Ce qui caractérise la fin du 20e siècle en Afrique au sud du Sahara, c’est la misère du grand nombre. De la bouche même de nos géniteurs, le niveau de vie n’a jamais été aussi bas. Même à l’époque coloniale, la clochardisation n’a pas atteins le cap actuel. Des Africains sont descendus dans la rue comme à Anjouan aux Comores pour exiger le retour à la coloniale. Une situation scandaleuse 50 ans après les indépendances.
Un simple regard panoramique dans l’histoire universelle montre que la déchéance que connait l’Afrique en ce moment n’est pas une fatalité, mais le fait des hommes. Comment imaginer que des pays qui ont à peine amorcé l’exploitation de leurs ressources se retrouvent en situation de pays pauvres très endettés ? A quoi a pu servir l’énorme dette africaine ? A travers ces différentes interrogations qui sont aussi des inquiétudes, le constat est amer : le colonisateur lors de son départ a expressément installé à la tête des Etats de notre continent, des individus qui n’ont pas été préparés pour assumer dignement les plus hautes fonctions. L’objectif de cette malheureuse démarche, c’était de maintenir l’exploitation économique et la domination culturelle. Au moment où le monde est devenu un village, une question ne cesse de bruler les lèvres de nombreux jeunes Africains : est ce que l’Afrique aux siècles des siècles, va continuer avec les mêmes tares qui ravalent notre race au rang des damnés de la terre ?
Les dirigeants africains sont donc interpellés à deux niveaux. Premièrement par les populations au présent, parce qu’il y a le quotidien qu’il faut gérer. Deuxièmement, par l’histoire, c'est-à-dire, la conscience collective. En effet, ceux qui ont pris la malheureuse habitude de regarder avec mépris les inquiétudes de leurs peuples doivent faire attention d’entrer dans l’histoire par des noms qui rappellent des mauvais souvenirs à l’instar des Duvalier, Macias Nguema, Bokassa, Mobutu, Idi Amin Dada, , Marcos, Pinochet ou Adolphe Hitler, dont le nom seul fait frémir des millions de personnes, éveillant ainsi la haine et la soif de vengeance. En effet, l’exil et les comptes numérotés en Suisse et en Chine ne constituent plus des abris sûrs lorsqu’on sait le dénuement dans lequel Jean Bedel Bokassa est mort à Bangui. Le retour précipité de Pinochet à Santiago, la mise à la disposition du TPI de Charles Taylor et de Laurent Gbagbo l’Ivoirien, tout comme la détention d’un certain Al Islam doivent amener tous les dirigeants africains à prendre conscience du danger qui les guette une fois hors du pouvoir.
Quand on sait de manière triviale que la plupart des Etats africains au Sud du Sahara sont des « républiques bananières » au sens d’Harold Lasswell, où les hommes politiques expriment un vif besoin de léguer un nom à leur progéniture à travers un patrimoine multiforme (Voiture, villas et virements) ; ces hommes et ces femmes ne peuvent pas imaginer, le mal qu’ils font à leurs peuples respectifs. Le nom en effet, ne se mesure pas à la capacité d’aligner duplex, villas, concubines et voitures de luxe, mais par la capacité de chaque africain de se mettre corps et âme au service du bien public, avec tout ce que cela implique comme sacrifices et renoncement.
Le vent d’Est ou ce qu’il est convenu d’appeler ainsi a donné un coup de pouce aux luttes populaires au Cameroun dans les années 1990. Malheureusement, celles-ci étaient menées par des héritiers des indépendances formées à la coloniale. Conséquence, il n’y a pas eu de désaliénation des masses et l’extraversion continue avec une extrême violence. Les intellectuels camerounais à quelques exceptions, refusent d’interpréter la réalité à la masse. L’unique ambition des uns et des autres, c’est faire prévaloir leurs diplômes et titres universitaires pour entrer dans « la mangeoire nationale ». Compte tenu de cet environnement politique empoisonné, une question revient constamment : qui viendra faire ce travail d’éveil des consciences à leur place ? Il faut reconnaitre que le terme reforme utilisé par de nombreux acteurs de la scène politique nationale n’est qu’une rhétorique de survie pour mieux s’accrocher au pouvoir ou s’en approcher. L’immobilisme actuel de la scène politique camerounaise confirme cette logique d’entrisme au nom de la politique du ventre et du bas ventre, dans un pays où l’homosexualité est devenue une affaire privée.
