Depuis les manifestations du 22 Mai par les étudiants de ladite école, les portes sont restées fermées. C’est à peine que l’on aperçoit l’ombre d’un apprenant devant cette école aujourd’hui qui montait déjà en puissance. L’Etat du Cameroun épinglé par les responsables du centre pourrait-il sévir face à la supercherie ?
L’Ecole des Eaux et Forêts d’Afrique Centrale (EEFAC) ou mieux, le Centre de Formation Professionnelle aux Métiers de la Foresterie de Bafoussam (CFPMF) est sous les feux du projecteur depuis bientôt un mois. Les étudiants de la 3e promotion en cours viennent de manifester leur mécontentement par un mouvement d’humeur devant les responsables de l’établissement et un sit-in devant les services du gouverneur de la région de l’Ouest. Ils dénoncent en fait la tournure que semble avoir pris ce Centre qui, au départ, était une école des eaux et forêts avec possibilité d’intégration par l’Etat du Cameroun au même titre que ceux des étudiants formés à l’Ecole Camerounaise des Eaux et Forêts, et qui subrepticement, est transformée en Centre de formation professionnelle aux métiers de la foresterie. Ce qui n’est pas du goût des étudiants qui digèrent mal cette tournure. « On a payé nos pensions et après cela on voit surnommer centre de formation professionnelle aux métiers de la foresterie, or nous étions venus pour un but », relate un étudiant qui requiert l’anonymat.
La curiosité des uns et des autres commence à se réveiller lorsqu’il fallait changer les écrits sur le portail du centre. C’est en ce moment que les questionnements ont commencé par ces centaines d’apprenants. Ils venaient de partout, de très loin, et même au-delà du territoire camerounais. Beaucoup ayant laissé tomber leurs professions, avec la ferme conviction qu’à la fin de la formation à Bafoussam, ils pourront enfin réaliser leur rêve, celui de travailler pour le compte du Ministère de la Faune et de la Forêt. Les frais de 400 à 500 000Fcfa/an pour une durée de deux ans de formation, ne constituaient aucun problème, car l’essentiel pour eux étaient les diplômes de fin. « Nous avons accepté de payer cette pension, mais actuellement, nous avons vu qu’il y a contradiction », indique le même étudiant, visage plein de chagrin et de regret et qui ajoute : « Je viens de Kousseri, me voici ici, je suis chauffeur du tracteur. Me voici venu ici pour une formation des eaux et forêts d’Afrique centrale. L’école nationale forme pendant un an, on arrive ici on nous dit c’est deux ans, on accepte et après on vient changer encore le nom. L’agrément est expiré depuis 2014 ».
Jeux des dupes!
Les apprenants après avoir tout abandonné s’insurgeant contre cette campagne de grosses arnaques des promoteurs, se seraient rendus aux services du gouverneur, exprimer leur rat-le bol. De toutes les réactions, il ressort que ces apprenants n’ont qu’un seul souhait, se voir intégrés par l’Etat. Au moment de ces revendications, l’administration de l’école, reconnaissant quelques faits dénoncés par les apprenants, ne pouvait que se défendre, avec un doigt accusateur sur la tutelle. « Il ya des revendications qui sont fondées, il y en a qui ne sont pas fondées. Celles qui sont fondées c’est le changement de la dénomination qui dépend de l’administration, qui a donné l’ordre, et les enfants estiment que ça dilue leur formation », a déclaré Jules Enongue, conseiller spécial EEFAC/Bafoussam.
À la fin de la formation, chaque apprenant est alors tenu à avoir un diplôme de qualification professionnelle, ce qui ne cadre plus avec l’idéal de départ et remet en cause l’authenticité, estiment les apprenants. Côté centre, il n’y a aucun doute à se faire quant à la fiabilité car les promotions précédentes ont reçus des parchemins similaires. « Les parchemins sont visés par le ministre de l’emploi et de la formation professionnelle. L’école existe depuis trois ans, elle a formé deux vagues qui ont eu les mêmes parchemins et qui n’ont pas de problème. Aujourd’hui, il est hors de question que ceux qui sont venus et qui auront les mêmes attestations trouvent que leur formation est diluée », ajoute le conseiller spécial, Jule Enongué.
Le changement de la dénomination qui est venu jeter la poudre au feu n’est qu’intervenu en milieu d’année, mais n’a aucun impact sur les modules de formation, indique le conseiller spécial. Ce qui est loin de dissuader les apprenants. Aussi, l’agrément obtenu le 1er Aout 2014 est caduc comme le reconnait également Jules Enongue. « Jusqu’à présent ce sont des lettres que nous avons reçu en disant de changer les dénominations. Mais en réalité nous n’avons pas encore reçu de l’Etat camerounais le nouvel agrément. Nous fonctionnons avec l’ancien agrément », preuve s’il en est besoin qu’il y’a quelque chose qui ne va pas. Bien que Serge Stéphane Kuatse, promoteur de l’établissement entendu à la légion de Gendarmerie de l’Ouest évoque l’hypothèse selon laquelle ces étudiants ont tout simplement été montés contre lui par les dirigeants d’un établissement concurrent. Reste à vérifier.
Cette actualité remet au goût du jour la lancinante question des établissements et centres de formation qui écument nos cités aujourd’hui. Cependant, La principale question que l’on se pose actuellement restant dans le cas de l’EEFAC, concerne l’avenir de ces jeunes qui ont bénéficié de la formation militaire et qui sont actuellement au quartier à déambuler dans les rues de la capitale régionale, après le forfait. La seule alternative qui pourrait sauver cette situation serait alors de les reverser dans l’armée tel que semble indiquer une source encore non officielle. Au cas contraire, ils pourraient constituer un danger pour la société.