Actualités of Tuesday, 29 August 2023

Source: Terre promise N°151

Débats télévisés au cameroun : Logiques de casting à problèmes

Elles sont devenues des rendez-vous culte dans l’agenda du week-end Elles sont devenues des rendez-vous culte dans l’agenda du week-end

En ouvrant leurs antennes à la parole publique autour des sujets d’intérêt général, les chaines de télévision ont créé des espaces médiatiques de délibération grand public. La volonté légitime d’user à fond du principe de la contradiction est cependant minée par des connivences entre les journalistes, les hommes politiques et les acteurs sociaux.

Elles sont devenues des rendez-vous culte dans l’agenda du week-end des travers l’espace public médiatique des débats télévisés. La télévision est vectrice de puissance et d’influence, certains l’ont si bien compris qu’ils mettent donc en place des logiques et des stratégies pour monopoliser cet espace public. Ce n’est pas un hasard si on aura remarqué depuis 2011 au moins, la présence quasi systématique d’un haut cadre du ministère de la Communication sur certains plateaux de débats télévisés, à titre personnel ou officiel. Le ministre de la Communication, faut-il le rappeler, est le Porte-Parole du gouvernement de la République. Une analyse des catégories d’acteurs des débats télévisés et des fréquences de leur invitation fait apparaitre des acteurs dominants. Ce sont les hommes politiques, du pouvoir comme de l’opposition, et les hommes de médias. Les logiques de casting dépendent, d’une part, de la relation que le promoteur du média entretient avec les acteurs du pouvoir et, d’autre part, des rapports particuliers que les journalistes entretiennent non seulement avec les acteurs sociaux, mais aussi avec la hiérarchie du média.


Sur le plateau, on observera que certains journalistes tiennent à l’équilibre des débats, en veillant particulièrement sur le principe du contradictoire et sur le temps de parole. Mais, on notera aussi que certains hommes de médias présentés comme consultants au départ ont du mal à garder le recul nécessaire dans les débats et finissent par se perdre dans des postures militantes. Dans les coulisses de la préparation des émissions, l’invitation est souvent tributaire de la relation qu’un acteur social a avec le présentateur de débat ou avec le dirigeant du média. La liste du panel est validée en haut lieu, en fonction des accointances politiques du patron du média et elle s’impose au journaliste. Mais, autant les médias ont besoin des invités pour meubler leur plateau de débats, autant ces acteurs sociaux ont aussi besoin de la télévision pour leur visibilité ou pour asseoir une quelconque légitimité. A ce tableau, il faut ajouter les intrusions des acteurs politiques, notamment du pouvoir, pour tenter de caporaliser les journalistes, à coup d’injonctions, d’embargo et d’intimidations.

C’est le terrain de toutes sortes de négociations et de connivences qui finissent par affecter la sincérité des débats télévisés. Une espèce se fait rare sur ces plateaux de débats télévisés au Cameroun : c’est celle des experts. La tendance est de privilégier des acteurs au profil sulfureux et politiquement marqué. La conquête d’une audience séduite par le populisme impose le profil, semble-til. Mais, cela vaut malheureusement de nombreux procès et sanctions aux médias, en raison des dérapages constatés sur les plateaux.