«Si notre administration était une administration de développement, elle n’aurait jamais songé à couper internet dans la partie anglophone du pays», martèle Cyrille Sam Mbaka, premier vice-président de l’Union Démocratique du Cameroun.
Comme l’immense majorité des responsables politiques de l’opposition, il fustige cette mesure prise par le gouvernement camerounais à la suite des manifestations qui ont cours depuis plusieurs semaines dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-ouest.
Au cours d’une conférence de presse qui a regroupé plusieurs membres du Gouvernement dans les services du Premier Ministre le lundi 13 février 2017, Issa Tchiroma Bakary, Ministre de la Communication et porte-parole du Gouvernement s’est exprimé au sujet de la coupure d’internet dans la partie anglophone du pays en ces termes:
«Jamais le Gouvernement ne permettra l'avènement de radio mille collines au Cameroun. Internet sert à menacer les populations et à les inciter à la désobéissance civile. Aussi longtemps que prévaudra ce climat, ce moyen de communication restera coupé dans ces Régions», a-t-il martelé.
Une déclaration qui sonne comme un coup de poignard dans le dos des populations et opérateurs économiques de ces Régions du pays dont les activités tournent au ralenti en raison de l’absence de cet outil devenu vital pour l’économie et la connaissance. De cet entêtement de l’administration à maintenir la suspension d’internet dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, Cyrille Sam Mbaka, 1er Vice-président de l’Union Démocratique du Cameroun (UDC) fait une lecture simple.
«Nous n’avons pas une administration de développement parce que si c’était le cas, ce serait un crime de couper internet. Notre économie va prendre un coup, mais j’ai l’impression que ça ne dit rien à l’administration», remarque l’homme politique. Il pense qu’il est temps que les Camerounais se battent pour avoir une administration de développement. «Les choses comme cela ne pourront pas arriver parce que c’est un outil indispensable, nécessaire pour le développement», assure-t-il.
Président du Mouvement démocratique de Conscience nationale (Modecna) et de la Coalition citoyenne pour le Cameroun (Coacic), Bruno Deffo pense que cette décision de l’administration camerounaise n’est pas loin des pratiques de la Gestapo. «C’est tout simplement du brigandage et nous estimons que le pouvoir de monsieur Biya doit restituer immédiatement le peuple et les opérateurs économiques de la région du Nord-Ouest et du Sud-ouest dans leurs droits à la communication et à l’information en rétablissant internet dans ces Régions», demande-t-il.
C’est depuis le 17 janvier 2017 que les populations de la partie anglophone du Cameroun sont sevrées d’internet. Le Gouvernement qui s’active à diaboliser les réseaux sociaux depuis plusieurs mois justifie cette décision par le fait que les manifestants se servent de cet outil pour intensifier leurs mouvements et inciter à la révolte et à la désobéissance civile.