Il y a quelques jours, une délégation du Cérac s’est rendue à Bayangam pour la rétrocession des équipements à une école et la remise des dons à certains groupes. La surprise reste la non désignation de Madeleine Tchuinté pour conduire ces opérations. La ” guerre des deux mondes ” fait rage dans le sérail. Enquêtes.
L’école catholique de Bayangam est en haut. Le Cercle des Amis du Cameroun (Cérac ) fondé par Mme Chantal Biya, épouse du Chef de [‘État y a fait une halte le 26 novembre dernier avec une hotte bien chargée. Dans celle-ci 11 salles de classes, 01 salle multimédia, deux bureaux, un bloc de 04 toilettes, des aires de jeux et le bitumage des voies d’accès, constituent l’essentiel des travaux de réhabilitation des infrastructures financés par le Cérac .
A côté de ces infrastructures, plus d’une trentaine d’associations ont bénéficié des dons susceptibles d’augmenter leur rendement, et l’insertion socio-professionnelle de leurs membres dans le cadre de la lutte contre la pauvreté. Il s’agit de brouettes, porte-tout, moto pompe, machettes, limes, houes, arrosoirs, moulins, machines à écraser, Motos, etc.
Rien de spécial jusque-là puisque c’est dans les missions de cette association qui bénéficie du statut de ’ ” l’utilité publique d’accompagner les actions du gouvernement aux quatre coins de la République sous la bannière de l’épouse du chef de l’État.
Ce qui est spécial dans cette affaire reste la désignation de Mme Célestine Ketcha Courtès pour conduire cette délégation en lieu et place de Madeleine Tchuinté, originaire de cette contrée de Bayangam. C’est un impair qui n’échappe pas à la vigilance des observateurs et des analyses de la scène politique locale et nationale.
Retour sur investissements
D’après nos sources, la mise à l’écart de Madeleine Tchuinté n’est pas un accident mais suit une logique qu’il faut comprendre cl mettre en parallèle dans la mouvance de la succession qui se prépare au sommet de l’État. Vétéran parmi les soutiens de Paul Biya, Madeleine Tchuinté ne fait pas partie des schémas, ou tout au moins, n’est pas bien cotée dans les cercles de décision proches de la Première Dame et de celui qu’une certaine opposition suspecte d’avoir déjà pris le pouvoir par procuration via un mécanisme de ” gré à gré ” qui fait jaser dans la presse.
En revanche Célestine Ketcha Courtès y est très appréciée. Bénéficiant ainsi du retour d’investissements d’un long travail de relations publiques et de petits pas auprès des cercles de la Première Dame et du Secrétaire Général de la Présidence. C’est un travail qui a commencé depuis très longtemps.
Élue Maire de Bangangté en 2007 en même temps que Mme Mboutchouang Rosette à la mairie voisine de Bangou, Célestine Ketcha Courtès avait été très bien inspirée de nouer de très bonnes relations avec la génitrice de Chantal Biya, suppléant même ses manquements par une pro activité remarquable. Quelques exemples pour illustrer : Ainsi quand Célestine Ketcha Courtés signe un contrat avec Hysacam pour gérer la salubrité de Bangangté, elle y ajoute un avenant pour étendre ses services à Bangou.
Dans la même lancée, le projet d’adduction d’eau que Célestine Ketcha Courtès réalise à Bangangté du temps de ses fonctions de maire en partenariat avec ” Veolia Environnement ” de France avait de même été étendu dans la commune de Bangou. Ces ” gentillesses ” et ” petits services ” de Célestine Ketcha Courtès en son temps de maire de Bangangté au bénéfice de Mme Mboutchouang Rosette, maire de Bangou ont laissé des traces longtemps après son décès, auprès de ceux qui cultivent son souvenir.
Notamment auprès de sa fille unique qui subit les ronflements nocturnes du chef de l’État.
Guerres des deux monde
Très appréciée par Chantal Biya, Célestine Ketcha Courtès l’est aussi de Ferdinand Ngoh Ngoh par incidences. Bien que détenant la confiance du chef de l’État dans l’accomplissement des missions qui lui ont été confiées, Ferdinand Ngoh Ngoh ne peut véritablement pas être condamné parce qu’il cherche à se constituer ses réseaux à lui. Et vu sous cet angle, la proximité générationnelle qu’il partage avec Célestine Ketcha Courtès, le pousse à plus compter sur elle que sur les vieux compagnons du ” Nnom gui “.
On a donc l’explication de la ” guerre des deux mondes ” qui fait rage en ce moment dans le sérail. Tous sont des Biyaistes, mais ils le sont différemment. La vieille garde des Madeleine Tchuinté, Jean Nkuete, Niât Njifendji (pour le cas de la région de l’Ouest- ailleurs les données sont les mêmes) étant plus que jamais fragilisée face à la montée des jeunes loups qui tissent leur toile en construisant leurs maillages sous la houlette de la Première Dame et de l’actuel Secrétaire Général de la Présidence.
On peut aussi y voir la difficulté que le chef de l’État a le pouvoir changer de gouvernement depuis si longtemps. Certains de ses vieux compagnons sont peut-être dépassés, mais il les connait et il connait leur sens de l’État. La fraicheur des jeunes cadres est prouvée, mais peut-il leur faire confiance au-delà du suivi des dossiers administratifs ? Certains ont prouvé qu’ils n’avaient aucun sens de l’État, à défaut de méconnaître même le pays. Le dilemme est là.
En inscrivant cette ” guerre des deux mondes ” dans le temps, il va s’en dire que la vieille garde ne part pas favori. Mais on serait imprudent de l’enterrer très vite. Les jeunes loups sont énergiques et vont vite, mais la vieille garde connait le chemin et ses raccourcis.-La source du pouvoir étant encore les manettes du parti présidentiel dont Paul Biya lui-même se donne pour devoir de limiter son accès aux fonctionnaires ” à qui il a donné le poste “(sic).
A cet effet, certaines sources que nous avons contactées dans le cadre de cette enquête, nous ont rapporté que l’attitude de Madeleine Tchuinté a été très appréciée face à l’impair dont elle a été victime. On aurait pu la voir étaler ses états d’âme et boycotter la cérémonie en prétextant ci ou ça. Elle y est allée à fond, offrant ses services à sa ” fille ” à qui les premiers rôles étaient dévolus de façon ” discrétionnaire “, Était -ce une épreuve qu’elle vient de braver ? Le poste au sein du cénacle du Rdpc de feu le sultan Ibrahim Mbombo Njoya est vacant, attendons donc de voir.