Actualités of Monday, 27 February 2017

Source: rfi.fr

Crise anglophone: nouvelle journée 'ville morte' ce lundi

Une rue du centre-ville de Bamenda, au Cameroun anglophone Une rue du centre-ville de Bamenda, au Cameroun anglophone

Nouvelle journée « ville morte » ce lundi 27 février 2017 dans les deux régions anglophones du Cameroun. Et ce malgré le petit répit observé vendredi dernier à Buéa, où le trophée de la CAN a séjourné dans une ambiance euphorique. Dans cette partie du pays, marquée par des protestations contre la marginalisation de la minorité anglophone, le malaise reste palpable.

Né à Buéa de parents francophones, il y a une trentaine d’années, Siegfried Kamga, tout récent diplômé d’une école de diplomatie à Yaoundé et que nous rencontrons au pied du majestueux monument de la Réunification - qui trône dans la capitale du Sud-Ouest -, a le regard un peu hagard : « Je me suis senti comme déchiré par tout ce qui s’est passé. J’ai entendu les manifestants francophones et j’ai le cœur en lambeaux. »

Sur ces terres qu’il chérit et où il a grandi, les récents événements l’ont laissé bien perplexe. L’amour de la région est toujours intact, mais les sources d’inquiétude bien réelles : « J’ai toujours grandi avec l’idée que nous sommes tous frères et avec une étoile sur le drapeau. Et pour moi, ça allait de soi. Ces événements, les slogans et tout, m’ont rappelé que c’était une chose belle et fragile. Nous devons en prendre soin. »

Toute aussi en recueillement devant ce monument, symbole des retrouvailles entre Camerounais anglophones et francophones, Doroty Ataban a le sentiment un peu confus : « Je suis animée par plusieurs sensations. Il y a de la douleur et de la joie. Des sentiments mêlés au sujet de cette place. Mais la beauté de l’édifice prend quand même le dessus si nous sommes d’accord que nous sommes UN Cameroun. Parce qu’en ce moment, nous sommes dans une sorte de relation à deux personnes où l’un des protagonistes regarde son vis-à-vis comme étant inférieur et l’autre supérieur. Mais si nous pensons que nous sommes tous les mêmes, dans tous les aspects, alors ce monument est à l’endroit où il doit être. »

Un pays, un peuple, des héritages culturels qui cohabitent en bonne intelligence, de la coupe aux lèvres il y a encore bien du chemin.