Le joueur lui, a fait son choix. Il est prêt a garder les buts des Lions indomptables du Cameroun qui participe à la CAN dans quelques mois en Côte d'Ivoire.

Mais son club est-il prêt à le laisser pendant plusieurs semaines pour aller jouer à la Coupe d'Afrique des Nations? C'est la question que se pose le journaliste sportif Martin Camus Mimb dans une tribune publiée ce lundi 1er novembre 2023.

Dans sa tribune que le journaliste qualifie de consultation gratuite, il dénonce la pression des clubs sur les joueurs africains.


"Voici exactement ce que Daily Mail Sport écrit ce matin au sujet de André Onana : « Andrè Onana is believed to be willing to go to AFCON with Cameroon in January. ». Traduction : « André Onana serait prêt à se rendre à la CAN avec le Cameroun en janvier ». Entre les lignes, comprenez très bien qu’au club de Manchester United, il y aurait un débat sur la question. Incroyable non ? Et dans une traduction plus fidèle, « believed » ici a le sens de « Espère ». Pourquoi y aurait-t-il des incertitudes pour ce qui parait évident à nos yeux ?

Eh bien, parce qu’il n’y a aucun club qui laisse partir ses titulaires à la CAN à cette période de bon cœur. C’est pourquoi la FIFA a tenté de faire céder la CAF pour que la compétition se déroule en Juin, avant de se rendre compte qu’il ne s’agissait pas d’une fantaisie de calendrier, mais d’une gestion des saisons et des intempéries.

Beaucoup de joueurs africains ont des clauses non écrites dans leurs contrats pour se mettre à la disposition entière de leurs clubs avec des compensations financières. Aujourd’hui, l’argent fait l’affaire, mais avant, le chantage de perdre sa place était évident. Beaucoup de carrières d’Africains ont été bousillées ainsi, à cause de leur attachement à leurs sélections. Ceux qui ont prospéré à une certaine époque, avaient juste un talent incontournable.

Qui ne se souvient pas de Joseph Antoine Bell faisant des navettes entre Marseille et Casablanca en pleine CAN en 1988 ou Thomas Nkono, rentré en Espagne en 84 pour aider son club pour ne plus revenir ? D’autres prennent des retraites internationales diplomatiques, qui leur permettent juste de blinder leurs carrières en club. En 2017 par exemple lorsque le jeune Zambo Anguissa qui vient d’exploser à Marseille ou André Onana qui sort la tête de l’eau ne sautent pas sur l’opportunité de la CAN, c’est aussi pour assurer leurs arrières dans un environnement où le chantage est permanent. La suite de leurs carrières leur a donné raison.

Mais la question est : pourquoi le calendrier international ne s’adapte pas à la CAN ? Avec une trêve de deux à trois semaines ? D’abord c’est une histoire de respect et de considération. Ensuite parce que quand la Can coïncide avec l’année de leurs compétitions (Euro, Copa, Coupe du monde), la gestion calendaire devient démentielle.

C’est pourquoi l’idée de la Can les années impaires a prospéré, sans régler de façon définitive le problème. Le risque sera désormais d’avoir des CAN sans vraies talents, si la régénération des talents à la dimension des Eto’o, Drogba, Adebayor, Essien, Geremi et autres Mane et Salah n’est pas rapide. Parce que à leur niveau de talent, aucun chantage ne peut fonctionner. Mais pour ceux qui sont moyens, la CAN deviendra un objectif secondaire. Consultation gratuite !"