Considérant que le 09 janvier 2017, l’opération « ville morte » a été suivie par plusieurs villes des régions anglophones suite au mécontentement des enseignants et des magistrats anglophones dont les revendications sont légitimes…
Préambule
Considérant que le 09 janvier 2017, l’opération « ville morte » a été suivie par plusieurs villes des régions anglophones suite au mécontentement des enseignants et des magistrats anglophones dont les revendications sont légitimes
Considérant que les référents identitaires se transforment en seuls et derniers recours lorsque le politique a fait faillite dans son rôle de faire cohabiter des hommes et des femmes qui ne pensent pas la même chose et n’ont pas les mêmes valeurs
Considérant que la question anglophone est positive pour réinventer l’État camerounais au sens où le conflit qu’elle induit met en lumière un manque d’entretien politique de la réunification, rouage essentiel de l’État camerounais
Considérant que le Cameroun ne peut se targuer de vivre parce que Yaoundé respire quand Bamenda, Buéa et leurs populations suffoquent
Considérant que la respiration de Yaoundé sera courte dans le marathon du développement économique, social, politique et environnemental du Cameroun tant que toutes les autres régions du Cameroun et leurs populations ne trouveront pas leur souffle.
Considérant que l’État camerounais est face à un sérieux problème d’autorité et de gouvernance quand des écoles et des services ne fonctionnent pas dans une partie de son territoire
Considérant la dignité de traitement que l’État camerounais doit à chaque citoyen camerounais
Considérant l’égalité de traitement qu’implique le statut de citoyen camerounais
Considérant que plusieurs de nos compatriotes anglophones de Buéa et de Bamenda ont été humiliés par les forces de l’ordre camerounaises
Considérant, au regard des émeutes de la faim de février-mars 2008, que lesdites forces de l’ordre camerounaises sont récidivistes dans la répression sanglante et humiliante des manifestations citoyennes
Considérant que lesdites forces de l’ordre bénéficient d’une impunité sacro-sainte de la part du Renouveau National et que cela consacre le règne du deux poids deux mesures inadmissibles dans une république
Considérant que la rupture de confiance entre nos compatriotes anglophones et les forces de l’ordre camerounaises confirme la rupture de confiance entre plusieurs Camerounais, l’État camerounais et ses représentations
Considérant que l’État camerounais en lutte contre la secte terroriste et islamiste Boko-Haram ne peut faire l’économie d’une union sacrée et d’une confiance au zénith entre le peuple camerounais et ses forces armées
Considérant que le Cameroun ne peut combattre efficacement Boko Haram que si tous ses fils et toutes ses filles francophones comme anglophones vibrent en phase de façon à ériger devant la secte une ligne Maginot infranchissable
Considérant que la République du Cameroun ne peut consolider la construction de la nation camerounaise sans consolider et améliorer de façon constante le vivre ensemble entériné jadis par les accords ayant donné lieu à République Unie du Cameroun
Considérant que la construction de la nation camerounaise nécessite une excellence politique permanente et un dialogue de tout instant entre les instances dirigeantes, les élites, le peuple, le pays officiel et le pays réel
Considérant que toute demande émanant de la population camerounaise, d’une région camerounaise ou d’une partie de sa population doit être examinée avec sérieux, dialogue, médiation et discussion afin d’aboutir à des solutions concertées destinées à conforter le Cameroun comme projet de vie commune
Considérant que l’exercice du monopole de la violence légitime est une réponse non seulement inefficace mais aussi inadaptée aux revendications citoyennes que soulève la question anglophone
Considérant que l’usage de la violence comme seule réponse à la question anglophone est moins la preuve de l’autorité de l’État camerounais que sa dégénérescence
Considérant que le Cameroun est signataire de la Charte Universelle des Droits de l’Homme et se doit de respecter scrupuleusement celle-ci dans le traitement de ses citoyens
La diaspora camerounaise du Benelux et de France déclare qu’une décentralisation démocratique, compétitive et solidaire de l’État camerounais peut, suivant les modalités ci-après, résoudre la question du pouvoir, de son partage, de sa gouvernance et de son identité que pose la question anglophone.
