaires,
C’est avec des larmes aux yeux que nous, constitués en N.C.E.I.C, avons décidé de vous parler à travers le présent canal épistolaire.
En effet, Excellence, nous, enseignants dévoués, avons bien conscience des innovations et des performances que vous produisez depuis que vous êtes à la tête de notre département ministériel, et nous vous en sommes reconnaissants.
Seulement, Excellence, le constat est alarmant en ce qui concerne les conditions salariales de l’enseignant. Ceci dit, elles représentent toujours un serpent de mer, une longue odyssée qui nous plonge fondamentalement dans une misère à la fois financière, mentale et matérielle sous fond de désespoir.
Inutile de vous rappeler que c’est dans cette mouvance que nous avions dans un premier temps adhéré au sein du C.E.I.C (Collectif des Enseignants Indignés du Cameroun) avec les différentes manifestations du 27 au 29 mars 2017 à Yaoundé. Celles-ci étaient motivées d’un espoir de voir s’achever l’interminable chemin de croix qui est le nôtre dans le traitement des dossiers et l’accès à nos salaires.
Seulement Monsieur le Ministre, à l’issue de ces manifestations, des promesses nous ont été faites par le biais de nos représentants. S’il est vrai qu’il y a eu des résultats, reconnaissons cependant que ceux-ci n’étaient que partiels provisoires. C’est dire que le malaise de départ, à savoir la lenteur au niveau du traitement des dossiers, le payement des primes, des salaires et rappels de salaires, a refait surface, replongeant les enseignants dans un grand désarroi.
Excellence, face à la recrudescence de ces maux, nous avons constaté que nos leaders d’autrefois, censés trouver des solutions pérennes et définitives, sont devenus des dictateurs et porte-paroles des autorités. Raison pour laquelle nous ne nous reconnaissons plus dans leurs actions et avons décidé de nous désolidariser d’eux en créant le NOUVEAU COLLECTIF DES ENSEIGNANTS INDIGNÉS DU CAMEROUN (N.C.E.I.C). Sans toutefois vous impliquer dans nos malentendus internes, permettez-nous de vous présenter ici les causes de la nouvelle indignation de notre collectif.
Excellence, les malheurs des enseignants ne sauraient être imputés à un autre ministère car c’est vous notre père et il est du devoir du père de garantir les conditions d’épanouissement à ses enfants. C’est pourquoi c’est à vous en premier que nous adressons ce cri de souffrance.
Monsieur le Ministre, nous avons totalisé, pour la seule année, plus d’une trentaine de jeunes enseignants qui sont décédés sans avoir bénéficié du fruit de leurs labeurs. Ces collègues parfois rongés par des maladies sans avoir la possibilité de se faire soigner alors qu’ils ont de l’argent détenu par l’Etat. C’est le cas de cette jeune enseignante de la promotion 2012 LMF de l’ENS de Yaoundé qui, après trois ans de maladie, est décédée faute de moyens, en laissant 03 enfants, alors qu’elle avait un rappel de 60 mois de non logement en attente ainsi que des avancements d’échelons.
Excellence, la misère de l’enseignant est grande au point où il est devenu une victime des usuriers, parce que comptant sur les arriérés de salaire qu’on lui doit pendant des années. Parfois exaspéré, il est obligé de chercher des raccourcis appelés « réseaux » ou payer avant qu’il soit payé. Une pratique condamnée par la loi parce que cela relève de la corruption. Le paradoxe c’est que ces pratiques sont plus rapides et efficaces par rapport aux procédures normales. Les questions qui nous taraudent l’esprit sont les suivantes, votre Excellence : pourquoi cela marche aussi rapidement pour ceux qui alimentent la corruption et non pour ceux qui empruntent les voies légales ? Est-ce que la misère de l’enseignant n’est pas entretenue volontairement afin de l’amener à la corruption ?
Excellence, qu’est-ce qui peut expliquer que les promotions récentes bénéficient d’un traitement salarial complet avant celles antérieures ? Y a-t-il une logique et un ordre dans le traitement des dossiers ?
Excellence, nous pouvons passer une éternité à poser des questions car la liste est loin d’être exhaustive.
