Depuis plusieurs mois , la gestion du concours interne de recrutement des agents de la Banque des Etats de l'Afrique centrale crée un scandale sans précédent. Le gouverneur de la Banque centrale, le Tchadien Abbas Mahamat Tolli, est soupçonné par le ministre des Finances centrafricain, Hervé Ndoba, qui dirige également le conseil d'administration de la BEAC, d'avoir favorisé un courrier, demandé au gouverneur donc l'interruption du concours de recrutement. Mais Abbas Mahamat Tolli estime que les accusations à son encontre sont totalement infondées. Selon les dernières informations révélées par Jeune Afrique le concours serait suspendu.
« Un cabinet international sera recruté pour auditer le processus, a décidé le comité ministériel de l’Union monétaire de l’Afrique centrale (Umac), réuni le 6 octobre, à Yaoundé. La veille, le conseil d’administration de la Banque centrale avait pourtant préconisé la finalisation du concours », indique Jeune Afrique.
« Une seule réunion entrecoupée de deux huis clos et le verdict est tombé. Réuni le 6 octobre, à Yaoundé, le comité ministériel de l’Union monétaire de l’Afrique centrale (Umac), qui regroupe le Gabon, le Congo, le Tchad, la RCA, la Guinée équatoriale et le Cameroun, a décidé de suspendre le controversé concours de recrutement des agents d’encadrement supérieur de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC). « (…) En attendant un audit par un cabinet international recruté sur la base des termes de référence validés par le comité ministériel », confirme un ministre des Finances joint par Jeune Afrique.Président de cette instance, mais également du conseil d’administration de la banque centrale régionale, Hervé Ndoba, l’argentier centrafricain, remporte donc le bras de fer qui l’opposait depuis plusieurs semaines au gouverneur, le Tchadien Abbas Mahamat Tolli. Le premier, à coups de missives, n’a eu de cesse d’appeler à la tenue d’une concertation ministérielle depuis que des dysfonctionnements ont émaillé l’organisation des épreuves et que des soupçons de népotisme ont été révélés après la publication de la liste des candidats admissibles. « Je n’ai rien à me reprocher », avait répondu, droit dans ses bottes, le banquier central à Jeune Afrique. Arguant que le concours avait été confié à un cabinet international indépendant (AfricSearch). Abbas Tolli plaidait ainsi pour la poursuite du processus », rapporte Jeune Afrique .
Le conseil d’administration de la veille avait pourtant donné l’impression de tourner à l’avantage du Tchadien. Les commissaires soulignaient dans le communiqué sanctionnant cette réunion avoir pris connaissance de la note de présentation de la BEAC et du rapport d’information du comité d’audit relatif au processus de recrutement qui, selon eux, devrait être « finalisé en se fondant sur les critères liés au mérite, à l’équilibre sous régional et au genre ».
Il reste désormais à connaître la réaction du FMI face à ce que certains fonctionnaires de la BEAC assimilent déjà à « une intrusion politique » dans son fonctionnement. « Les ministres sont allés trop loin. Si cette décision avait été prise par le conseil d’administration de la Banque, cela ne poserait pas de problème », observe l’un d’eux, précise le confrère.
Rappelons que dans le cadre du dernier recrutement sur 30 personnes déclarées admissibles, Abbas Mahamat Tolli a fait recruter 13 personnes membres de sa familles et proches de ses amis. Le vice-gouverneur, Evou Mekou a fait recruter son fils, Evou Mekou Lionel. Le Secrétaire Général Guedon Désiré aussi a fait recruter son fils Guedon Désire Earwin.