Alors qu'il était en plein chantier, un ouvrier du bâtiment a subitement entendu sonner son téléphone, et contre toute attente, le numéro et la photo de sa défunte bien aimée s'y sont affichés; le jeune homme a eu la peur de sa vie.


Nous sommes, la ville aux sept collines, en plein milieu du mois de septembre 2022. Un ouvrier du bâtiment très connu sous l'appellation de "Boni"', un diminutif de son prénom Boniface, est occupé à redresser les fers qui serviront à tisser les longrines d'un nouvel immeuble du centre-ville. Le ferrailleur dont la génitrice est une "Bayam-Sellam" exerçant au marché du Mfoundi, élève avec l'aide de cette dernière son unique fille âgée de quatre ans, et dont la mère est décédée il y'a deux ans. "Boni' n'a à proprement parler toujours jamais fait le deuil de sa dulcinée, puisqu'il garde encore non seulement son numéro dans son téléphone, certains de ses effets dans son placard, et surtout l'amour qu'il a toujours eu pour elle au fond de son cœur.

Cette journée de travail ayant débuté comme toutes les autres ne semble annoncer rien de spécial, le jeune homme se permet même de mimer un titre à succès du regretté artiste musicien Mballa Roger's dont il est fan, lorsque soudain son téléphone sonne. L'ayant sorti de sa poche pour répondre à son interlocuteur," "Boni" n'en revient pas; ce sont le numéro et le visage de Perpétue, sa fiancée précocement morte il y'a deux ans, qui s'y affichent.

Le brave ferrailleur hurle donc à plusieurs reprises en langue Ewondo « me wou ya 000 ! » , ce qui veut dire en français « je suis mort » , avant de s'écrouler en tremblant de tous ses membres. Ses collègues accourent alors des quatre coins du chantier, en criant à leur tour « a Boni ya ? » , c'est-à-dire « Boni qu'est-ce-qui t'arrive? » Le jeune homme ne peut répondre, car tel un boxeur, il est K.O. Entre temps, le téléphone qui s'était arrêté de sonner a repris de plus belle, et c'est alors Tobias son ami de toujours qui reconnait la photo de la défunte Perpétue sur le téléphone, mais il n'ose pas décrocher. Entre temps la nouvelle se répand comme une traînée de poudre sur le chantier « le fantôme de Perpétue est revenu chercher Boni, pour qu'ils aillent vivre leur amour dans l'au-delà » murmure-t-on çà et là. Revenu à lui, le ferrailleur veut dans un premier temps détruire le téléphone et changer de numéro, mais son ami Tobias le lui déconseille, et l'invite plutôt à aller rencontrer son oncle exorciste dans un mouvement du renouveau charismatique de l'Eglise Catholique Romaine.

"'Boni" accepte cette proposition et les deux hommes se retrouvent devant l'exorciste, ce dernier demande alors au ferrailleur de relancer le numéro de la défunte fiancée qui aurait essayé de le joindre. Boni déclare qu'il n'en a pas le courage, alors l'exorciste se saisit du numéro et lance lui-même l'appel via son propre télé-phone.
Au bout de quelques secondes, une voix féminine répond à l'autre bout du fil « allô », c'est alors que l'exorciste interroge d'une voix autoritaire « Perpétue ? » Et la douce voix de répondre « non ce n'est pas elle, c'est sa petite sœur, ma grande sœur nous a quittés il y'a déjà deux ans, à qui ai-je T'honneur? » Interroge-t-elle alors à son tour? Le téléphone étant en mode haut-parleur, "Boni" a tout suivi et se saisit de l'appareil de l'exorciste pour gronder en ces termes « Sandra, qu'est-ce-qui t'a pris d'utiliser le numéro de ta sœur pour essayer de me joindre ?
Sais-tu seulement que tu allais me pousser à faire un infarctus ? » Interroge-t-il. « Tonton je voulais juste te saluer, et surtout que depuis le décès de Perpétue tu es très rarement passé à la maison » plaide-t-elle. En effet, après le décès de sa sœur aînée, Sandra avait demandé à garder le téléphone de cette dernière, ce à quoi Boni ne s'était pas opposé, mais il avait oublié de retirer la carte Sim. La sœur cadette se servait alors de temps en temps de cette carte Sim pour faire de fâcheuses surprises aux anciennes connaissances de sa sœur ainée. Après ce triste épisode, la carte lui fut retirée et Boni put enfin faire le deuil de sa dulcinée en distribuant ses effets à ses sœurs et copines. Il pouvait désormais revoir l'avenir en roses.