Au Cameroun, malgré l’ouverture du jeu démocratique de la décennie 1990, le peuple est toujours ¼ de siècle après à la recherche d’un nouveau messie. Paul Biya, est toujours aux affaires. Il compte même au regard de la loi se représenter en 2018. Et pourtant tous les indicateurs politiques montrent que le peuple camerounais est fatigué. Le peuple camerounais aspire au changement. Ce changement comme soutient une bonne frange de l’opinion nationale, n’est possible que par une fédération des forces de l’opposition, à travers une candidature unique lors des Présidentielles de 2018. A propos de cette épineuse question, notre journal est allé à la rencontre de Monsieur William Edgard Onana, Président de COLOMBUS, une organisation de la société civile qui ambitionne entre autres d’organiser et de superviser les Primaires de l’opposition en novembre 2016.
Monsieur le Président, pouvez-vous nous présenter brièvement COLOMBUS?
Colombus est une association enregistrée parmi les organisations de la société civile au Cameroun. COLOMBUS a pour objectifs entre autres, le renforcement de la démocratie, la préservation des libertés individuelles et associatives, la lutte contre la corruption et la protection de l'environnement.
Quels sont vos projets et votre programme d’action dans l’immédiat ?
Compte tenue du caractère multiforme de nos ambitions, nous envisageons la mise en place de la PUCE, c'est-à-dire, une plateforme qui va organiser des élections primaires en novembre 2016 pour choisir un candidat unique de l’opposition.
Aujourd'hui, vous annoncez la tenue en Novembre 2016 des élections primaires pour le choix d'un candidat unique de l’opposition pour l'alternance en 2018. Quelles sont vos motivations? Ya t-il un calendrier ?
Notre première motivation est la consolidation de la paix sociale et la préservation des acquis. L'analyse démontre que les multiples contestations et frustrations lors des différentes consultations populaires risquent de faire dégénérer la situation lors des échéances futures dans notre pays.
Autre inquiétude, le code électoral actuel de notre pays ne consacre pas les principes de la démocratie et promeut des intérêts égoïstes et individualistes. Par exemple, le fait qu'il n'y ait pas de second tour aux élections présidentielles donne la possibilité d'élire un Président de la République avec moins de cinq pour cent des suffrages exprimés. Ceci est contraire à l'esprit même de notre Constitution qui stipule que le Président de la République incarne l'Unité nationale. Notre démarche consiste à garantir un minimum de légitimité au futur Chef de l’Etat, avec une majorité effective et absolue. Concernant le calendrier, il faut noter que tout commence en avril 2016 avec la publication de la charte des primaires et la mise en place de la haute autorité. C’est elle qui va coordonner les élections. Elle sera composée de 10 personnalités indépendantes à la probité morale établies. Avril 2016, mise en place du fichier électoral et enregistrement des candidatures. Novembre 2016, élections.
Monsieur le Président, l'organisation d'un tel évènement suppose de gros moyens financiers. Disposez-vous des ressources suffisantes pour la réalisation d'un événement d’une telle hauteur?
