Le conflit dans les provinces anglophones du Cameroun continue de faire des ravages, piégeant les populations civiles entre deux forces également brutales : les séparatistes et l'armée gouvernementale. Huit ans après le début des hostilités, la situation reste explosive et sans perspective claire de résolution.
Les chiffres sont édifiants et témoignent de la violence extrême de ce conflit. Selon les analyses de François Soudan, directeur de la rédaction de Jeune Afrique, les violences endémiques ont déjà causé 6 000 morts et contraint 1 million de personnes à fuir leurs foyers. Un tribut humain considérable qui illustre la détresse des populations prises en étau.
Le conflit se caractérise par une guerre de basse intensité où les affrontements directs sont rares. Les séparatistes, surnommés « Zamba boys », multiplient les embuscades, posent des bombes artisanales et harcèlent les forces gouvernementales. En réponse, l'armée mène des opérations de ratissage musclées, créant un cycle de violence qui broie les populations civiles.
Plusieurs initiatives internationales ont tenté de désamorcer la crise : médiations du gouvernement suisse, canadien, interventions de la communauté Sant'Edigio, octroi d'un statut spécial aux provinces anglophones. Mais toutes ces démarches se sont heurtées aux manœuvres de sabotage des "faucons" des deux camps.
François Soudan propose une voie médiane : un retour à une forme de fédéralisme, aboli en 1972, ou une décentralisation réelle avec délégation de pouvoir. Cependant, cette perspective se heurte à un obstacle majeur : l'absence manifeste de volonté politique pour engager une telle transformation.
Pour l'heure, les populations des provinces du Nord-Ouest et du Sud-Ouest restent prisonnières d'un conflit qui les dépasse, subissant les exactions des groupes séparatistes et la répression des forces de sécurité. L'indépendance étant exclue et la politique répressive ayant montré ses limites, la recherche d'une solution pacifique devient chaque jour plus urgente et complexe.
Le Cameroun se trouve ainsi confronté à un défi historique : trouver un compromis politique qui mette fin à huit années de violence et rende l'espoir à une population épuisée.