La décentralisation camerounaise doit être démocratique afin d’éviter une reproduction locale et ou régionale d’un ensemble de dominations nationales que les populations anglophones en particulier et les populations camerounaises en général dénoncent déjà au sein de l’État camerounais centralisé. Une redistribution démocratique du pouvoir exécutif, législatif et judiciaire aux régions et des régions aux populations concernées est primordiale afin que chaque région, ses identités et ses sensibilités historiques puissent s’exprimer dans un cadre capable d’en promouvoir l’excellence. C’est une façon de responsabiliser les Camerounais et de donner libre expression à la richesse que représentent les multiples identités nationales. La logique de fond de la décentralisation camerounaise doit être de bâtir les bases locales, identitaires, régionales et populaires d’une démocratie camerounaise profonde alliant les principes théoriques aux problèmes et objectifs réels des régions du pays dans une approche du pouvoir où s’applique le principe de subsidiarité.
La décentralisation camerounaise doit être compétitive. Le but de la compétition dans une décentralisation n’est pas de plonger le pays dans un magma darwiniste où les régions camerounaises entreraient dans un choc de titans ou un combat de gladiateurs. La compétition se pense ici comme un facteur d’émulation vers l’excellence des projets de vie régionaux de manière à ce que chaque région camerounaise ait dans son agenda le désir permanent, légitime et prétentieux d’être la région camerounaise où « l’art de vie » est le meilleur, le sport plus complétif, le pouvoir plus démocratique, les entreprises plus dynamiques, la gouvernance plus compétente, l’administration plus diligente et efficace, les citoyens plus intègres et respectueux des règles civiques, les universités plus à la pointe de la recherche etc. Dans une telle dynamique le Cameroun tout entier deviendrait un pays habité d’un souci d’excellence dans tous les domaines.
La décentralisation de l’État camerounais se doit aussi d’être solidaire. Cela implique de mettre en place une nouvelle conception du pouvoir et un nouvel exercice de celui-ci par l’État camerounais de façon à ce qu’il continue à assurer la coordination de l’ensemble national via des projets nationaux, des lois nationales, des règles de partage des richesses nationales entre l’État et les régions. La nomenclature des formules juridiques, techniques et institutionnelles à mettre en place dans tous les domaines pour maintenir la solidarité entre les différentes régions camerounaises et inventer un nouveau pouvoir décentralisé à la fois hiérarchique et de coordination du nouvel État décentralisé, ne peut être trouvée qu’en mettant en dialogue, l’État, les experts de la décentralisation, les régions camerounaises et leurs populations respectives.
La décentralisation camerounaise doit promouvoir la suppression de tout ce qui peut entraîner l’arbitraire du pouvoir exécutif, législatif et judiciaire.
La décentralisation camerounaise doit promouvoir une vision positive du pouvoir en le donnant aux populations régionales qui seules peuvent en améliorer la légitimité.
La décentralisation camerounaise doit abandonner un pouvoir qui s’exerce comme un obstacle à l’expression des identités, des régions et de leurs singularités pour en faire un puissant vecteur de leur libre expression.
La décentralisation camerounaise doit faire des projets régionaux le résultat d’une majorité d’idées qui donne une assise plus solide à leur réussite et en assure la légitimité à la fois politique et populaire.
La décentralisation camerounaise doit promouvoir une nouvelle figuration régionale du pouvoir de façon à en renforcer la proximité avec les populations régionales.
La décentralisation de l’État camerounais doit entraîner une organisation préalable et immédiate des états généraux de la Justice camerounaise qui réuniraient tous les intervenants de la Common Law et du droit francophone afin d'harmoniser les procédures et les règles de droit du Cameroun sans léser aucune sensibilité et ayant pour seule boussole l’intérêt général du peuple camerounais.
La décentralisation de l’Etat camerounais doit engager une véritable réforme universitaire qui tienne compte de l'environnement socio culturel de chaque entité capable de valeur ajoutée dans la formation des Camerounais. Elle doit instituer et promouvoir un test de bilinguisme (expression et écriture) obligatoire et éliminatoire pour l’accès de tout étudiant camerounais à l’Université et à toutes les grandes écoles nationales.
Organisations signataires :
Le Collectif Des Organisations Démocratiques et Patriotiques des Camerounais de la Diaspora (CODE) : Kadji Elie
Fondation Moumié : Delphine Fouda
Le Cercle Belgo-Africain Pour la Promotion Humaine (CEBAPH) : Hugues Seumo
Action Solidaire Internationale (ASI) : Gisèle Emegue
L’ Association Pour la Promotion de la Justice et de l’Education, (L'APJE) : Roufaou Oumarou
Le Mouvement de février 2008 : Marcel Tchangue
Le Cercle de Réflexions Economiques Sociales et Politiques (CRESPOL) : Thierry Amougou, Membre Fondation Moumié
L’observatoire des élections de la diaspora camerounaise (OEDC) : Luc Banemeck