Acompter du 1er décembre 2017, Alain Ripert ne sera plus le directeur général de la Banque internationale du Cameroun pour l’épargne et le crédit (Bicec). Le 4 novembre dernier, il a remis sa démission au Conseil d’administration. Le Jour n’a pas obtenu copie de la lettre de démission en question, et aucune information ne filtre sur les motivations de cette décision qui intervient après d’autres départs précipités, en pleine crise consécutive à la découverte d’un trou d’environ 50 milliards de Francs CFA dans les comptes de la succursale camerounaise de la Banque populaire caisse d’épargne (BPCE).
Pour le moment, l’on sait que Monsieur Ripert va quitter le Cameroun entre le 1er et le 3 décembre 2017. « Le DG s’en va effectivement. Un dîner d’adieu lui a été offert ce week-end », confirme confus, un cadre de BICEC, qui n’en sait pas plus. Depuis mars 2016 et l’annonce d’une fuite de plus de 50 milliards dans les comptes de la banque, rien ne va plus entre l’Etat du Cameroun et les dirigeants Français de la BICEC.
Les anciens dirigeants de la banque française attendus devant les juges de Douala n’ont pas déféré aux convocations. Une plainte a été déposée et des cadres camerounais dont l’ancien directeur général adjoint ont été placés sous mandat de dépôt à la prison de New-Bell. Sauf que plusieurs personnages clés dans la gestion de la banque ont été maintenus hors de cause par le plaignant. « Depuis le début de l’affaire, le président du Conseil d’administration, Jean Baptiste Bokam qui est en poste depuis plus de 20 ans n’a pas été entendu », observe l’un des enquêteurs ayant suivi le dossier depuis le début du scandale.
Pour la BICEC, ce qui apparait clairement comme un détournement de fonds en bande organisée est plutôt une malversation financière imputable aux responsables camerounais de la banque visés par l’action judiciaire en cours. Le 18 mai 2017, le président de la République Paul Biya a ordonné un audit des comptes de la Bicec.
Cette demande est restée lettre morte, en dehors d’un rapport de l’Agence nationale d’investigation financière transmise aux plus hautes autorités entre juillet et septembre 2016. Le Jour a appris que le rapport en question détaille, entre autres, des prises d’intérêt dont se seraient rendus coupable sept responsables français et camerounais de la banque, des crédits de complaisance, des services financiers indus, la non concordance des chiffres étalés sur plusieurs exercices, l’utilisation transversale des fonds entre succursales de Bpce, des faux en écriture etc...
Pourquoi l’audit instruit par le président n’a-t-il pas été fait et pourquoi l’enquête judiciaire maintient-elle hors de cause plusieurs personnes ayant un rapport direct avec les comptes querellés ?
Difficile de savoir. Diverses sources affirment qu’avec le départ d’Alain Ripert de la tête de la BICEC, le dossier en justice pourrait recevoir des éléments nouveaux.