Depuis plusieurs mois, des sources annonçaient une alternance imminente à la tête des Cameroun. Paul Biya vieillissant (89 ans), ses dauphins se livrent une guerre interne de haute intensité. Chacun essaie d’affaiblir son adversaire en détruisant ses soutiens financiers et politiques. C’est ce qui expliquerait les nombreuses enquêtes ouvertes par le Consupe et le Tribunal Criminel Spécial contre plusieurs personnalités du pays.

Paul Biya de son côté entoure de mythe son départ du pouvoir. Contrairement aux rumeurs, le président de la République a encore toute ses facultés et l’a démontré lors de son voyage aux USA. Pour l’économiste et analyste politique Dieudonné Essomba, le déplacement américain de Paul Biya est un message aux agitateurs qui prédisent trop tôt la fin de son régime.

« Cette sortie de Biya envoie un message très clair. C’est pour montrer à tous ces agités qui l’annonçaient pour mort et qui avaient déjà fait des programmes de succession et de remplacement qu’il est encore là, et qu’il faudra compter sur lui encore pour quelques années », a-t-il déclaré.

Franck Biya à l’Elysée

Alors que les potentiels successeurs de Paul Biya affûtent leurs armes, en attendant soit la vacance du pouvoir, soit l'élection présidentielle de 2025, Franck Biya cité parmi ces "potentiels successeurs", semble privilégier les alliances, avant de se lancer officiellement.

En juillet, Franck Emmanuel Biya a dans un premier temps été reçu à l'Elysée, où il a parlé avec le chef de l'Etat camerounais.

Dans un article, le magazine Jeune Afrique dévoilait, dans le cadre d'un article sur la visite de Macron au Cameroun, que Franck Biya avait été reçu quelques jours plus tôt par Macron à l'Elysée en toute discrétion.

"On nous a dit et répété au ministère des Affaires étrangères, où nous avons rencontré de nombreuses personnes – d’ailleurs de moins en moins responsables –, que la France ne se mêlait jamais des affaires intérieures d’un autre pays. Comment y croire ? Y croient-ils eux-mêmes ? C’est, en effet, difficile à croire alors que cette visite se situe en pleine période de succession à la tête de l’État camerounais. Alors que les guerres intestines font rage pour succéder à Paul Biya, qui n’est pas éternel, Emmanuel Macron vient passer deux jours au Cameroun. Il ne peut ignorer les luttes au sein du RDPC, le choix de Paul Biya, le choix de Chantal Biya, la montée en puissance de Franck Biya (notons au passage qu’il a été reçu récemment à l’Élysée), les progressistes du RDPC – s’ils ont le courage de s’affirmer", révèle Jeune Afrique.