Bien entendu, il s'agit d'une information distillée par certains des collaborateurs du chef de l'Etat, suite à l'audience que ce dernier a accordée à l'Ambassadeur de France au Cameroun, la semaine dernière. Ce qu'il faut savoir…
Le pragmatisme d’Etoudi a fini par l’emporter sur sa méfiance à l’égard du nouvel ambassadeur de France au Cameroun qui a été reçu en audience jeudi dernier par le président Paul Biya. Profusément présenté dans certains milieux du pouvoir de Yaoundé comme « celui qui a été envoyé en mission au Cameroun pour faire partir Paul Biya du pouvoir », Thierry Marchand inspire d’autant plus de méfiance qu’il est un général de corps d’armées.
Visiblement de pleins pieds dans la période des longs couteaux où se côtoient désormais au quotidien tragédies et trahisons, de même qu’infidélité, délation, déloyauté, lâcheté, traitrise, défection et inconstance, beaucoup d’observateurs ont même eu ces derniers temps, l’impression que cette thèse du complot français a été profusément excipée pour éloigner davantage d’Etoudi, le chef de la mission diplomatique de la France au Cameroun. Et pour quelles raisons véritables ?
Toutefois, que Paris ne s’avise pas de croire autrement son label d’ex-colonisateur lui sera toujours renvoyé au visage. Ce d’autant plus que, comme pour accréditer cette thèse de coup d’Etat perpétré par la France contre le régime de Yaoundé, fausse bien évidemment, mais très répandue dans l’opinion, de rusés et ambitieux proches collaborateurs du président camerounais s’emploient avec une frénésie luciférienne à la lui faire admettre. Au point où, dans le sérail, il n’est venu à l’idée de quiconque que le président Paul Biya reçoive Thierry Marchand jeudi dernier, dans un tête-à-tête de près de 90 mn. L’on peut juste noter en passant que, derrière toutes ces manœuvres d’isolement du président camerounais, c’est une guerre sournoise de positionnement qui se joue entre les différents clans qui gravitent autour du pouvoir de Yaoundé depuis des décennies. Et le diplomate français le sait trop bien.
Certaines sources non recoupées vont même jusqu’à confier en petits comités, qu’il aurait une liste de « certaines personnes qui seraient en train de fomenter un coup d’Etat au Cameroun ». Nos sources généralement très bien informées se souviennent en effet de ces propos d’Alain Juillet, ancien chef des services de renseignements français qui déclare ceci : « (…) Le Cameroun, Biya, il est très malade. Il a plus de 90 ans. Il n’est jamais sur place. Il est évident que le coup d’Etat est pour bientôt …».
Alors question : alors que notre pays traverse l’une des périodes les plus délicates de son histoire contemporaine, cette audience de Paul Biya avec Thierry Marchand serait-elle alors celle du coup de pied dans la termitière pour dénoncer de présumés Brutus ? En d’autres termes, de quoi les 2 prestigieux hôtes ont-ils parlé jeudi dernier au palais de l’Unité ? Thierry Marchand ne ressemble pas à son prédécesseur Christophe Guilhou, qui a longtemps fait la quasi-totalité de sa carrière dans la diplomatie. C’est un militaire de carrière qui a un discours direct, avec des mots clairs et précis qui sont loin des circonvolutions diplomatiques. Assurément, il a dû dire à son interlocuteur camerounais que la France, après le Mali, le Niger et le Burkina Faso, ne tient pas à perdre le Cameroun, le cœur de l’Afrique centrale, en le voyant sombrer dans le chaos. Et que Paris tient à ce que Paul Biya pense à organiser lui-même, sa propre succession, loin des âpres batailles entre les apparatchiks octogénaires et fatigués, peu disposés à prendre leur retraite, et de jeunes pousses prêtes à faire feu de tout bois pour jouer les premiers rôles.
Tant il est vrai qu’une grande partie de la classe politique actuelle, résolument accrochée à ses privilèges dantesques, espère farouchement assurer la pérennité du système dont elle attend continuer à profiter avec gourmandise. Incroyable mais pourtant vrai !
Selon nos sources, ce sont ces mêmes conspirateurs, qui auraient récemment tenté d’induire le président Paul Biya en erreur en prétextant un coup d’Etat imaginaire dans une note confidentielle. Il y a de cela 2 mois précisément. Au cœur de la grossière et malsaine manœuvre : le chef d’état-major particulier du président de la République, le général Emmanuel Amougou, himself (Affaire à suivre dans nos prochaines éditions). Et nul n’ignore à Etoudi le fameux « tu quoque mi fili » de César à Brutus. Exclamation paradigmatique de la trahison absolue.
De même qu’en ayant en mémoire les alertes prémonitoires de l’ancien chef des services de renseignements français, Alain Juillet, nul n’ignore non plus le baiser délateur de l’infâme Judas l’Iscariote…