Reçus par vagues différentes par le chef de l’Etat depuis son séjour helvétique, quelques dignitaires de son régime auraient évoqué avec lui les questions d’actualité liées à l’avenir immédiat du Cameroun, à l’instar du règlement de la crise anglophone, la probabilité d’un remaniement ministériel, et éventuellement la question de la succession à la tête de l’Etat.
L’information n’a rien d’officielle. Toutefois, à en croire certaines sources autorisées au sein du sérail, le chef de l’Etat n’est pas de tout repos durant son séjour helvétique, où il examine avec attention les questions d’actualités liées à l’avenir du pays. Dans ce sillage, il aurait reçu depuis quelques semaines certains dignitaires, discrètement sélectionnés et invités en Suisse. Selon nos sources, c’est par vagues successives que ces dignitaires se sont déplacées pour la capitale suisse ces derniers temps, et c’est individuellement qu’ils auraient eu des entretiens en tête-à-tête avec le chef de l’Etat.
Parmi eux, des officiels et confidents, à l’instar de Jean Nkueté - le secrétaire général du Comité central du RDPC, le sultan roi des Bamoun - sa Majesté Ibrahim Mbombo Njoya - sénateur et personnalité généralement écoutée par le prince chaque fois que le Cameroun traverse une passe difficile, Michel Meva’a Meboutou - le secrétaire général du Sénat présenté lui aussi comme un proche du président, chief Endeley Mukete - patriarche emblématique vénérée des Bakwere et des Anglophones en général. Les coulisses signalent les passages de certaines autres personnalités dans ce bal de dignitaires à l’hôtel du chef de l’Etat ces derniers temps en Suisse.
C’est le cas de l’ancien ministre Edouard Akame Mfoumou dont le passage au ministère des Finances dans les années 1995 est cité comme une référence, et qu’on présente toujours comme un proche de Paul Biya malgré sa sortie du gouvernement il y a plus de 20 ans ; de Remy Ze Méka - l’autre élite du Sud qu’on dit très proche du cercle présidentiel ces derniers temps, ou encore de Jean Baptiste Béléoken - ancien chef de protocole sous Ahidjo et qui a aussi travaillé avec Paul Biya comme ministre des Domaines et des Affaires foncières dans les années 2008. Difficile d’être exhaustif sur le nombre de ces personnalités qui ont été aperçues à Genève autour de l’hôtel du chef de l’Etat ces derniers temps.
Remaniement
Même si rien n’a filtré de ces entretiens. Mais comme il est d’usage, les observateurs au parfum de ces «consultations», imaginent qu’elles auront porté, selon toute vraisemblance, sur des sujets d’actualité au Cameroun. En bonne place, la résolution de la crise anglophone pour laquelle, visiblement, le chef de l’Etat aurait voulu avoir les avis de ces dignitaires. On se rappelle que lors de l’une de ses dernières sorties médiatiques sur le sujet, le ministre Issa Tchiroma Bakary de la Communication et porte-parole du gouvernement, avait laissé entendre que le chef de l’Etat travaillait à la résolution de cette crise, en dépit des accusations de villégiature que d’aucuns croyaient déceler dans son séjour helvétique.
Il y a fort à parier que le chef de l’Etat, pourtant annoncé au pays en fin de semaine dernière, revienne avec des solutions en béton pour conjurer définitivement cette crise qui continue à mettre en péril le vivre ensemble qu’il n’a de cesse de prôner au Cameroun. A en croire nos sources, ces «consultations» de sortie de crise devraient se poursuivre une fois de retour au bercail, avec dans l’agenda présidentiel, des entretiens avec les présidents du Sénat et de l’Assemblée nationale. Préjugeant de quelques mesures à prendre pour dénouer cette crise, certains analystes évoquent toujours la forte probabilité d’un remaniement ministériel.
Principaux enjeux de ce changement de l’équipe gouvernementale, porter certains ressortissants des régions anglophones à quelques postes ministériels dits de souveraineté, afin de répondre aux complaintes portant sur leur sous-considération dans la structure gouvernementale. Mais aussi et surtout, trouver de nouvelles élites proches des populations et particulièrement de la foultitude de jeunes qui ont exprimé leur colère dans les rues des villes des deux régions les 22 septembre et le 1er octobre 2017. De nouveaux hommes politiques qui seront chargés entre autres d’animer le dialogue national serein que le chef de l’Etat, de même que certaines institutions internationales, appellent comme solution à cette crise dans les deux régions anglophones.
Toutefois, font relever quelques analystes éclairés, ce remaniement ministériel attendu ne viendrait pas juguler seulement la crise dite anglophone. Il s’impose désormais à leurs yeux comme une réponse à la conjoncture socio-politico-économique ambiante, marquée du sceau de l’austérité et de la crispation du climat social. De manière globale, le chef de l’Etat aurait à cœur de renouveler la classe politique actuelle dont certains ministres sont en poste depuis plus de 20 ans, une situation qui contribuerait à exaspérer certains esprits en mal d’affirmation et de nomination.