Les Camerounais peuvent mourir de peste et de Choléra. Tant que cela ne menace pas le pouvoir de Paul Biya, cela le laisse à 37°C. « Ne dure pas au pouvoir qui veut, mais dure qui peut », Allez dire.
Les Camerounais peuvent mourir de peste et de Choléra. Tant que cela ne menace pas le pouvoir de Paul Biya, cela le laisse à 37°C. « Ne dure pas au pouvoir qui veut, mais dure qui peut », Allez dire.
Qui est donc Paul Biya ? Cette question mérite t-elle encore d’être posée par les Camerounais après trente-cinq ans d’un règne sans partage qu’ils auront vécu dans leur chair qui en porte les stigmates ? Il est de bon sens de penser qu’au bout de toute ces années, ils connaissent Paul Biya !
D’ailleurs, il fourmille tant d’essais hagiographique sur le personnage : Paul Biya ou l’incarnation de la rigueur, Paul Biya, les secrets du pouvoir, L’homme qui a changé le Cameroun , etc., et le dernier en date : Le code Biya, qui répondent à cette question. De même, il y a une floraison d’ouvrages à charge : Le vrai visage de Paul Biya, Dossiers noirs sur le Cameroun, Au Cameroun de Paul Biya, etc., qui feraient tomber le masque de l’homme.
Au milieu de tout cela, entre l’expérience vécue et les écrits, le Camerounais se fera sa petite idée mais celle-ci ne pourra faire l’économie d’un déterminant constant : le pouvoir, dans la trajectoire existentielle de Paul Biya, au moins à partir de l’année 1962, où il commence sa carrière administrative et politique, immédiatement en côtoyant les cîmes du pouvoir comme chargé de mission à la présidence de la République. De 1962 à 2017, soit 55 ans dans la haute administration et au sommet du pouvoir, marquent forcément. Le pouvoir est donc le code à partir duquel s’ordonne et s’articule toute compréhension et connaissance de Paul Biya. Mais déjà, il faut bien se poser la question du rapport et subsidiairement de l’idée, que Biya entretient avec le pouvoir.
Cameroun. Qui gouverne ? Tel est le titre d’un ouvrage de Flambeau Ngayap, paru en 1983, soit 2 ans après l’accession de Biya à la magistrature suprême, et qui posait déjà le problème du rapport de Biya avec le pouvoir. Le constat que beaucoup font aujourd’hui est que Biya, grand vacancier, toujours parti, ne gouverne pas, qu’il règne ou que c’est le clan qui l’aurait pris en otage depuis le putsch manqué d’avril 1984 qui dirigerait véritablement, ou encore, que rattrapé par la sénilité, Paul Biya serait dépassé par ses créatures et la tournure prise par les évènements.
Tout cela est possible. Mais, Beaucoup de Camerounais ont toujours pensé que c’était là la manière de gouverner de Paul Biya et qui traduit l’idée qu’il se fait du pouvoir : laisser les collaborateurs qui ont reçu délégation de pouvoir faire comme ils veulent( ?), ce qui lui permet de mieux les tenir et de frapper quand ils auront oublié, enivrés par tant de pouvoir, qu’il est leur créateur par la force du décret, et ainsi délesté des charges et servitudes du pouvoir, jouir du temps et de la vie en étant permanemment en vacances à l’intérieur, dans son Mvomeka’a natal, comme à l’extérieur du Cameroun, à l’hôtel Intercontinental à Genève en Suisse. Ceux de ses collaborateurs qui ont cru qu’ils ne leur restaient plus qu’à accaparer le titre de président, étant donné qu’ils gouvernaient déjà, en ont eu pour leur frais.
Ils sont qui, à Nkondengui, qui au SED. Le pouvoir de Paul Biya n’est pas un ministère au sens premier du terme, mais une jouissance solitaire à l’autel de laquelle le gouvernement et les Camerounais sacrifient pour le plus grand bien et la plus grande gloire de ce dieu-roi. Rien en dehors de ce pouvoir, ne semble l’intéresser, les Camerounais encore moins. D’ailleurs, quel rapport Paul Biya a-t-il avec les Camerounais ? S’est-il un jour soucié d’eux ? Le doute est permis au regard de l’état de dénuement de la plupart d’entre eux et du retour en force des gendarmes du Fonds monétaire international.
C’est sous le mode d’aphorismes provocateurs, pleins de morgue et de condescendance qu’il faut situer les rapports du roi à ses sujets. L’un de ses exégètes-courtisans avait déjà compilés ces aphorismes sous le titre : Les proverbes de Paul Biya, qui donne une idée de l’étendue de la sagesse proverbiale du roi. Qui ne connaît pas Rigueur et moralisation, Qui vivra verra, La conférence nationale souveraine est sans objet, Qui sont-ils ces apprentis-sorciers ? Je leur donne rendez-vous dans 20 ans, Ne dure pas au pouvoir qui veut, mais dure qui peut, Plus de trente ans de pouvoir est un gage de stabilité, Me voici donc à Douala ! On les a mis dans la sauce ! Tant que Yaoundé respire le Cameroun vit ! Etc. Sans le mépris et la condescendance qu’il affiche vis-à-vis de ses concitoyens, notamment ces adversaires politiques. Ne les traite-t-il pas souvent de marchands d’illusions, de bonimenteurs du choas, de partisan de la péroraison creuses, d’apprentis sorciers, etc. ?
Ce sont là quelques-unes des formules du roi que nous avons choisi de revisiter pour établir que Paul Biya a toujours nargué les Camerounais. Ce qui assurément traduit la seule préoccupation qu’il ait jamais eu pour les Camerounais dont le sort d’ailleurs ne l’a jamais véritablement intéressé, qu’ils meurent victimes de catastrophes naturelles, comme ce fut les cas de Nyos, ou humaine comme ça été très récemment le cas à Eséka, de boucheries, à Mimboman ou à Nkolbisson, à l’Extrême-nord du fait de Boko Haram, etc., tout cela importe peu pour lui, du moins tant que cela ne constitue pas une menace pour son pouvoir.
Comprendre Paul Biya, c’est en fin de compte comprendre son pouvoir : tout part de son pouvoir et tout ramène à son pouvoir.