Actualités of Monday, 4 May 2015

Source: Mutations

Des casses pour la construction de l’autoroute menant à l’aéroport

Pleurs et résistance des commerçants étaient au rendez-vous jeudi dernier au quartier Nsam.

Il est 10h du matin lorsque les agents de la Communauté urbaine de Yaoundé (CUY) et les éléments des forces de l’ordre arrivent dans un pick-up. «Enlevez tout. Nous venons casser», ordonne un agent communal.

Ce 30 avril, à quelques heures de la célébration de la fête du travail, les commerçants du lieu-dit Nsam-Escale à Yaoundé, sont en émoi. On entend çà et là. «Ils vont tout casser. Enlevons les marchandises», crie une jeune femme en pleurs.

Comme des machines, la plupart de ces acteurs du secteur informel se met à vider débits de boisson, cafétérias, atelier de couture, etc... Ils courent dans tous les sens les bras chargés. Le chauffeur du Caterpillar tout comme les agents communaux généralement appelés «awarra» s’impatientent de commencer les travaux.

«Ils veulent tout emporter pour aller arnaquer les propriétaires plus tard», lâche un riverain s’adressant aux «awarra». Au sein des commerçants et des riverains, colère et inquiétude se lisent sur les visages. «Vous venez nous casser à la veille de la fête du travail. Dernièrement vous avez posé la borne loin de ma cafétéria. Vous allez me tuer. Je ne bouge pas d’ici», se lamente un commerçant.

Lorsque la destruction est lancée des cris de détresse et des pleurs envahissent le site. Chacun de ces acteurs est sous le choc. Certains dans un désespoir tentent d’arrêter l’engin, d’autres les mains sur la tête observent impuissants. Mais, au cours de la casse, le nommé Charles Talla s’oppose à la destruction de son bien. Ce dernier est trainé de force hors de sa cafétéria.

«Tu fais la force avec l’Etat ? Il est souverain. Nul n’est au-dessus de la loi», grondent les agents communaux. Le jeune homme qui ne se laisse pas faire, s’agite, ignorant toutes les menaces. Non loin de lui son épouse qui tient un nourrisson dans ses bras est inconsolable. «Je suis morte. Je suis morte», répète-t-elle entre deux crises de hoquet.

Pendant que la casse évolue de part et d’autre de la chaussée, les commerçants situés en aval s’activent. Malgré tous leurs efforts, ils ne vont pas disposer d’assez de temps pour tout emporter. Dans la course, des produits de beauté, des denrées alimentaires, etc. leurs échappent. Le site est couvert de marchandises.

Des petits groupes se forment et les commentaires s’invitent. «Ils ont commencé les casses mardi dernier. Au cours de celle-ci un dépôt de gaz a failli prendre feu», apprend-on. Ces déguerpissements interviennent dans le cadre de la «prochaine» construction de l’autoroute qui va mener jusqu’à l’aéroport de Yaoundé-Nsimalen.