Alors qu’une première vente aux enchères de ses effets avait été organisée le 22 décembre dernier, il y a quelques jours, c’est une attaque en règle des huissiers aux ordres de la Société camerounaise de recouvrement (Src) qui a fondu dans son village Assandjick pour faire main basse sur le reste de ses immeubles.
L’affaire fait ces derniers temps les choux gras de la presse. En effet, le 22 décembre 2022, l’ancien directeur général du Feicom, Emmanuel Gérard Ondo Ndong, qui purge une condamnation de 20 ans de prison, a vu ses effets meubles vendus aux enchères dans la cité capitale. Il y avait des meubles, des appareils électroniques et électroménagers, des téléviseurs, un peu de tout, au grand bonheur du grand public.
Le motif avancé ici est le recouvrement du corps du délit à la suite de sa condamnation il y a près de 17 ans pour détournement de deniers publics. Il faut donc le souligner d’entrée de jeu que accusés de détournement de fonds publics, Emmanuel Gérard Ondo Ndong, Nguema Ondo de regrettée mémoire, Moïse Mbella, Charles Ketchami avaient été condamnés à payer solidairement à l’Etat la somme près de 6 milliards de Fcfa.
L’ex-Dg du Feicom, lui, à titre personnel, recevait une autre condamnation de près de 300 millions de Fcfa en plus. Seulement, dans le cadre de l’exécution de l’arrêt rendu par la Cour suprême du Cameroun au sujet de cette affaire, c’est la Société de recouvrement des créances (Src) qui avait été mandatée pour le recouvrement desdites créances, à la faveur d’un décret de 2020, y compris celles judiciaires.
C’est donc fort de ce mandat que la Src va entrer en action, mettant la pression sur le patriarche, avec des notifications, réclamant des paiements des loyers par ci à certains locataires, menaçant d’expulser d’autres par-là.
Seulement, dans l’entourage du patriarche, Emmanuel Gérard Ondo Ndong, l’on indique que ce dernier avait déposé une requête en contestation auprès de la Cour suprême en contestation de cette créance pour permettre au condamné de se conformer au décret qui réorganise la Src en lui attribuant le mandat de recouvrement desdites créances. Cette requête, indique-t-on, valait lieu de recours gracieux préalable. Et que la recevabilité d’une telle requête est subordonnée au paiement de 10 % du montant de la créance contestée.
Pourtant, cette créance n’était pas encore déterminée et donc, on ne peut logiquement déterminer les 10 % exigés. Ce qui inéluctablement mettait la partie demanderesse dans la difficulté de satisfaire cette exigence. Seulement, Emmanuel Gérard Ondo Ndong avait commencé à payer directement à la Src contre délivrance des quittances de paiement partiel.
Mais quand le délai de contestation de la saisie des biens effectués arrive à expiration, la Src va programmer la vente aux enchères. D’où cette vente des biens saisis le 22 décembre. Comme si cela ne suffisait donc pas, l’équipe d’huissiers de la Src s’est déportée, il y a quelques jours à Assandjick par Ambam, pour continuer la traque des biens du patriarche de la vallée du Ntem.
Dans une correspondance de la Src adressée au délégué départemental des Domaines et des Affaires foncières de la Vallée du Ntem en date du 20 janvier 2023, sous le couvert de la sécurisation juridique des immeubles confisqués par l’arrêt N°017/Ssp/Cs rendu le 17 décembre 2013 par la section spéciale de la Cour suprême, les biens de l’ex-Dg du Feicom sont clairement identifiés. Il s’agit dans le domaine national : une grande résidence type palais au lieudit Assandjick ; une concession rénovée à Assandjick ; une résidence rénovée à Ambam. Dans le domaine privé : un complexe immobilier à usage commercial au lieudit Ambam comprenant une menuiserie, une salle d’exposition ; la station-service Total, des boutiques ; un ensemble immobilier dénommé Hôtel La couronne au lieudit Ambam Centre.
Des sources proches de ce dossier, cette mission a eu toutes les peines à se déployer. Les populations s’étant vigoureusement opposées pour empêcher le bradage du patrimoine de leur chef et patriarche. Alors qu’il ne lui reste plus que 3 ans à purger de sa peine de 20 ans, des observateurs ne manquent pas de se poser la question de savoir si cet acharnement soudain ne cache pas des mains félonnes qui tirent les ficelles dans l’ombre et qui souhaitent le voir subir le sort d’un Gervais Mendo Ze de regrettée mémoire ?