Actualités of Friday, 26 August 2016

Source: camer.be

Des Anglophones revendiquent la direction de Camair-co

Photo d'archives utilisée à titre d'illustration Photo d'archives utilisée à titre d'illustration

Selon le quotidien The Guardian Post dans sa sortie du mercredi 23 août 2016, les ressortissants de ce bassin linguistique camerounais, se demandent pourquoi après tant d’échecs des francophones à la tête de compagnie publique aérienne camerounaise, Paul Biya le président de la République, n’a toujours pas essayé avec un anglophone.

A croire notre confrère, la nomination lundi dernier d’Ernest Dikoum, francophone, et originaire de la région du Littoral  à la tête de Camair-co, en est de trop dans la marginalisation des anglophones. Le journal croit savoir qu’un autre regard, une autre manière de faire, peut être une chose salutaire pour la perpétuelle  mourante  Camair-co pour laquelle la succession de directeurs généraux, tous francophones, n’a pu faire décoller.

Seulement, le quotidien anglophone, n’ayant pas manifestement cerné  le système politique néocolonial  qui gouverne le Cameroun depuis le premier chef d’Etat Ahmadou Ahidjo, s’est sans doute attaqué à l’effet, délaissant la cause. Sur quoi, repose le système gouvernant camerounais depuis les pseudo-indépendances, est sans doute la théorie sur laquelle  le quotidien aurait pu s’appuyer pour comprendre cette façon de faire du régime de Yaoundé.

Un régime, prolongement masqué de celui d’Ahmadou Ahidjo,  lequel doit son éternité au marchandage politique et à la manipulation ethnique via l’attribution telle des morceaux d’un géant gâteau, des grands portefeuilles administratifs. Pas en reste, la manipulation et le copinage des confessions religieuses dites classiques,  est aussi  mise à contribution.

Il en est de Camair-co comme d’autres hautes fonctions dans le pays où  inexplicablement, certaines ethnies (Sawa, Bamiléké, Eton, Ewondo, Peuls) ou groupe  linguistique officiel (francophone, anglophone), n’ont pas droit de cité. La direction générale de la Caisse nationale de prévoyance sociale (Cnps) par exemple, ainsi que la Camtel, est  tacitement réservée aux Bulu (du moins à la région du Sud),  ethnie de Paul Biya. Des ministères tels que la Défense, les Finances, l’Economie, interdits aux anglophones.

Des trois ministères de l’Education que compte le Cameroun : ministère de l’Enseignement supérieur, ministère des Enseignements secondaires, ministère de l’Education de base, aucun, n’est confié aux anglophones. Seul un essai de 500 pages serait nécessaire pour bien piocher le sujet. Et pourtant, dit-on, le pays héberge deux sous-systèmes éducatifs : le sous-système francophone et le sous-système anglophone. Passons.

Voici du reste, les six directeurs généraux nommés par Paul Biya en huit  ans à la tête de Camair-co. Le 11 septembre2006, la Camair-co, fantôme de la défunte Camair, sort des fonts baptismaux par un décret du président de la République et chef de l’Etat Paul Biya.  La compagnie, a pour seul actionnaire, l’Etat du Cameroun.

Le 30 décembre 2008, le Français Gilbert Mitonneau, est nommé directeur général (Dg). Ce dernier, apprenions-nous alors, jette l’éponge en mars 2009. Une équipe de gestion provisoire créée par le ministre des Transports d’alors, a pour chef, Paul Alain Mendouga.

En 2010, le Hollandais Alex Van Elk, est porté à la tête de Camair-co. Sa promotion, coïncide aussi avec la propulsion du Premier ministre Philemon Yang comme président du conseil d’administration (Pca). Alex Van Elk ne passera que deux mois sur le toit de la compagnie aérienne, et se verra remplacer son directeur général adjoint et directeur des Opérations de compatriote, Boertien Matthijs.

Nommé  Pca de Camair-co le 13 janvier 2013 en lieu et place de Philemon Yang, Edouard Akame Mfoumou l’ancien ministre de la Défense puis des Finances, voit arriver Mbotto Edimo (francophone, région du Littoral) comme Dg, en remplacement de Boertien Matthijs.

Le 20 juin 2014, Nana Sandjon (francophone, région de l’Ouest), est à son tour nommé par Paul Biya au sommet de la Camair-co, avant de se voir remplacer le 22 août 2016 par Ernest Dikoum (francophone, région du Littoral), ex-directeur de Fly Emirates pour l’Afrique  de l’Ouest.

De ce qui précède, il se dégage que des six directeurs généraux qu’a connus Camair-co en huit ans, hormis les trois  expatriés français et hollandais, les trois autres Dg, sont tous  des Camerounais d’expression  française.