Actualités of Tuesday, 8 March 2022

Source: www.camerounweb.com

Dernières minutes : consterné, le mouvement ‘OTS’ pleure la disparition de l’enseignant décédé sans salaire depuis 10 ans

Hamidou était enseignant de sport au lycée de Beka dans la région du Nord Hamidou était enseignant de sport au lycée de Beka dans la région du Nord


• Hamidou était enseignant de sport au lycée de Beka dans la région du Nord

• Ayant passé 10 ans sans salaire ni matricule, il n'avait pas de moyen pour soigner le mal qui le rongeait

• Le mouvement ‘OTS’ à travers un communiqué rend hommage à leur collègue


Le mouvement de grève entamé au Cameroun depuis deux semaines aujourd'hui par les enseignants du secondaire et du primaire vient d'être touché par une triste nouvelle. Hamidou, cet enseignant d'Eps dont l'affaire a défrayé chronique sur la toile et nourri le mouvement de grève des enseignants OTS (On a Trop Supporté) vient de tirer sa révérence. Il souffrait d'un mal gastrique qui le rongeait depuis des années, mais faute de moyens il ne pouvait s'admirer des soins appropriés. Il a rendu l'âme ce matin dans un hôpital au Nigeria.

Le mouvement ‘OTS’ à travers un communiqué rend hommage à leur collègue

Nous avons appris, avec effroi, émoi et consternation, ce mardi 08/03/2022, le décès de notre collègue et frère HAMIDOU, enseignant de sport en service au lycée de Beka, dans le département du Faro, région du Nord. Pour rappel, M. Hamidou était l'un des symboles du combat pour la restauration de notre dignité, pour avoir passé dix années de bon et loyaux service SANS SALAIRE, NI ACTE D'INTÉGRATION. Sa récente intégration miraculeuse n'aura finalement été qu'un coup d'épée dans l'eau. Son décès laisse un grand vide dans nos cœurs, une douleur infernale, une tristesse incommensurable. Au nom de tous les enseignants OTS, ceux-là qui se meurent chaque jour, nous adressons nos condoléances à toute sa famille nucléaire, à tous ses proches, à tous ceux-là qui l'ont connu et partagé sa douleur interne au quotidien ces dix dernières années.

Le décès de M. HAMIDOU constitue un tournant décisif dans le combat pour la restauration de notre dignité. Il est désormais évident que notre gouvernement prend plaisir à nous sacrifier, à nous laisser périr et mourir. M. HAMIDOU en est l'illustration parfaite. Sinon, comment comprendre qu'un gouvernement puisse laisser ses enseignants vivre dans la précarité, l'indignité, la promiscuité ? Comment comprendre qu'un gouvernement puisse rester insensible aux cris de détresse de ses enseignants ? Comment comprendre qu'un gouvernement puisse estimer que le secteur éducatif ne constitue pas une nécessité vitale pour ses populations ?

M. Hamidou n'aura jamais la chance de rouler dans des voitures achetées à coup de millions et distribuées par notre gouvernement. Il n'aura jamais la chance de voir ses repas accompagnés d'un vin Petrus ou Don Pérignon. Il n'aura jamais la chance de bénéficier des évacuations sanitaires dans les plus grands hôpitaux du monde. Il n'aura jamais la chance de bénéficier d'un salaire lui permettant de prendre des vacances au bord de la mer. Ceci pour une raison pure et simple : il fut enseignant. Oh, que non ! Il sera certainement élevé, à titre posthume, au grade de chevalier de quelque chose dont notre gouvernement a le secret. Quelle honte !

Chers collègues, de par les trois coins du triangle national, le décès de M. Hamidou nous interpelle. À nous tous qui observons scrupuleusement le mot d'ordre de grève depuis le départ, tenons ferme. Par cette attitude, nous rendrons un vibrant hommage à M. Hamidou et nous écrirons l'histoire, par la même occasion, de la lutte pour la dignité de l'enseignant. Soyons-en sûrs, nous sommes du bon côté de l'histoire. À tous ces collègues qui brillent par une traîtrise incongrue en continuant de dispenser des enseignements, sachez que par votre attitude, vous vous placez du côté des coupables de la mort de M. HAMIDOU. Vous êtes du mauvais côté de l'histoire. La postérité retiendra de vous votre lâcheté, votre morosité, votre perfidie, votre incapacité à être sensible à l'appel du cœur, au cri de détresse de l’âme.

C'est maintenant ou jamais. Parlons d'une seule voix. Rendons fier M. Hamidou, de là où il se trouvera, d'avoir milité pour cette cause, d'avoir eu assez de cran pour dire "ON A TROP SUPPORTÉ". Les prochains jours s'annoncent très déterminants. Mobilisons-nous déjà pour lui rendre un hommage digne du chevalier qu'il fut. Parallèlement, continuons d'observer notre mot d'ordre de grève, lequel passe désormais à une vitesse supérieure. La journée de demain est déclarée mercredi noir sur l’ensemble du territoire national. Que tous les enseignants OTS se rendent au lycée vêtus de noir, en hommage à notre frère.

Chers collègues, M. Hamidou c'est moi, c'est toi, c'est ton frère, c'est ton fils, c'est ton ami, c'est ton cousin, c'est l'enseignant camerounais d'aujourd'hui, et probablement celui de demain si rien n'est fait. Alors, rends-toi à l'évidence que cela peut t'arriver à tout moment, c'est-à-dire que d’un rien, tu peux payer le prix du cynisme de ceux-là qui sont censés nous protéger, nous mettre à l'abri besoin. PLUS JAMAIS DE CRAIE DANS NOS MAINS JUSQU'À CE QUE NOUS SOYONS ENTIÈREMENT PAYÉS. Faisons-le pour M. Hamidou, faisons-le pour nous, faisons-le pour la postérité. Chers dirigeants, DEMAIN NE NOUS APPARTIENT PAS.
ALORS, PAYEZ-NOUS AUJOURD’HUI ET MAINTENANT.

Repose en paix, valeureux chevalier !

LE MOUVEMENT OTS