Economie au ralenti, salles de classes pléthoriques…Mbouda subit les conséquences de la crise anglophone.
« Quand le feu est à la maison de ton voisin, la tienne est en danger » ! La ville de Mbouda fait l’amère expérience de cet adage. Le chef-lieu du département des Bamboutos dans la région de l’Ouest, subit en effet de plein fouet, les effets négatifs de la crise qui secoue les régions anglophones du pays depuis un an.
Le constat est de l’hebdomadaire Intégration en kiosque ce 13 novembre 2017.
Il faut dire que la position géographique de Mbouda la prédestine à cette situation. « Sur la route Nationale N°6 reliant les régions du Centre, de l’Ouest et du Nord-ouest, la ville de Mbouda, chef-lieu du département des Bamboutos dans la région de l’Ouest, est située à cinquante kilomètres de Bamenda, la capitale régionale du Nord-ouest et épicentre de la crise anglophone. Elle est par ailleurs limitée au nord par la commune de Wabane (région du Sud-Ouest) autre région fortement marquée par la crise anglophone », fait remarquée d’entrée le journal.
L’instabilité dans au Nord-Ouest et au Sud-Ouest a déjà entraîné l’exode de plusieurs centaines d’élèves. Conséquence, les effectifs sont pléthoriques dans la plupart des établissements de Mbouda. Les lycées bilingues de Mbouda et de Banock ont accueilli cette année, respectivement 200 et 150 élèves venus des régions anglophones.
Une situation qui n’est pas sans conséquence dans le suivi des enseignements. « Le surpeuplement de la population scolaire résultant des pressions d’inscriptions, de part et d’autre, rend lourd le pilotage des élèves au niveau pédagogique, quand on sait que l’effectif en cette année scolaire est de 4387 élèves», indique le proviseur Jules Akono.
Fokou, fondateur du Groupe scolaire bilingue privé laïc Le mérite de Mbouda affirme que «nous avons été submergés par l’afflux des enfants venus des régions anglophones. La demande en matière d’éducation étant forte, nous avons procédé à un tri par un test pédagogique pour jauger leur niveau, car ces élèves ne possédaient pas de carnet de notes. Si un enfant sollicitait une classe supérieure, après le test non concluant, avec l’accord de son parent, il était rétrogradé en classe immédiatement inférieure. C’est ainsi qu’environ une quarantaine a été recruté».
Les activités économiques, notamment le commerce, subissent également le contrecoup de la crise. Blaise Kuete, vendeur de vivres à Mbouda indique qu’«avant la crise, les commerçants de Bamenda venaient ici s’approvisionner en vivre frais, notamment en piment. Un commerçant pouvait s’offrir 30 sacs à raison de 20 000 FCFA le sac. Ce qui nous faisait de très bonnes rentrées financières. Aujourd’hui, c’est à peine qu’un commerçant achète 10 sacs»,
Un autre vendeur fait savoir qu’«avant, un commerçant de Bamenda pouvait acheter 50 à 80 régimes de plantain. Les prix oscillant entre 3000 et 5000 FCFA. Aujourd’hui, les ventes ont chuté à en moyenne 20 régimes par commerçants et le régime qui valait autrefois 5 000 FCFA coûte aujourd’hui 2000 FCFA».
C’est donc avec une certaine impatience que la ville de Mbouda attend, elle aussi, la fin de la crise dite anglophone.