Monsieur le Ministre, notre collectif vient vous demander des solutions pérennes et durables à nos problèmes. Nous ne voulons plus de ces promesses fallacieuses mais juste le respect des textes. Nous ne voulons plus l’arbitraire mais une logique fiable dans le traitement de nos dossiers.
Excellence, notre profession est-elle aussi ridicule que cela au point où notre sort soit désormais entre les mains des bénévoles qui organisent des ratissages de décrets alors qu’il y a des services compétents pour ce fait ? Faut-il désormais pour une même rubrique déposer les dossiers dans le circuit normal de vos services et en déposer un autre entre les mains des bénévoles qui sont censés être dans les salles de classe en train de dispenser les cours ? L’exaspération est telle que même si c’est un charlatan qui se tient en route et décide de recenser les enseignants, ils vont se faire recenser.
Excellence, nous sommes de la catégorie A de la fonction publique. Nous ne méritons pas cette clochardisation et cette condescendance. A cet effet, Excellence voici nos exigences :
Le paiement sans délai de tous nos arriérés de salaires en instance à savoir :
1- Des rappels des 2/3 ;
2- Des rappels des 1/3 ;
3- Des rappels des indemnités de non logement ;
4- Des rappels des primes d’évaluation et d’enseignements ;
5- Des rappels des avancements, véritables serpents de mer ;
6- La fin de l’accumulation des arrêtés d’avancements où certains enseignants font 17 ans de service sans aucun arrêté d’avancement ;
7- Le payement intégral de la prime relative à l’encadrement psychopédagogique des conseillers principaux d’orientation (CPO) prévue par le décret N°2002/040 du 04/02/2002 ;
8- La réintégration et le paiement de la prime des animateurs et correspondants pédagogiques ;
9- L’automatisation des primes de sujétion, des frais de carburant des responsables nommés par le MINESEC ;
10- L’automatisation des effets financiers des avancements après signature des arrêtés d’avancements ;
11- La mise sur pied d’une procédure rapide et sans délai de traitement des dossiers d’intégrations et de prise en charge des enseignants en cours d’intégration ;
12- La décentralisation et la gratuité du système de production des bulletins de solde ;
13- Le déblocage et le traitement de tous les dossiers et actes d’intégrations en souffrance dans les ministères dans les plus brefs délais ;
14- La prise en charge immédiate de tous les nouveaux lauréats des écoles normales par ordre de sortie ;
15- Le respect du kilométrage et des textes dans le calcul et le payement des frais de relève ;
16- Le paiement immédiat des vacations, des frais de déplacement, de correction et délibération aux examens officiels dès la fin de chaque phase ;
17- Traitement rapide et paiement immédiat des allocations familiales ;
18- La suppression pure et simple du système des 2/3 et 1/3 après avoir libéré les cas en attente ;
19- La résolution immédiate du problème de défaut de « mise en stage » qui occasionne, depuis des années, le rejet des dossiers de Reclassement au niveau du MINFOPRA.
Monsieur le Ministre, la liste de nos problèmes est inépuisable. Voilà entre autres ceux qui nécessitent dans l’urgence des solutions pérennes et durables.
Excellence, nous vous avons vu défendre avec perspicacité et maestria le budget du MINESEC de l’année 2018 à l’Assemblée Nationale. Cela nous a donné l’espoir de retrouver nos problèmes de salaires solutionnés au plus vite. Relativement à nos revendications, nous restons ouverts à un dialogue franc et honnête. Toutefois, il convient de vous préciser que notre attente ne saurait être éternelle. Nous estimons que trente jours après accusé de réception de notre correspondance est un délai raisonnable pour ouvrir des pourparlers. Ainsi, nous restons en alerte d’une éventuelle manifestation dans le respect des lois camerounaises afin de montrer aux yeux de la nation et du monde que nos souffrances restent les mêmes malgré les promesses du 29 mars. Nous voulons vous aviser, en passant, que notre collectif compte plus de 5000 membres engagés dans ces revendications et que ce nombre est sans cesse croissant quotidiennement.
Dans l’attente d’une réponse efficace et rapide à nos exigences, veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de notre haute considération.