Actualités of Friday, 19 January 2018

Source: www.camerounweb.com

Depuis la prison, A. Mebrara révèle comment VAMOUKLE a été nommé à la CRTV

Amadou Vamoulke (G) et l’ancien SGRP, Jean-Marie Atangana Mebara Amadou Vamoulke (G) et l’ancien SGRP, Jean-Marie Atangana Mebara

Comment procède-t-on aux nominations dans l’administration publique camerounaise et quel rôle joue le secrétariat du chef de l’État dans le cadre de ces nominations ? Ce sont les réponses à ces questions que l’ancien SGRP, Jean-Marie Atangana Mebara, -- actuellement écroué à la prison centrale de Kondengui -- tente d’apporter.

Dans son œuvre autobiographique « Le Secrétaire général de la Présidence de la République du Cameroun, entre mythes, texte et réalité », l’ancien DGPR s’est confié sur la nomination des ministres, de certains gouverneurs ainsi que plusieurs chefs de service.

Dans la foulée, il a parlé de la nomination peu ordinaire de l’ancien patron de la Cameroon radio and television (CRTV) Amadou Vamoulke. Comment ce dernier a-t-il été nommé ? Élément de réponse.


Sous votre mandat de secrétaire général de la présidence, une nomination a aussi fait couler beaucoup d’encre, celle du directeur général de la CRTV ; que pouvez-vous nous en dire ?


J’avais connu M. VAMOULKE alors qu’il était rédacteur en chef à Cameroon-Tribune au début des années 80. À l’époque, j’étais un jeune chercheur et j’avais commis un article dont le titre était « l’adéquation formation-emploi, entre le mythe et la réalité ». Un des axes de la politique du gouvernement pour lutter contre le chômage était alors « l’adéquation formation-emploi ». J’avais envoyé l’article à Monsieur VAMOULKE, que je ne connaissais pas encore ; il a décidé de le publier intégralement dans le journal gouvernemental, alors même que l’article était critique vis-à-vis de certaines orientations gouvernementales. J’ai échangé après avec M. VAMOULKE qui m’a expliqué que tous ceux qui avaient lu le projet l’avaient trouvé juste, équilibré et enrichissant. Puis, je crois qu’il a été nommé Directeur de l’Imprimerie Nationale.

Un jour il a dû remettre sa démission. J’ai noté un certain courage permanent chez cet homme. Plus tard, nous nous sommes retrouvés à plusieurs reprises chez mon ami James ONOBIONO. Je crois même me souvenir que lorsque j’ai perdu mon épouse Gisèle-Odile en 1994, M. VAMOULKE faisait partie de la délégation accompagnant James à mon village à KOMEKOUI. À l’occasion de nos différentes rencontres, j’ai découvert et apprécié la vaste culture générale de l’homme, et une sorte de détachement des honneurs et du pouvoir. C’est peut-être ce qui expliquait aussi son ton cassant et cette difficulté à « arrondir les angles », dans les échanges avec les autres.

C’est donc une vieille amitié que vous avez tenu à récompenser ?


Lorsque le Président décide de remplacer le professeur MENDO ZE, devenu membre du gouvernement, la première orientation est de chercher à l’extérieur de la CRTV, quelqu’un qui n’ait pas été partie prenante des combats internes et qui ne puisse pas être identifié comme « l’homme de MENDO ZE » ou le « chef de file de l’opposition au Professeur MENDO ZE ». Ensuite, la région d’origine avait été arrêtée, l’Extrême-Nord. Monsieur VAMOULKE n’était pas à proprement parler un ami. J’éprouvais une estime pour le professionnel et pour l’homme, apparemment libre dans sa tête.

Il était parmi les premières générations de l’Ecole de journalisme de Yaoundé ; il était par conséquent l’aîné de la plupart de ceux qui servaient alors à la CRTV. Au cours d’une audience accordée à l’un des professionnels de la CRTV, nous avons incidemment parlé des rumeurs de nominations du successeur du Professeur MENDO ZE ; incidemment, j’ai demandé à ce professionnel s’il connaissait M. VAMOULKE. Il a répondu en me disant le grand respect qu’il avait pour le professionnel qu’était M. VAMOULKE. Son nom a dès lors été avancé au cours d’une audience avec le Président de la République.

Le Président a sans doute pris le temps de consulter d’autres personnes, avant de me donner instructions, quelques jours plus tard, de consulter M. VAMOULKE. L’homme que j’ai reçu, je dois le dire, n’était pas manifestement demandeur. Il n’avait laissé transparaître aucune émotion. Cependant, il était prêt à être utile si le Président pensait qu’il pouvait remplir la fonction. Quelques jours se sont encore écoulés ; puis un jour le Chef de l’État m’a instruit de préparer le projet de décret de nomination de M. VAMOULKE comme Directeur Général de la CRTV.

Le décret signé, j’ai appelé l’intéressé au téléphone pour l’informer que son décret de nomination allait être publié d’un moment à l’autre. Nous nous sommes vus quelques jours après. J’ai essayé de l’aider les jours qui suivaient, avec des conseils pour le management de sa structure. J’ai cru comprendre que sa nomination avait globalement été appréciée par le personnel de la CRTV. Il arrivait avec un sang neuf et sans doute des idées nouvelles. Voilà ce que je peux vous dire pour cette nomination.

Avez-vous conserve vos bonnes relations ?


Non malheureusement. Mais je peux vous assurer que je n’éprouve aucune rancœur vis-à-vis de M. VAMOULKE. À posteriori, je pense que compte-tenu de ses qualités, d’homme très cultivé, et de bon « parleur », il aurait fait meilleur Ministre des Arts et de la Culture ou même de la Communication, que Directeur général de la CRTV, en tout cas dans sa version initiale.

Et pour quelles raisons vos relations se sont-elles si vite dégradées ?

Je ne sais pas sur quelle base vous affirmez que nos relations se sont vite dégradées. Nous n’avions pas de contacts réguliers avant sa nomination. Nous n’en avons pas eu davantage après. J’espère que le temps finira par clarifier certaines choses. Et puis, ce n’est pas intéressant pour la bonne compréhension de la fonction de Secrétaire général de la Présidence qui est au centre de notre entretien.