Des diplômes du Certificat d’études primaires (Cep) continuent de s’amasser en tas dans les coffres des établissements scolaires de la ville de Yaoundé, tous ordres d’enseignements confondus. Bien rangés dans les chemises par année, le nombre de retrait à lui seul témoigne de ce que les parents d’élèves ont, une fois les résultats connus, oublié l’essentiel : récupérer le premier diplôme de leur enfant.
A l’école publique Sainte Cathérine d’Etoudi, par exemple, les Certificats d’études primaires et élémentaires (CEPE) continuent d’encombrer les tiroirs. On y retrouve 109 diplômes de 1967 à 1988. « Le ministère avait arrêté la délivrance des parchemins en 1988 et a repris en 2007. Et nous continuons de déplorer le non-retrait des plus récents, qui sont d’ailleurs très beaux à voir. De 2008 à 2012, 688 de ces parchemins ont attendu leurs propriétaires. Seuls ceux de 2013 ne sont pas encore disponibles », explique Lucie Françoise Ngayene Tabi, directrice adjointe de cette école.
Et d’ajouter : « Ceux de 2010 à 2011 ont tous été retirés dans l’urgence de présentation des différents concours. En dehors de cela, ils oublient. » « Nous invitons tous nos candidats à venir récupérer leur premier diplôme parce qu’on ne sait jamais. Nous sommes fatigués de passer les communiqués les dimanches lors des messes ».
A l’Ecole publique du Centre, c’est la même rengaine. Les responsables des différents groupes se débrouillent comme ils peuvent pour les sécuriser. « Je suis obligé de les ramener à la maison par prudence. Je me dis que les hommes de mauvaise foi peuvent venir casser les portes de notre école et les emporter afin de les utiliser à d’autres fins. Ce qui n’est pas normal », confie Jean Dieudonné Onambélé, directeur du Groupe II B. Ici sur les 200 diplômes disponibles de 2007 à 2012, environ 30 seulement ont été retirés. « C’est peut-être parce qu’ils ne sont pas dans le besoin qu’on nous les abandonne. Je pense qu’ils sont plus en sécurité entre les mains de leur propriétaire », assure-t-il.
Tout à côté au Groupe II A, c’est la directrice Philomène Zibi qui vit la même situation. « Sur 200 diplômes (Ndlr : au cours de la même période) seule une vingtaine a été récupérée. Avec tous les risques que cela implique, nous invitons les parents à venir débarrasser nos tiroirs. Ces diplômes ne nous appartiennent plus. Nous sommes passés par les assemblées générales, les communiqués radio et même là, ils sont restés insensibles. Nous espérons que par voie de presse, ça va marcher », a-t-elle conclu. Et c’est comme ça partout ailleurs.