Le 15 janvier 1971, à 47 ans, Ernest Ouandié, vice-président de l’Union des populations du Cameroun (Upc) est tué à coups de feu sur la place publique à Bafoussam par un peloton de tireurs. Il avait au préalable fait l’objet d’un “ procès ” pour rébellion et trahison, à l’issue duquel il fut condamné à mort.
Président du comité révolutionnaire et chef d’état-major de l’aile combattante du parti, il était l’une des dernières figures de ce parti pourchassée par le pouvoir d’Ahmadou Ahidjo qui avait déclaré l’Upc illégale depuis 1955.
Il avait été arrêté le 19 août 1970 à Mbanga, et soumis à un interrogatoire musclé mené de main de maître par Jean Fochivé, alors tout puissant patron de la police. Il fut présenté par la radio d’Etat comme un traître de la République, et sa sentence était prononcée avant le procès. Avant lui, les autres leaders étaient déjà passés par la trappe du pouvoir d’Ahidjo, soutenu par la puissance coloniale. Um Nyobé le 3 septembre 1958, Félix Roland Moumié le 15 octobre 1960, Ossendé Afana le 10 mars 1966.
Selon les témoignages, le jour de son exécution, Ouandié refusa le bandage des yeux comme de coutume, préférant affronter la mort en face. Son exécution consacrait ainsi, selon le pouvoir, la fin de l’Upc. Mais Ahidjo et ses soutiens français s’étaient trompés, la graine révolutionnaire était plus enfoncée dans le peuple qu’ils ne l’imaginaient.