L’adjudant-chef major Tchi Tambe a déclaré jeudi devant le Tribunal militaire de Yaoundé avoir subi les attaques des manifestants sortis pour empêcher la tenue d’un meeting du RDPC.
Le procès de Mancho Bibixy et d’une dizaine de manifestants anglophones s’est tenu jeudi, 26 octobre. L’audience était consacrée à la poursuite de l’audition des témoins du ministère public. C’est l’adjudant-chef major Tchi Tambe qui s’est soumis aux interrogatoires et contre-interrogatoires des avocats des différentes parties. Il a raconté les évènements auxquels il a assisté le 08 décembre 2016 à Bamenda. A ce moment, ce sous-officier assumait les fonctions de chef de bureau renseignement, transmission et sécurité. L’intégralité de son témoignage…
« Le 08 décembre 2016, j’étais à mon bureau. Le colonel Guy Beyene a fait appel à moi pour conduire son véhicule de service parce qu’il n’y avait personne d’autre au poste. Nous sommes allés vérifier le dispositif sécuritaire mis en place à l’occasion du meeting du RDPC. Sur le terrain, nous avons trouvé un groupe de jeunes qui nous ont directement attaqués à l’aide de projectiles de toutes sortes. Nous avons été obligés d’effectuer un demi-tour et nous nous sommes dirigés vers T. junction.
Là-bas aussi, nous sommes tombés sur des manifestants qui avaient érigé des barricades. Ils semblaient hors d’eux-mêmes. J’ai dû traverser une barrière de feu pour pouvoir fuir vers la place des fêtes. Nous y avons trouvé un troisième groupe d’assaillants en furie. La voiture a été bousillée. Tous les pare-brises ont été détruits. Moi-même j’ai été victime parce que mes lunettes médicales ont été détruites. J’ai dû en acheter d’autres.
Les assaillants ne voulaient pas que la manifestation du RDPC se tienne. Déjà une semaine avant, des tracts avaient circulé sur le sujet dans la ville. Une équipe de gendarmes a été dépêchée et ils ont procédé, sur place, à des interpellations. On n’est pas passé dans les domiciles pour arrêter les gens. On ne le pouvait même pas parce qu’il n’y avait pas moyen. Les personnes interpellées ce jour-là ont été conduites à la légion où elles ont été détenues avant d’être conduites, par avion, vers Yaoundé».
Pouvez-vous identifier l’un de vos agresseurs parmi les inculpés ?
« Je ne peux identifier personne pour la simple raison que ce jour-là, je me battais pour sauver la vie de mon patron ainsi que ma propre vie. Ces gens étaient vraiment enragés. Je ne pouvais pas identifier qui que ce soit. C’est comme si vous prenez un chasse-mouche pour tuer une mouche. Dès que vous l’avez fait, dites-moi quel est le bambou qui a tué la mouche. Ce qui est sûr c’est que ce jour-là, les troupes ont interpellé des gens sur le terrain et ce sont ceux qui sont supposés avoir vandalisé la Fortuna de service dans laquelle nous nous trouvions».
Au sujet de Mancho Bibixy
« Une semaine avant le 08 décembre, on avait scellé la radio « Hot coco » dans laquelle Mancho Bibixy travaillait, parce qu’il y diffusait des messages xénophobes. C’était lui qui incitait les foules à la haine des francophones. Il était comme le leader. Quand j’ai commencé à travailler à Bamenda, en novembre, Mancho a organisé une marche au cours de laquelle il a fait une sortie dans un cercueil blanc.
Ses camarades et lui reprochaient certaines choses au gouvernement et, finalement, les choses ont pris une autre tournure, c’est devenu comme un trouble à l’ordre public. Quand on l’a interpellé, ses fans ont fait pression sur les forces de l’ordre pour le relâcher. Donc le 08 décembre, ce n’était que la continuité de ce qui avait déjà commencé ».
D’autres témoins seront entendus le 30 novembre 2017 au Tribunal militaire de Yaoundé. Ils sont au nombre de 14 sur les 17 témoins présentés par le commissaire du gouvernement.