Il est communément admis en pays Bantu que, qui veut peut. En effet, notre première ressource est notre volonté. Cette volonté qui est aussi l'aspiration d’une bonne frange de l’opinion camerounaise. Assister à une alternance pacifique est notre souhait le plus diligent. A partir de ce moment nous sommes certains de pouvoir compter sur la participation citoyenne de beaucoup de compatriotes pour la réussite de notre initiative. Le peuple camerounais a toujours manifesté sa solidarité pour les causes nationales nobles. On l'a vu avec « l’opération coup de cœur » en faveur des Lions indomptables lors de la coupe du monde de 1994,on l'a encore vu récemment à travers la mobilisation des aides aux forces de défense dans la lutte contre Boko Haram. Autre chose, nous allons nous appuyer sur les organismes internationaux et dans une certaine mesure sur les pouvoirs publics pour un bon déroulement de ces opérations. De toutes les façons la réussite de cet évènement va accroître la crédibilité de notre pays au plan mondial.
Il y a toujours eu des tentatives d'unification de l'opposition sans succès. En quoi est-ce que votre plateforme va-t-elle se différencier des autres?
La principale innovation ici se situe au niveau du mode de désignation du candidat unique qui, pour la première fois va se déplacer des salons huppés pour l'ensemble du territoire. Plus concrètement, le candidat unique sera désigné à l'issue d'une élection nationale et transparente. Oublié donc, le mode de désignation sur des critères arbitraires, fragiles et discutables, telle que cela se passait dans les salles de conférence des hôtels. Cette fois, le nom du candidat unique sortira des urnes. La deuxième innovation est l'élaboration d'une charte des primaires et la signature par chaque candidat qui marque son adhésion et son engagement sur l'honneur de respecter les principes de la charte. Enfin, le caractère attractif de cette plateforme dans laquelle chaque parti va réellement se sentir intégré, et toutes les parties impliquées. Soulignons aussi que ces élections seront les premières élections libres et transparentes du Cameroun indépendant, et que les résultats serviront de base de travail pour l’élaboration des listes de candidatures pour les sénatoriales, les municipales et les législatives. Ces mêmes élections primaires serviront de guide dans la formation du gouvernement d'union nationale et consacreront le principe de la parité femme-homme.
comment compter vous faire pour rallier les leaders des partis d'opposition à votre noble démarche?
Comme je l’ai dit tantôt, nous allons rendre la plateforme très attractive et intéressante pour les formations politiques. Premièrement les conditions de choix sont démocratiques et universellement admises: les élections au suffrage direct. Ensuite la nécessité d'un front unique comme seul gage de réussite n'est plus à démontrer. Enfin les multiples implications positives à savoir des meilleurs résultats aux différentes échéances électorales comme les Municipales, les Sénatoriales, les Régionales et les législatives grâce à cette dynamique d'union. Par ailleurs, une des clauses de la charte sera la formation d'un gouvernement de coalition qui sera le reflet du résultat par chaque parti lors de ces primaires. Mais en réalité, plus que les leaders des partis d'opposition, c'est un maximum d'électeurs que nous comptons sensibiliser. Le moment venu, aucun leader sérieux ne pourra se passer d'un potentiel électoral aussi immense qui sera incontestablement la véritable autoroute qui mènera au palais d'Etoudi.<
Monsieur le Président, tout en vous souhaitant bonne chance, nous vous laissons le soin de dire le mot de la fin... COLOMBUS à travers la voix de son modeste président invite tous les citoyens camerounais, épris de paix et soucieux de l'Unité nationale à adhérer massivement à la PUCE, c'est-à-dire, la Plateforme Unitaire pour un Cameroun Emergent. La PUCE devra se retrouver désormais dans toutes les oreilles et pour cela nous sollicitons le soutien des médias, des leaders d'opinion des partis politiques, de la communauté internationale et des grands pays exportateurs de démocratie, pour l'avènement d'un Cameroun nouveau que tous les nationalistes appellent de tous leurs vœux. COLOMBUS profite aussi de cette occasion pour souhaiter au Président de la République et à tout le Peuple Camerounais, une Bonne et Heureuse année 2016 dans la Paix et la cohésion Nationale.