De plus en plus, certains pouvoirs au monde pratiquent la coupure d’internet comme forme de répression politique et de musellement de la population, ceci en violation du droit d’accès à internet reconnu comme droit fondamental.
L’état des lieux des blocages d'internet dans le monde depuis 2006, montre bien que plusieurs pays dans le monde s’adonnent à cette pratique. Au delà des arrestations et des incarcérations, couper internet à la population est devenue une nouvelle forme de répression politique et de musellement de la population. Pourtant depuis 2016, plusieurs accords, traités et conventions internationales considèrent l'accès à internet comme un droit de l'Homme. C’est le cas du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies (CDH NU) qui a adopté le 1er juillet 2016, une résolution sur la promotion, la protection et la jouissance des droits de l’homme en ligne condamnant sans équivoque les mesures visant à « prévenir intentionnellement ou perturber l’accès à la dissémination de l’information en ligne en violation du droit international des droits de l’homme ». En novembre de la même année, la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples (CADHP) a adopté la Résolution sur le droit à la liberté d’information et d’expression sur Internet en Afrique.
Les dirigeants en place bloquent internet à tout moment où le pays traverse une situation politique. Tout d’abord en période électorale les gouvernants procèdent à la coupure d’internet pour empêcher leur citoyen de s’exprimer et de ne pas communiquer avec l’extérieure. L’alibi avancé pour justifier la coupure d’internet est la préservation de la sécurité nationale. En Afrique francophone particulièrement, depuis 2015 il y a lieu de remarquer une augmentation inquiétante du nombre de coupures Internet, utilisées par les gouvernements pour museler les peuples, particulièrement en Afrique dite francophone : en 2016, la République du Congo, la République démocratique du Congo, le Gabon, le Tchad, le Mali ont suspendu l’accès à Internet, ou bloqué les réseaux sociaux.
Depuis le 17 janvier 2017, deux régions du Cameroun, le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, sont totalement privées d’Internet : l’accès à la bande passante internationale y est coupé. Dans une lettre adressée aux candidats à l’élection présidentielle en France, un collectif de personnalités et d’organisations a interpellé les candidats français sur la coupure numérique qui frappe les anglophones camerounais.
Ce collectif constate que « La coupure Internet dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest du Cameroun constitue une violation par le gouvernement du droit International sur la liberté d’expression, la liberté d’association, le droit à l’information et la liberté de la presse. » « Depuis la coupure Internet, les autorités camerounaises ont multiplié les arrestations, notamment d’avocats et de journalistes », ajoute le collectif.
Dans cette lettre adressé aux candidats à la présidentielle en France, le collectif note également que la coupure d’internet est une violation des libertés économiques. « La coupure Internet imposée aux régions anglophones du Cameroun est en outre une violation grave des libertés économiques. Sans Internet, de nombreuses start-up de la « Silicon Mountain » ne peuvent plus fonctionner dans la ville de Buéa, les banques et les services de transfert d’argent sont au ralenti », poursuit le collectif.
Le cameroun détient en ce moment le record de longévité de coupure internet dans le monde. C'est déjà plus de 70 jours que la population des régions anglophones est privée d'internet.