Actualités of Thursday, 14 September 2023

Source: www.camerounweb.com

Crise anglophone : un grand malheur annoncé, le sous-préfet de Ndu prend des dispositions

Le choix de la date n'était pas un hasard. Le choix de la date n'était pas un hasard.

Le sous-préfet de l’arrondissement de Ndu, département du Donga Mantung dans la région du Nord-Ouest a pris un arrêté limitant la circulation des voitures et des motos dans son unité de commandement. Ainsi, la décision du sous-préfet Adamu Shuaibu Ibrahim interdit la circulation des motos et des véhicules de 20h à 6h. Exception faite des véhicules administratifs ou de ceux appartenant aux forces de défense et de sécurité.

L’autorité administrative justifie cette décision par la nécessité de lutte contre l’insécurité, mais surtout le terrorisme des groupuscules séparatistes actifs dans la région.

Contexte

Le 1er octobre 1961, le Cameroun francophone et anglophone se sont officiellement réunis pour former un seul pays, la République fédérale du Cameroun, après que les Camerounais anglophones ont voté pour rejoindre le Cameroun francophone lors d'un plébiscite organisé par les Nations Unies le 11 février 1961.

Le 1er octobre est la date commémorant la réunification en 1961 du Cameroun sous mandat français et le Cameroun britannique – Southern Cameroon) pour former un pays fédéral.

Le système de gouvernement fédéraliste convenu par les deux parties ne durera qu'une décennie. Le pays l'a abandonné lors du référendum constitutionnel de 1972, installant un système centralisé qui a permis au pouvoir de se concentrer dans la capitale, Yaoundé.

« Les Anglophones disent avoir souffert d'une marginalisation accrue à la suite de ce référendum », a souligné maître Alice Nkom, avocate camerounaise.

Depuis 1972, les Anglophones qui représentent 20% de la population camerounaise, se sont mis à exprimer leurs frustrations car ils se sentaient largement marginalisés par la majorité francophone représentant 80% de la population.

En 2016, les frustrations se sont multipliées. Les avocats et les enseignants anglophones se sont mis en grève à Bamenda et Buea, les capitales des régions du nord-ouest et du sud-ouest.

Ils estiment que le gouvernement majoritairement francophone tente de détruire le système de common law et l'enseignement en anglais pratiqué dans ces régions du pays.

Les militaires adoptent une ligne dure, et les manifestations deviennent violentes. Les anglophones commencent alors à réclamer plus d'autonomie. Un mouvement séparatiste émerge, exigeant la sécession pure et simple et la création d'un nouvel État qu'ils appellent "Ambazonia".

Le 1er octobre 2017, des dizaines de milliers d'anglophones descendent dans les rues de plusieurs villes des deux régions anglophones pour proclamer l'indépendance de l'Ambazonie.

Le choix de la date n'était pas un hasard. Le 1er octobre 1961 est le jour où les Camerounais du Sud ont obtenu l'indépendance de la Grande-Bretagne.

La violence s'ensuit. Plus de 20 personnes sont abattues par les forces de sécurité et des centaines arrêtées, selon Amnesty International. D'après les chiffres du gouvernement, le nombre de morts s'élève à environ 10.

Le président du Cameroun, Paul Biya, maintient depuis le début que le pays restera "un et indivisible". Le président déploie l'armée dans les zones anglophones, s'engageant à "détruire tous ceux qui veulent diviser la nation".

Depuis plusieurs années, les séparatistes choisissent le 1er octobre pour mener des actions violentes d’éclat dans ces deux régions, d’où les mesures de sécurité prises. Le couvre-feu décrété par le sous-préfet de Ndu est d’ailleurs valable un mois, renouvelable.