De mouvement contestataire redouté à organisation fragmentée, la Brigade anti-sardinards (BAS) traverse une crise existentielle majeure. Une enquête approfondie de Jeune Afrique révèle les dessous d'un effritement qui menace désormais la survie même du mouvement.
Le magazine panafricain retrace le parcours impressionnant de cette organisation qui, en 2019, avait réussi à faire trembler le pouvoir camerounais jusqu'à Genève et New York. Des ambassades saccagées aux voyages officiels perturbés, la BAS s'était imposée comme une force d'opposition redoutable dans la diaspora.
"Nous avons perdu en quantité, mais gagné en qualité", confie à Jeune Afrique le "Général Wanto", tentant de positiver une situation que beaucoup jugent préoccupante. Le journal révèle que cette perte d'influence s'explique notamment par l'essoufflement de l'effet "coup de colère" qui avait initialement attiré de nombreux militants.
Les divisions internes, minutieusement documentées par l'enquête de Jeune Afrique, se manifestent à plusieurs niveaux. Le cas de "Kamoua la Panthère" est symptomatique : après avoir été cité par la chanteuse Grace Decca dans une controverse, ce qui aurait dû renforcer son leadership, il s'est retrouvé fragilisé par les suspicions de ses propres alliés.
Plus inquiétant encore, le magazine révèle l'existence de possibles rapprochements entre certains membres de la BAS et des factions du pouvoir camerounais. "Certains se rapprochent de l'adversaire, non en tant qu'alliés, mais pour éventuellement déstabiliser certaines figures du pouvoir", confie une source citée par Jeune Afrique.
Le mouvement se trouve aujourd'hui divisé en trois tendances distinctes, selon l'enquête : les "radicaux" prônant l'action violente, les "réformistes" favorables à des actions modérées, et les "opportunistes" accusés de trahison par les deux premiers groupes.
Calibri Calibro, figure marquante du mouvement, tente de transformer cette fragmentation en atout, expliquant à Jeune Afrique que "la BAS s'est transformée en une idéologie décentralisée". Une vision que partage Robert Wanto, qui évoque une "coalition de divers mouvements" plutôt qu'une organisation unitaire.