Actualités of Saturday, 18 February 2017

Source: cameroon-info.net

Crise anglophone: Cabral Libi se prononce

Cabral Libi, analyste politique Cabral Libi, analyste politique

Sur 61 personnes qui restent en détention dans le cadre des évènements de Bamenda et de Buea, 31 sont en instance de jugement. Pour les hommes de la société civile, les leaders des partis politiques et la Commission nationale des droits de l’Homme et des libertés, relaxer ces derniers, permettrait d’apaiser les tensions et fait partie des solutions pour une sortie définitive de crise. Interrogé sur la question l’analyste politique et juriste Cabral Libi décrypte les positions autour de leur libération. Parlant des voix qui demandent la libération des personnes arrêtées, il déclare «j’inscris ces appels dans le registre de l’apaisement. Car, compte tenu de la relative impasse dans laquelle se trouve la crise anglophone, la rigidité de l’ordre gouvernant peut radicaliser davantage les revendicateurs, tout en suscitant à leur égard une inflation du soutien populaire. En donnant l’impression d’un «David contre Goliath», le bras de fer larvé, sur la durée aux yeux de la population, risque de renforcer l’adhésion».


Cabral Libi ne manque pas dans son analyse d’observer la position du Gouvernement sur le sujet. «En même temps en ayant déjà libéré environ 1/3 des détenus, selon les chiffres officiels, le pouvoir central en cédant de nouveau, craint un affaissement de son autorité. Mais de mon point de vue, il ne saurait s’agir seulement de libérer des personnes ou pas. Il y a eu des exactions. Et les auteurs de ces exactions injustifiées doivent à défaut d’être punis, faire publiquement amende honorable. Mais auparavant, il faut que l’irréfutabilité des charges retenues contre eux, soit établie».


A la question de savoir quelle pourrait être la solution en tenant compte des enjeux politiques et la nécessité de rendre justice, le juriste répond «la solution est entre les deux. Si arrêter les gens n’a pas été une solution à la crise, ce n’est pas la libération qui le sera. Libérer des détenus, le cas échéant ne saurait constituer une fin, mais un moyen à inscrire dans une batterie de mesures sincères et profondes. Une unanimité s’est construite aujourd’hui sur la nécessité d’une décentralisation plus aboutie. C’est une piste sérieuse. Tout comme la tabouisation du débat sur le fédéralisme (et non pas de la sécession qui est une infraction criminelle punie par l’article 111 du Code pénal) me paraît inopportune et superfétatoire. Le sommet de l’Etat doit intégrer qu’un peu d’humilité face aux citoyens est plutôt salutaire».