Une réunion de crise s'est tenue à huis clos le vendredi 14 février 2025 dans les locaux du Gouverneur de la Région du Sud, Félix Nguélé Nguélé. Selon des sources bien informées, cette réunion aurait été convoquée à la demande du ministre de la Décentralisation et du Développement Local (Minddevel), Georges Elanga Obam, afin de discuter des dysfonctionnements qui gangrènent le Conseil Régional du Sud.

Au cœur des discussions : le statut du personnel en astreinte, sans contrat de travail, et des arriérés de salaires impayés depuis plusieurs mois. À cela s'ajoutent des fonds, estimés à 2 milliards de FCFA, destinés à des projets régionaux, mais qui sont désormais en situation de forclusion. Un autre point d’ombre concerne un partenariat avec le ministère de la Santé, initié lors de la visite du ministre Manaouda Malachie à Ebolowa, et dont les retombées financières restent introuvables.

La gestion du Conseil Régional du Sud est régulièrement critiquée pour ses dérives. En effet, les observateurs sont souvent choqués par l’étalage de luxe des cadres de l’institution, avec des véhicules de type Prado flambant neufs, symboles d’une gestion jugée ostentatoire alors que les habitants de la région continuent de faire face à des difficultés socio-économiques majeures. « Avec le budget qu'ils dilapident, on pourrait distribuer gratuitement des sacs de riz 'Big Joe' à 15 000 FCFA jusqu'aux confins de Mobosso », déplore un citoyen local.

Les sessions du Conseil Régional du Sud ne sont pas non plus exemptes de tensions. La dernière session budgétaire de décembre 2024 a vu un mécontentement généralisé des conseillers régionaux, mécontents de leur traitement, au point qu'il a fallu l’intervention des forces de l’ordre pour rétablir le calme.

Dénonciations et frustrations autour de la gestion des fonds publics ne datent pas d’aujourd’hui. Les controverses autour de marchés publics, comme celui des rideaux pour un montant faramineux, ou encore le détournement de 8 millions de FCFA alloués aux artistes lors du festival « Couleurs du Sud », continuent d’alimenter les rancœurs. Les voix qui se sont élevées pour dénoncer ces abus, souvent traitées d'« affamées » ou d'« ennemis du Sud », subissent aujourd’hui des intimidations et des menaces téléphoniques.

Malgré cette situation, tout n’est pas sombre au sein du Conseil Régional du Sud. Des figures compétentes existent, mais semblent écartées des cercles décisionnels pour des raisons obscures. Parmi elles, Éric Gervais Ndo, récemment décoré au nom du Chef de l'État, est souvent cité en exemple pour son dévouement et son engagement pour le développement de la région. « Il a le profil, il porte une vision, sans démagogie », affirme une source interne.

Alors que la population du Sud continue de souffrir du manque criant d'infrastructures sociales de base, la réunion de crise avec le gouverneur vient redonner un espoir fragile. « Ce que nous attendons, c'est que les projets en faveur des jeunes, des personnes handicapées et des anciens, qui sont souvent laissés pour compte, puissent enfin voir le jour », a souligné un habitant de la région.

L’heure est donc à l’attente d’un véritable changement, alors que le Chef de l'État, chantre de la décentralisation, avait promis de rapprocher l'administration des administrés. La réunion de crise du 14 février pourrait être le point de départ d'une gestion plus transparente et orientée vers les besoins réels de la population. Mais la question reste : les promesses seront-elles tenues cette fois-ci ?