La récente saisie de plus de 3 000 munitions par la Douane camerounaise à Ngaoundéré continue de faire couler beaucoup d'encre. Lors de l’émission "Club d’Élites" diffusée ce dimanche, l'économiste et consultant Dieudonné Essomba a apporté son analyse sur cette affaire, écartant l’idée que ces munitions étaient destinées aux régions en crise, notamment le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, où les tensions demeurent. Pour Essomba, cette découverte pourrait bien être liée à la succession imminente à la tête de l’État.
« Ce n’est pas pour alimenter de petits bandits que l’on saisit une telle quantité de munitions. C’est nécessairement une opération de plus grande envergure », a-t-il affirmé. L’économiste laisse entendre que la destination des munitions, bien que toujours en investigation, pourrait révéler un enjeu beaucoup plus complexe. Selon lui, il est plausible de penser que ces armes pourraient être utilisées dans le cadre de la transition politique à venir.
Dieudonné Essomba rappelle que le président Paul Biya est au pouvoir depuis 42 ans et que la question de sa succession devient inévitable. « Quel que soit le scénario, que ce soit par sa propre volonté ou par la force des choses, la transition est proche », a-t-il déclaré.
Dans ce contexte, l'économiste anticipe que des factions pourraient tenter de prendre le contrôle des ressources de l’État, estimées à 7 000 milliards FCFA concentrées à Etoudi, siège du pouvoir camerounais.
« J’avais déjà averti que la succession de Biya se jouerait à la machette, et il semble bien que nous approchons de ce moment », a ajouté Essomba. Pour lui, la concentration des richesses et du pouvoir à un seul endroit rend la succession particulièrement volatile. Même si Paul Biya entamait un nouveau mandat à l’âge de 92 ans, Essomba doute que cela suffise à maintenir la stabilité.
Il a également critiqué la gestion centralisée du pouvoir sous le régime actuel, estimant que cela ne fait qu’aggraver les tensions et ouvrir la voie à des conflits potentiels. « Le président Biya doit absolument œuvrer à décentraliser et à rendre le pouvoir moins attractif pour réduire les risques de rébellion », a-t-il conclu.
Dieudonné Essomba met en garde contre une transition sanglante si des réformes structurelles ne sont pas rapidement mises en place.