Le ministre camerounais a entamé vendredi une "mission de paix" de 48 heures dans le nord-ouest du Cameroun anglophone où il a demandé aux "séparatistes violents" de se "reconvertir", a rapporté la radio d'Etat.
Dans une intervention à la Cameroon radio-télévision (Crtv), le nouveau ministre camerounais de l'Administration territoriale (Intérieur), Paul Atanga Nji, anglophone, a dit "à tous ceux (séparatistes anglophones) qui sont en train de perpétrer des actes de terrorisme" que "le moment est venu de se reconvertir pour la simple raison que le désordre ne profite à personne".
Le ministre s'exprimait à Bamenda, le chef-lieu, de la région du Nord-Ouest où il est "en mission de paix", selon la Crtv.
Il s'est aussi rendu à Batibo, la localité de la région la plus tendue du Cameroun anglophone actuellement, où deux responsables administratif ont été enlevés en février.
"Le président de la République (Paul Biya) m'a chargé de transmettre aux autorités administratives ses félicitations et ses remerciements pour leur professionnalisme parce que depuis bientôt 16 mois, elles ont pu gérer les pertubations qui sont orchestrées par un groupe de terroristes", a affirmé M. Atanga Nji.
"Nous sommes venus transmettre (un) message de dialogue aux populations et le message de félicitations du chef de l'Etat aux forces de défense et aux forces de sécurité", a-t-il ajouté.
"Les forces de défense ont fait preuve de professionnalisme. Elles ont été victimes de beaucoup de provocations, mais elles ont gardé leur sang froid", a-t-il estimé. Les militaires et policiers sont accusés de perpétrés de multiples abus dans les zones anglophones.
M. Atanga Nji est le premier anglophone à occuper le poste stratégique de ministre de l'Administration territoriale.
Il a été nommé à ce poste le 2 mars, à la faveur d'un remaniement gouvernemental. Il est très impopulaire dans les régions anglophones pour avoir déclaré dès la survenue en novembre 2016 de la crise dans ces régions qu'"il n'y a pas de problème anglophone" au Cameroun.
La situation au Cameroun anglophone s'est considérablement dégradée depuis que 47 séparatistes, dont leur leader Sisiku Ayuk Tabe, ont été extradés fin janvier au Cameroun, après leur arrestation au Nigéria. A ce jour, personne n'a eu accès à eux.
En février, un sous-préfet et le responsable régional du ministère des Affaires sociales dans le nord-ouest ont été enlevés à Batibo.
Dans une vidéo postée la semaine dernière sur les réseaux sociaux par un des groupes armés actifs en zones anglophone, ce responsable régional suppliait le ministre des Affaires sociales d'intercéder pour que Yaoundé donne une preuve de vie des séparatistes extradés au Cameroun. Il y indiquait que les séparatistes menaçaient de l'exécuter dans "48 heures" si Yaoundé ne donnait pas de suite favorable à cette demande. Il n'était pas possible de savoir vendredi s'ils avaient mis cette menace à exécution.