Au Cameroun, le village Ediki dans le sud-ouest en zone anglophone est vidé de ses populations qui ont fui les violences des hommes armés non identifiés qui ont envahi leur village. Dans la localité de Mbanga, à 303 km de Yaoundé, ces populations ont trouvé refuge.
Les pleurs d’un bébé, le regard apeuré d’une maman portant au rein son enfant, la mine resserrée d’une femme d’une quarantaine sonnée. À Mbanga, les déplacés sont inquiets de leur avenir.
Mbangaa vu déferler en trois jours, les 13, 14 et 15 avril, par voie ferroviaire, des centaines de ressortissants du village Ediki, située dans la région du sud-ouest en zone anglophone.
Tous ont fui des tirs d’armes à feu entendus dans leur village.
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« Alors que je m’apprêtais à faire à manger à mes enfants, j’ai suivi les coups de feu. Mon mari m’a demandé de prendre les enfants pour fuir », confie Bridgett Ekwalle à VOA Afrique.
Joseph Ambe a fait savoir que ce mouvement de panique « c’est chacun qui cherchait à prendre fuite. Certains ont sauté dans le train, et d’autres jusqu’à l’heure actuelle sont certainement encore en brousse ».
L’air quelque peu débité, depuis les incidents du village, Dorothy Kende se souvient avoir vu « une foule de populations courir vers moi. Les gens provenaient du carrefour du village et tous disaient, il faut courir ! J’ai aussi couru pour prendre mes petits enfants ».
La Croix rouge camerounaise mobilisée pour les premiers secours à Mbanga, Cameroun, le 22 avril 2018. | (VOA/Emmanuel Jules Ntap)
Arrivés à Mbanga, fortuitement par voie ferroviaire aux alentours « de 21 heures vendredi 13 avril », selon le sous-préfet de la ville, Amstrong Voh Buikame, c’est dans la salle de réunion du RDPC, le parti au pouvoir, que les déplacés du village Ediki ont été momentanément recasés.
Et des moyens de fortune ont été mis à leur disposition, pour le séjour dans la ville, impliquant ainsi au premier chef, la croix rouge camerounaise.
« Nous avons veillé à ce que les personnes à risque soient rapidement prises en charge, c’est-à-dire les enfants, les femmes enceintes. Nous leur avions aussi garantis d’une eau de bonne qualité, des repas froids et chauds. Ils sont tous en bonne santé hormis quelques cas internés à l’hôpital de district de Mbanga », a confié à VOA Afrique, Leopold Njeme, responsable départemental de la croix rouge du Mungo.
On compte deux nouveau-nés parmi les déplacés du village Ediki. Ils sont venus au monde, une semaine avant l’attaque du village.
Les mamans arrivées en état choc, ont été admises à l’hôpital de district de Mbanga. L’une des mamans porte des jumeaux.
Sur le site d’accueil, le sort de ces déplacés a fait naître un élan de solidarité nationale.
Les dons de toute nature proviennent de toutes part. Des vêtements envoyés par la croix rouge de la région du littoral. De l’argent frais aussi depuis la diaspora de la ville de Mbanga.
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Ce jour, par exemple, la fondation d’un ancien magistrat anglophone, Paul Ayah Abiné, emprisonné puis libéré au début de la crise anglophone, est venue remettre des denrées alimentaires par l’entremise de son fils.
« La fondation Ayah Ayah reviendra avec plus de dons et appelle d’autres camerounais à soutenir ces compatriotes », souligne son président Ayah Ayah Abiné.
Cependant, ajoute-t-il, « nous espérons que ces ressortissants du département de la Mémé vont rentrer chez eux et que la crise va aussi prendre fin bientôt ». Pour les autorités de la ville de plus réservées à parler aux médias, le pire a été évité, la gestion de ces déplacés est désormais sous contrôle, rassurent-elles.
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Hormis quelques départs en famille ou chez les proches, environs, 80 personnes déplacées du village Ediki, séjourneront encore à Mbanga pour quelque temps.
Le retour dans leur lieu de résidence respectif n’étant pas prévu pour demain.
Toutes ces personnes craignent pour leur vie. Une délégation nationale de la croix rouge camerounaise s’est rendue à Mbanga pour mieux évaluer la situation humanitaire des déplacés.