Des scènes de violence ont éclaté ce mercredi 5 février 2025 au marché Mokolo de Yaoundé, l'un des plus importants centres commerciaux de la capitale camerounaise. Une opération de déguerpissement menée par les autorités s'est rapidement transformée en affrontements entre les forces de l'ordre et les commerçants dans le secteur Derrière Sapeur.


Les premiers incidents ont éclaté tôt dans la matinée lorsque les forces de l'ordre ont entrepris une opération visant à démanteler des installations considérées comme illégales par les autorités municipales. Face à cette intervention, les commerçants ont manifesté une vive opposition, refusant de quitter leurs emplacements.

La situation a rapidement dégénéré lorsque des coups de feu ont retenti dans l'enceinte du marché, provoquant un mouvement de panique général parmi les commerçants et les clients présents. "Les gens couraient dans tous les sens, c'était la confusion totale", témoigne un vendeur qui souhaite garder l'anonymat. Plusieurs échoppes ont été abandonnées dans la précipitation, tandis que les forces de l'ordre tentaient de maintenir l'ordre dans un climat particulièrement tendu.



Si le bilan exact des affrontements n'a pas encore été communiqué officiellement, plusieurs sources locales font état de blessés parmi les commerçants et de nombreuses arrestations. Les autorités municipales et les forces de l'ordre n'ont pour l'heure pas fait de déclaration officielle concernant ces événements. Des témoins rapportent avoir vu plusieurs personnes évacuées vers les centres de santé environnants, sans pouvoir préciser la gravité de leurs blessures.



Ces incidents surviennent dans un contexte particulièrement tendu, quelques jours seulement après les troubles survenus à la SOCUCAM. Le marché Mokolo, véritable poumon économique de Yaoundé, est régulièrement le théâtre de tensions entre les autorités et les commerçants. Son importance dans l'économie locale en fait un lieu particulièrement sensible, où se cristallisent les tensions sociales et économiques de la capitale.

"L'origine des échauffourées serait liée à une opération des autorités visant à dégager des installations jugées illégales", précise une source proche du dossier. Cette situation met en lumière les difficultés persistantes dans la gestion des espaces commerciaux urbains à Yaoundé, où le commerce informel côtoie les structures officielles dans un équilibre précaire.



La gestion des espaces commerciaux dans la capitale camerounaise représente un défi majeur pour les autorités. Le dialogue souvent difficile entre l'administration et les commerçants révèle des problématiques plus profondes liées à l'organisation du commerce urbain. La régulation du secteur informel, qui fait vivre de nombreuses familles, se heurte régulièrement aux impératifs d'ordre public et d'urbanisme défendus par la municipalité.

Les conditions de travail des petits commerçants constituent également un enjeu central dans ce conflit. Nombreux sont ceux qui dépendent de leur activité quotidienne pour subvenir aux besoins de leurs familles, rendant particulièrement sensible toute tentative de modification de leurs conditions d'exercice.


Les événements de ce mercredi soulignent l'urgence d'établir un dialogue constructif entre les autorités et les acteurs économiques locaux. La recherche de solutions pérennes pour l'organisation du commerce urbain apparaît comme une nécessité pour éviter que de tels incidents ne se reproduisent. Les associations de commerçants appellent depuis longtemps à une concertation plus approfondie sur l'avenir des marchés de la capitale.