L’un des griefs portés contre le promoteur de l’hôtel Hilton responsable des démolitions à Dikolo est l’absence d’entente préalable avec les populations locales. Et pourtant une convention portant aménagement et accompagnement social à Dikolo a été signée par le chef supérieur du canton Bell et la société Immigration and Business Canada Sarl le 24 avril 2022.
Le document stipule que le promoteur accepte et s'engage à verser à toutes les populations concernées par l’expropriation, un accompagnement financier représentant l'équivalent de 12 mois de loyers fixés forfaitairement selon le tableau prévu à l'annexe 1. Il est à noter que les frais y relatifs seront versés de moitié dans les 48 heures de la signature de la présente tel qu'indiqué et le solde 60 jours à compter de la signature".
Les populations expropriées bénéficieront également "des frais de déménagement et de démobilisation dont le montant sera déterminé forfaitairement selon les modalités prévues en annexe 2." Les populations qui auront bénéficié de ce financement s'engagent selon les termes de la convention " à libérer et à démobiliser le site dans les 15 jours sans aucune forme de procès. En cas de retard ou de refus de libérer dans le délai convenu, ces derniers reconnaissent qu'ils s'exposent à leur déguerpissement à tout moment et à leur frais sans préjudice de poursuite.
Pour faciliter la relocalisation des population expropriées, le promoteur s'engage à « accompagner la chefferie et les populations dans la recherche et l'attribution de terres compensatrices sur le domaine privé de l'Etat ou sur le domaine national aux alentours géographiques proches de la langue douala pour éviter de déculturer les populations et de les éloigner de leurs terroirs naturels.»
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Arrêt des travaux
Les familles déguerpies, les élus, les chefs traditionnels et les médias ont pris part samedi 28 mai 2022 à la réunion convoquée par le gouverneur du Littoral dans la salle des Banquets à Bonanjo. Sentant la tension à son plus haut niveau le maître des lieux, le Gouverneur de la Région du Littoral Samuel Dieudonné Ivaha Diboua a su choisir les mots qu’il fallait. Il a d’entrée partagé les peines des populations déguerpies et rassuré ces dernières qu’une solution sera trouvée à leur situation.
« Les casses conséquentes des maisons sur ce site pour la construction d'un édifice hôtelier ont créé un émoi certain au sein de la Communauté Belloise, au sein de la population de Douala, sans laisser indifférent le reste du monde par voie des réseaux sociaux et du Gouvernement de la République (…) Au demeurant, le Gouvernement de la République ne saurait rester sourd à l'appel de détresse d'un individu, d'un citoyen, d'une communauté, aussi voudrais-je solennellement présenter nos sincères regrets aux personnes impactées par ces profonds préjudices et les mesures adéquates qu'une solution équitable devra être trouvée à l'issu de nos travaux », a-t-il déclaré.
Le gouverneur tout en comprenant la colère des populations, invite celles-ci à s’abstenir de tenir des propos haineux à l’endroit des autres communautés.
« À nos Frères révoltés légitimement par cette casse, je demande humblement que nous évitions des propos haineux à l'endroit des autres concitoyens, des autres communautés. Nous sommes ici non pas pour déclencher une guerre, mais pour trouver la PAIX, car le Président de la République SE Paul Biya n'a cessé d'octroyer aux citoyens frappés d'un décret d'utilité publique pour la réalisation de nombreux projets de développement de nos villes des mesures compensatoires de rétrocessions foncière et domaniale. Cas de la Grande Maison du NGONDO à Besseke », a-t-il poursuivi.
Tour à tour, le préfet du Wouri, le représentant des victimes, le porte-parole des chefs traditionnels et celui des victimes ont pris la parole pour réitérer la nécessité de trouver une solution consensuelle à cette crise sociale naissante. Après avoir écouté religieusement toutes les parties, le gouverneur a ordonné l’arrêt immédiat des travaux sur le site de Dikolo. Une commission Ad-hoc Spéciale inclusive a été mise en place pour menée des études et enquêtes sur le site afin au cas par cas les doléances ainsi que les préjudices subis par les populations déguerpies. La commission rendra son rapport après un mois de travail.