Le vice s’enracine au sein de la nouvelle et incontrôlable armée qui a vu le jour dans les différentes villes du Cameroun. Il s’agit de l’armée des conducteurs de motocyclettes qui imposent leur loi dans les centres urbains et crée la terreur avec de graves accidents de circulation et des agressions, vols, viols, trafic de drogue et assassinats de toutes sortes.
Les plaintes contre cette nouvelle vague de délinquance fusent de toute part. C’est le cas avec cette affaire de meurtre qui passe en jugement devant le Tribunal de grande instance (TGI) du Mfoundi. Elle était programmée à l’audience du 9 novembre 2021 et concernait Joël Blériot Djike, détenu à la prison centrale de Yaoundé Kondengui depuis 2020.
L’accusation indique que ce dernier, qui est un récidiviste bien connu dans les milieux criminels, a donné la mort suite à une bagarre au cours de laquelle, il a grièvement poignardé la supposée victime à la cuisse le 16 juin 2020. Interpellé à l’enquête préliminaire, l’accusé a reconnu les faits mais à l’information judiciaire il a varié en attribuant la mort de M. Tobueh à un certain Boris.
Dans sa prise de parole, M. Djike Joël Blériot a nié avoir ôté la vie à son ami d’enfance. Il explique le 16 juin 2020 aux environs de 5 heures du matin, il a rencontré le défont à qui il avait remis sa moto quelques semaines auparavant pour qu’il travaille et lui reverse des recettes. Ce qui n’a pas été le cas, M. Tobueh ayant préféré gager la moto chez un certain Bakayoko au quartier Briqueterie à Yaoundé en contrepartie de la drogue qu’il recevrait de ce dernier.
L’altercation vient du fait que l’accusé aurait saisi sa supposée victime au «Carrefour Carrière» pour le conduire à la police pour le règlement du litige qui les opposait. C’est alors que, dit-il M. Tobueh avait sorti un poignard avec lequel il l’avait blessé à la cuisse. Courroucé, l’accusé dit avoir répliqué en blessant son adversaire à la cuisse avec le même poignard.
Pendant qu’il suivait des soins dans un centre de santé où il avait été conduit, l’accusé souligne qu’un conducteur qui l’y avait retrouvé l’a informé que le défunt avait reçu une autre blessure qui avait été à l’origine de sa mort. Pris de panique, il ira se réfugier au quartier Emana où il avait été appréhendé.
Le représentant du parquet souligne des incohérences dans les déclarations de l’accusé qui est un repris de justice. 11 soutient que l’accusé en assenant un coup de poignard à M. Tobueh lui avait occasionné un saignement abondant ayant entraîné la mort de ce dernier. Pour le magistrat du parquet, l’accusé a délibérément donné la mort à son adversaire. Il a demandé au tribunal de le déclarer coupable des faits de meurtre en coaction.
L’avocate de la défense ne partage cet avis. Elle indique que le coup de poignard que son client avait donné à son adversaire n’était pas prémédité mais était plutôt un acte de vengeance. Ensuite, le coup fatal d’après elle, avait été asséné par une autre personne, en l’occurrence Boris. Elle demande la requalification des faits de meurtre enjeux de coups mortels étant donné que le dossier ne contient aucun document qui atteste que c’est le coup de poignard de son client qui a ôté la victime à M. Tobueh, notamment, un rapport d’autopsie. Le tribunal compte rendre son verdict le 14 décembre 2021.