Le Lieutenant-Colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, qui a pris le pouvoir le par le biais d'un coup d'Etat en janvier, vient de le perdre dans les mêmes conditions.
Le Mouvement Patriotique pour la Sauvegarde et la Restaurationx dont il était le leader s'est finalement retourné contre lui pour l'éjecter de la tête du pays. Le MPSR lui reproche notamment d'avoir ''trahi '' leur '' seul idéal qui est la restauration de la sécurité et de l'intégrité de notre territoire.''
Dégradation de la situation sécuritaire
La dégradation de la situation sécuritaire était justement une des principales raisons du putsch mené contre le président Roch Marc Christian Kaboré.Le MPSR, avec le Lieutenant-Colonel Damiba à sa tête, justifiait alors sa prise du pouvoir par la dégradation de la situation sécuritaire et l'incapacité présumée de M. Kaboré à venir à bout des groupes rebelles.
Malgré les nombreuses promesses de M. Damiba, les groupes armés continuent de lancer des attaques contre les civiles et les forces de l'ordre.
'' Loin de libérer les territoires qui étaient occupés, de nouvelles zones sont tombées sous le contrôle de groupes armés terroristes. Notre vaillant peuple a assez souffert et souffre encore'', déclarent les militaires qui ont évincé Damiba.
Non-respect du programme de l'armée
Selon les auteurs de ce nouveau coup de force, M. Damiba n'a pas respecté le programme de réorganisation de l'armée qu'ils avaient élaboré "de manière concertée".Ce qui ''aurait permis de rendre opérationnelles des unités combattantes capables de lancer des contre-offensives'', affirment-ils.
''Le colonel Damiba, qui a rejeté cette proposition, a persisté dans l'articulation militaire qui a été la cause de l'échec du régime du président Roch Marc Christian Kaboré.''
De nouvelles ambitions politiques et restauration des anciennes pratiques
Les hommes du capitaine Ibrahim de Traoré reprochent également à M. Damiba de nourrir des ambitions politiques et de reléguer les questions sécuritaires au second plan.''La dégradation de la situation sécuritaire qui justifiait notre action a été reléguée au second plan au profit d'aventures politiques malheureuses'', dénoncent les membres du MPSR.
''Les actions du Lieutenant-Colonel Damiba nous ont convaincus que ses ambitions s'écartent largement de notre idéal commun'', renchérit le MPSR.
''Les lourdeurs administratives qui caractérisaient le régime déchu se sont aggravées pendant la transition, compromettant ainsi les opérations stratégiques.''
Mise en péril de l'indépendance de la justice
''Nous avons assisté une restauration au forceps d'un ordre ancien par des actes qui mettent en péril l'indépendance de la justice et a créé un grave précédent'', déclarent les hommes du capitaine Traoré.Le bref retour de l'ancien président Blaise Compaoré, bien que condamné à une prison à vie pour attentat à la sûreté de l'Etat et complicité dans l'assassinat de son prédécesseur Thomas Sankara en 1987, a suscité la polémique au Burkina Faso.
L'ancien chef d'Etat, qui a été convié par M. Damiba, a effectué le déplacement dans son pays qu'il avait fuit suite à une révolte populaire puis est rentré en Côte d'ivoire sans être inquiété par la justice.
La présidence avait alors tenté de rassurer l'opinion publique en affirmant que ''le processus n'est pas fait pour consacrer l'impunité'' et a invité à ''mettre l'intérêt supérieur de la nation au-dessus de toute considération politique.''
Qu'est-ce que Damiba a répondu à ces accusations ?
Le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba ne s'est pas encore exprimé depuis l'annonce du coup d'Etat. Vendredi, un communiqué de la présidence appelait la population à rester calme apres des tirs autour de la présidence. Selon ce communiqué, les tirs étaient le résultat des changements d'humeurs de certains militaires.