En catimini, le président de la République vient de prendre une série de dérogations spéciales, non rendues publiques, qui accordent des prorogations de départ à la retraite à des préfets.
Dans la préfectorale, le père noël est en avance cette année. Et ce n’est pas la seule surprise : il a aussi les traits de Paul Biya, président de la République du Cameroun et patron de l’administration publique. Il y a quelques semaines, les préfets recevaient une correspondance qui allait ravir leurs cœurs. Pas tous, seulement ceux qui avaient atteint l’âge légal de départ à la retraite.
La dérogation spéciale du président Paul Biya annonçait en substance que le chef de l’Etat prolongeait de quelques années encore leur carrière administrative et de fait, à la tête de leurs postes de travail. Les textes qui accordent ce bonus n’ont pas été dévoilés. Le courrier étant adressé intuitu personae, et remis par les soins des services du ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation.
Ce sont les cris de joie et les youyous des proches des récipiendaires qui font connaître cette autre magnanimité du chef de l’Etat aux chefs de terre, ses « grands électeurs ». Les services de l’Administration territoriale ne démentent pas l’information, et reconnaissent en confidence que certains préfets et sous-préfets ont bénéficié d’une rallonge, pour ce qui est de leur départ à la retraite. Une liste de ces chanceux est disponibles au sein du ministère de l’Intérieur à la camerounaise, et quelques noms filtrent.
Certains agents de cette administration laissent entendre que les préfets des départements de l’Océan (Région du Sud), de la Kadey (Région de l’Est), de la Mefou-et-Akono, du Dja-et-Lobo sont concernés par cette mesure. Dans cette liste, en bonne place, nous informe notre interlocuteur, Jean-Claude Tsila, préfet du Mfoundi, qui a dépassé depuis quelques années, les 55 ans requis pour officier à ce poste.
Premier ministre
En avril dernier, le président Paul Biya effectuait un mini-réaménagement dans le corps préfectoral. De nouveaux hommes étaient promus secrétaires généraux des régions, des préfets et sous-préfets. Six préfets et une vingtaine de sous-préfets étaient mutés. A l’exception du sous-préfet d’Ebebda, André Yong atteint par la limite d’âge, mais néanmoins « relevé de ses fonctions », et de Hamadou Baba sous-préfet de Bourrha ; les autres, 38 autres sous-préfets ayant dépassé les 55 ans, n’ont pas été concernés par ces nominations du président de la République.
Plus tôt dans l’année, c’était les gouverneurs qui étaient aux petits soins. Une dotation « spéciale », du chef de l’Etat accordait à ses dix représentants dans les régions, deux véhicules chacun. Il faut noter que la pratique de la prorogation est devenue courante au sein de l’administration publique. Fin 2015, le Premier ministre instruisait son gouvernement de mettre fin à ces rallonges au sein de l’appareil d’Etat. Depuis plus d’un mois déjà, la dérogation spéciale du chef de l’Etat dans la préfectorale permet désormais aux bénéficiaires de couler encore quelques années au sein de la fonction publique. Jusqu’à la prochaine dérogation…