Actualités of Sunday, 17 January 2016

Source: cameroon-info.net

Déclassification des archives: Ça bouge à Paris !

Paul Biya et Francois Hollande Paul Biya et Francois Hollande

En visite d’Etat à Yaoundé le 03 juillet 2015, le Président français François Hollande avait brisé le tabou en évoquant ces douloureux moments des relations franco-camerounaises. «C’est vrai, avait-il reconnu, qu’il y a eu des épisodes extrêmement tourmentés, et tragiques mêmes.

Puisqu’après l’indépendance, il y a eu une répression en Sanaga maritime, au pays bamiléké et nous sommes, comme je l’ai fait partout, ouverts pour que les livres d’histoire puissent être ouverts; et les archives aussi», avait-il déclaré. Depuis cette annonce, où en est-on concernant ce dossier ?

Selon le quotidien Mutations n°4064 en kiosque vendredi 15 janvier 2016, qui cite une source diplomatique, «aucune démarche n’a de manière formelle été faite dans ce sens par le gouvernement camerounais à la France». L’on apprend dans les colonnes du journal que l’UPC (Union des Populations du Cameroun) a dans les semaines qui ont suivi l’annonce de François Hollande, «adressé deux ou trois correspondances pour demander cette déclassification des archives».

Mutations fait également savoir que côté français, les choses évoluent, «les ministères concernés tiennent des réunions sur le sujet à Paris et le processus de regroupement des archives se poursuit».

Les départements ministériels en question sont ceux de la Défense (Jean-Yves Le Drian), sous la responsabilité duquel travaille Jean-Marc Todeschini, le secrétaire d’Etat chargé des Anciens combattants et de la Mémoire; le Ministère des Affaires Etrangères et du Développement International (Laurent Fabius); et celui en charge des Outre-Mer chapeauté par George Pau-Langevin. La France se propose outre la restitution des documents physiques au Cameroun, de financer des bourses d’études des chercheurs sur le sujet. Une option qui ressemble à celle retenue à l’époque pour l’Algérie. L’ouverture de ces archives pourrait intervenir courant 2016, selon les sources du journal.

Pour Achille Mbembe, historien et théoricien de la post colonie, «ouvrir les archives françaises ne servira strictement à rien tant que nous ne nous serons pas engagés dans ce geste de reprise et de refondation qui consiste à inscrire dans une lignée ceux qui ont été immolés pour que ce pays puisse répondre de son nom propre devant le monde (…) pour la France, ouvrir les archives était le minimum. Cela ne coute rien. Les choses sérieuses ne pourront commencer que si les victimes des atrocités commises par la France dans notre pays trouvent enfin justice. Ouvrir les archives n’a de sens que si en fin de compte la justice est rendue», lit-on dans le journal à capitaux privés.