Actualités of Monday, 25 October 2021

Source: Le Messager

Crise anglophone: les confidences de Peter Ngufor à Dion Ngute

'Je suis particulièrement triste lorsque parmi les pays africains bien développés' 'Je suis particulièrement triste lorsque parmi les pays africains bien développés'

Promoteur de Farmers House, une structure de vente et de distribution des équipements et intrants agricoles dont le siège social est à Mile 3 Nkwen par Bamenda, il estime qu’un cessez-le-feu et des excuses à la Nation s’imposent de la part du gouvernement.

Ce n’est pas de sitôt qu’on tournera là page de la dernière visite de travail (des 5, 6,7 et 8 octobre) du Premier ministre chef du gouvernement Chief Dr Joseph Dion Ngute à Bamenda. Point n’est besoin de rappeler que le locataire de l’immeuble étoile était en mission de pacification de la région du Nord-ouest secouée par une guerre qui dure depuis pratiquement cinq ans déjà. Le missionnaire de la paix de Paul Biya a accordé des audiences à plusieurs dignitaires de la région, parmi lesquels Peter Ngufor Njontor.

Lui qui n’a pas fait dans la langue de bois lorsqu’il a dit au Pm qu’on aurait pu éviter l’écoulement de sang dans ce problème domestique qualifié de crise anglophone. « Je continue à croire sincèrement que l’option militaire pour résoudre un problème par ailleurs mineur n’était pas la bonne », a déclaré Peter Ngufor Njontor au locataire de l’immeuble Etoile.

Pour lui, on aurait dû faire l’économie de ces nombreuses vies perdues si on avait confié au début, l’affaire à la police, cette force qui joue également un rôle dissuasif. « De mon petit entendement, ceci n’était qu’un problème qui nécessitait l’intervention de nos forces policières qui sont mieux outillées en matière de maintien de la loi et de l’ordre dans tout le pays », lâche-t-il. L’agro-industriel a rappelé à la gouverne du premier ministre qu’il avait au début de la crise et ce à travers des interviews accordés à la presse, suggéré l’intervention de la police et non de l’armée.

Ce d’autant qu’il s’agissait d’ « un problème domestique qui nécessitait l’interpellation des suspects, les entendre et recueillir plus d’information qui pourraient conduire à la véritable origine du problème et partant déboucher finalement sur une solution rapide et profonde qui limiterait les dégâts, s’il y en avait un ». Le Pdg de Farmers House est d’avis que c’était une « erreur fatale – de comparer la crise anglophone actuelle « au terrorisme de la guerre d’indépendance contre la France dans les années 50 et 60 ».

Absence d’équité

Loin de là, renchérit l’homme avisé pour qui « la genèse du problème était l’absence d’équité depuis le lendemain de la réunification en 1961 ». Il a expliqué au premier ministre que « le président Ahmadou Ahidjo qui n’était pas suffisamment aguerri (à l’époque) avait préféré jouer le jeu entre Foncha et Muna. Et bien que ceci n’était qu’une ruse avait sérieusement et douloureusement raté l’objectif parce que les populations du Southern Cameroon avaient voté pour rejoindre leurs frères au lieu de se rattacher au Nigeria comme l’indiquait l’autre option ».

Or, les deux cultures^ (anglophone et francophone) pouvaient être judicieusement exploitées et parvenir à un développement palpable envié par les autres pays africains recommande Peter Ngufor. Il rappelle que Paul Biya a hérité le problème anglophone de son prédécesseur Ahmadou Ahidjo qui ne l’avait pas* préparé à affronter une telle situation. Certainement parce que Ahmadou Ahidjo voulait que Paul Biya échoue en tant que chef d’État ».

Pour l’homme d’affaires le président Biya en tant qu’intellectuel doit y tirer des leçons, s’organiser en conséquence et conduire le Cameroun unifié vers un développement équitablement sain ». Pour ce faire, suggère Peter Ngufor Njontor, « j’aimerai insister sur une déclaration de cessez-le-feu, accompagnée d’une sincère excuse à la nation toute entière et s’engager dans un dialogue franc et sincère qui prendra compte des dispositions de la constitution de 1961 qui prévoyait le cadre des nominations et le partage du gâteau national ».

Et parlant de dialogue, l’élite Bafanji attire (‘attention des flagorneurs et malicieux car les discussions doivent éviter les pièges et intrigues qui ne servent à rien sauf à retarder le développement de la nation.

Détournements

Ce n’est pas de gaieté de cœur que le propriétaire de Farmers House a saisi l’opportunité de cette échange avec le premier ministre pour faire un pied de nez aux « détournements aveugles et dévergondés des fonds publics comme un signe de malaise profond qui affecte tout le pays et qu’on doit y mettre fin le plus tôt possible ».

Pour ce faire, au-delà de la création des structures de lutte contre ce cancer social, il suggère l’inculcation du sens de la confiance à tous les citoyens afin de leur faire se sentir protégés quel qu’en soit là où ils se trouvent sur l’étendue du territoire national.

« Ceci se fait souvent en inculquant le sens de la justice et non des mesures cosmétiques et intimidations -, met en garde Peter Ngufor pour qui « le danger de ne pas être capable d’exister comme une nation cohérente est que nous ne pouvons pas développer tous les segments de notre société comme c’est le cas présentement avec aucun secteur parfait après 60 ans d’indépendance et de réunification ». Et de marteler, « nous avons plutôt perfectionné honteusement la négativité ».

Or précise-t-il, « l’accountability est toujours un chemin très difficile mais sûr pour la construction de la nation et doit être toujours en principe adopté ». Il s’offusque de ce que ces détournements à la pelle ont plombé notre pays au point où le Cameroun occupe le bas de l’échelle en termes de développement, malgré ses riches potentialités en ressources. « Je suis particulièrement triste lorsque parmi les pays africains bien développés, le Cameroun avec toutes les ressources humaines et matérielles que nous disposons, est absent de la liste des dix premiers ».

Si l’opérateur économique salue la mission difficile de pacification du premier ministre, il n’en demeure pas moins que, reconnaît-il, la soi-disant guerre contre le peuple est devenue sale et… ridiculise le Cameroun ».

Néanmoins, conseille-t-il, « le chef de l’État, président Paul Biya devrait sortir de son mutisme et faire un effort d’implémenter les résultats des concertations telles que celle conduite présentement par le premier ministre et non être contredit par des subordonnés ». Il rappelle à la gouverne de tous que le président Paul Biya en tant que leader de 25 millions de camerounais devait faire preuve de beaucoup de sang-froid dans ses actes et déclarations.