Porté par les militaires putschistes à la Primature gabonaise, Raymond Ndong Sima se projette sur sa feuille de route pour réussir sa mission.
Né il y a 68 ans dans la province Woleu-Ntem dans le nord du Gabon, l’économiste Raymond Ndong Sima a été désigné Premier ministre de la transition par les militaires au pouvoir.
Diplômé de l'université de Paris Dauphine et de l’université de Harvard aux États-Unis, le nouveau Premier ministre de la transition a d’abord évoqué sa surprise quand au choix porté sur lui.
"J’ai été surpris par la décision que le CTR a prise de me confier la Primature. Je ne pensais pas que je satisferais les conditions qu’ils avaient même dictées. Apparemment, j’ai rempli les conditions qui les satisfont", a-t-il souligné.
Ayant déjà occupé la Primature du Gabon entre 2012 et 2014, sous le président Ali Bongo Odimba, Raymond Ndong Sima se projette déjà vers le futur.
Déterminé à réussir la mission
"Je suis en train de me projeter pour voir comment je vais remplir la feuille de route qui m’a été donné puisqu’une feuille de route a été tracée par le CTR, donc je suis en train de me projeter pour voir comment je vais entrer dans cette feuille de route et essayer de la réaliser, de la tenir parce que tout le monde a besoin d’un succès, non d’un échec", dit-il.Lors de son magistère à la Primature, sous le président Bongo, Raymond Ndong Sima s’était fait remarquer pour avoir facilité le règlement de la dette du Gabon, mais également pour avoir résolu à travers des mécanismes financiers, le paiement des arriérés des soldes dues aux agents publics.
"Je pense que les gens se souviennent que j’ai fait certaines choses, par exemple pour les fonctionnaires, et dans l’ensemble, pensent que je pourrais continuer ce que j’avais commencé. C’est une possibilité. Et si c’est le cas, je ne vais pas les décevoir", rappelle-t-il.
Le nouveau Premier ministre avait aussi initié à l’époque une série de réformes qui avaient contribué à l’amélioration du système de recrutement dans la fonction publique gabonaise.
Pas de promesses hâtives
Mais aujourd’hui, il estime qu’il ne peut rien promettre dès lors qu’il ne maitrise pas l’état des finances publiques."Je pense que, pour l’instant, on ne peut pas faire de promesses parce qu’on ne sait pas quel est l’état des caisses. Qu’est-ce qui est dans la caisse de l’Etat, qu’est-ce qu’on peut faire, qu’est-ce qu’on peut décider ? Et c’est seulement après avoir fait le tour de la maison, on sera en mesure de dire on va faire ceci, on va faire ça", précise M. Ndong Sima.
Raymond Ndong Sima a travaillé en 1986 sur l’ajustement structurel et les relations avec le Fonds monétaire international et la Banque mondiale.
Il a par la suite été nommé en 1992 à la Direction générale de l'économie où il est resté jusqu’en 1994, tout en conservant la responsabilité de l'ajustement structurel.
Le Premier ministre de la transition a aussi été directeur général de Hévégab, une entreprise de caoutchouc appartenant à l'État, de 1994 à 1998.
En juillet 2015, Raymond Ndong Sima a quitté le Parti Démocratique Gabonais au pouvoir à l'époque, se plaignant que le parti n'était pas ouvert à la critique et à des points de vue différents.
Depuis son départ du gouvernement, il a également critiqué le traitement des finances par celui-ci.
Faustin Boukoubi, le secrétaire général du PDG, a répondu que Ndong Sima était un opportuniste et a insisté sur le fait que le PDG était un parti démocratique notamment sur le plan interne.
Pour dissiper la confusion, il a fait une mise au point en ces termes :
"Non, j’ai fait une mise au point (hier) quand je suis sorti de la plateforme Alternance 2023. J’ai bien indiqué que je n’étais pas d’accord avec un certain nombre de choses que je voyais et que ça faisait plusieurs jours que j’observais des initiatives auxquelles je n’étais pas associé et qui produisaient des résultats. Nous avons fait du chemin ensemble, je ne vais pas dire du mal d’eux", réagit-il.
"Donc, je me contente de dire que j’ai repris ma liberté, eux aussi ils sont libres de continuer leur chemin. Et, c’est tout ce que je dis. D’ailleurs, j’ai laissé la porte ouverte en précisant qu’en cas de nécessité, je restais ouvert à des collaborations pour envisager le futur de tout le pays", conclut M. Ndong Sima.
Avec la BBC