Dans un mouvement inattendu qui suscite des interrogations, le président américain nouvellement réélu, Donald Trump, a nommé Lee Zeldin, un ancien parlementaire connu pour ses prises de position en faveur des séparatistes anglophones au Cameroun, à la tête de l'Agence américaine de protection de l'environnement (EPA). Cette décision, annoncée dans le cadre des nominations de sa nouvelle administration, reflète une dynamique qui pourrait peser sur les relations entre Washington et Yaoundé.
Lee Zeldin, durant son mandat de parlementaire, s’est distingué par son soutien explicite à la cause des séparatistes anglophones du Cameroun, allant jusqu’à défendre la reconnaissance d’un État indépendant, l'Ambazonie. « Nous devons reconnaître le droit des anglophones à décider de leur propre destin », avait-il déclaré lors d'une allocution au Congrès. Ces prises de position avaient naturellement provoqué une vive inquiétude au sein du régime de Yaoundé, déjà sous pression internationale pour sa gestion de la crise dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun.
Le contexte de la nomination de Zeldin s’inscrit dans une ligne politique que plusieurs observateurs jugent hostile à la gestion du gouvernement camerounais. Tibor Nagy, ancien sous-secrétaire d’État aux affaires africaines sous la précédente administration Trump, a confirmé sur le réseau X que cette nomination pourrait être le prélude à une nouvelle ère de tensions diplomatiques. « Si Trump continue à placer des partisans des indépendantistes anglophones à des postes clés, le gouvernement camerounais pourrait faire face à une pression bien plus intense », a affirmé Tibor Nagy. « Sous Biden, Yaoundé a pu éviter des sanctions sérieuses, mais avec Trump, cela pourrait changer ».
Cette annonce intervient alors que le Cameroun lutte pour stabiliser une crise qui dure depuis près de huit ans, avec des conflits violents et un nombre croissant de déplacés internes et réfugiés. Le gouvernement camerounais a régulièrement été critiqué pour ses méthodes de répression contre les groupes armés séparatistes, mais aussi pour les exactions commises à l’encontre des populations civiles. Si l’administration Biden avait adopté une approche plus mesurée et diplomatique face à cette situation, l’arrivée de Trump et de figures comme Lee Zeldin pourrait indiquer un durcissement à l'horizon.
Dans les cercles proches de la présidence camerounaise, cette nomination est perçue comme un signal d'alarme. « Nous savons que les positions de Zeldin ne sont pas celles d’un simple observateur », confie un analyste politique basé à Yaoundé. « Si des personnalités comme lui gagnent en influence à Washington, Yaoundé devra repenser sa stratégie diplomatique et peut-être s'attendre à des sanctions économiques ou à d'autres formes de pressions internationales ».
D’ici à janvier 2025, date à laquelle Trump et ses collaborateurs prendront officiellement leurs fonctions, les spéculations vont bon train. Les discussions autour de la crise anglophone au Cameroun, longtemps reléguées au second plan dans la politique étrangère américaine, pourraient bientôt revenir au centre de l’attention internationale.