Jeune Afrique rapporte un moment historique pour le Cameroun, celui de la démission du président Ahmadou Ahidjo le 4 novembre 1982. Jean-Claude Ottou, alors rédacteur en chef à la Radiodiffusion nationale et présentateur vedette du journal de 20 heures, partage ses souvenirs de cette journée inoubliable.
Le 4 novembre 1982 s'annonçait comme une journée ordinaire pour Jean-Claude Ottou. Il commence sa journée à 8 heures à la Maison de la radio, avec une première conférence de rédaction à 10 heures. Les locaux de la station sont mitoyens de ceux du Premier ministre Paul Biya, et les fenêtres de son bureau donnent sur la cour de la primature.
Toutefois, quelque chose d'inhabituel attire son attention. Abel Mbengue, un de ses collègues, signale un nombre inhabituel de voitures officielles se rassemblant dans la cour de la primature, laissant présager des consultations pour un remaniement ministériel.
Vers 16 heures, Jean-Claude Ottou reçoit un appel de la présidence de la République, demandant qu'une équipe de techniciens soit envoyée d'urgence pour un enregistrement. Alexandre Kokoh à Messe, directeur de la radio, se rend sur place accompagné d'un ingénieur du son. Une heure plus tard, Kokoh à Messe revient, porteur d'une nouvelle qui secoue l'équipe : le président de la République démissionne.
La voix d'Ahmadou Ahidjo sur une bande magnétique annonce sa démission, et l'effet sur l'équipe de journalistes est stupéfiant. Il leur faut se ressaisir rapidement pour préparer le journal de 20 heures avec cette nouvelle majeure.
La préparation du journal implique de sécuriser la bande magnétique, de la copier pour éviter tout risque de perte, et de nettoyer les bruits indésirables. Jean-Claude Ottou, tremblant, place la bande dans un magnétophone pour écouter la voix du président annonçant sa démission. La nouvelle secoue toute l'équipe, qui prend conscience de l'importance de ce moment dans l'histoire du pays.
La diffusion du journal à 20 heures est un moment intense, renforcé par l'indicatif patriotique en boucle en arrière-plan. Jean-Claude Ottou déclare succinctement l'importance de l'annonce et laisse la voix d'Ahmadou Ahidjo parler aux Camerounais.
Après la diffusion, Jean-Claude Ottou et un collègue décident de parcourir les rues de Yaoundé pour mesurer l'impact de la démission sur la population. La ville est inhabituellement déserte, les habitants semblent effrayés. Cette nuit-là, les rues de Yaoundé sont vides, laissant une atmosphère de peur et d'incertitude planer.
La démission d'Ahmadou Ahidjo a marqué un moment charnière dans l'histoire du Cameroun, et Jean-Claude Ottou a été témoin de ces instants qui ont façonné le destin du pays.
Ce récit de Jean-Claude Ottou, rapporté par Jeune Afrique, capture la tension et l'émotion de ce jour historique où un président a annoncé sa démission, entraînant des bouleversements majeurs dans le pays.